MERCURE S’EMBALLE….
Par JC BAERT
Apparitions quotidiennes de nouveaux médias, réseaux dits sociaux, nouveaux programmes de télévision, imageries et téléphones mobiles, numérisations administratives, e-commerce, télémédecine, transports autonomes, monnaie virtuelle, les innovations en matière de mariage de l’informatique et des télécommunications foisonnent et se succèdent sur toute la planète à la vitesse de la lumière au grand bonheur des pourvoyeurs d’utopies cognitives que consacrent les dangers de la communication saturante.
Comment en sommes-nous arrivés là pourrait être une piste exploratoire pour comprendre une grande partie des déceptions, frustrations, révoltes des peuples, mais aussi des oukases et trahisons politiques que les démocraties même les plus abouties semblent vouloir ignorer.
Selon les historiens ,Mercure, était le messager des Dieux, chargé de transmettre les nouvelles mais aussi le dieu du commerce, des voleurs, des voyages et messager des autres dieux et dans la mythologie romaine, était assimilé à l’Hermès grec. Son nom est lié au mot latin merx (fr. : marchandise), mercari (fr. : commercer), et merces (fr. : salaire). Mercure dieu du commerce, en particulier du commerce des grains, aurait-il sombré sous le poids des ans et des technologies envahissantes ,pour nous offrir aux mains des élites politicardes, du mimétisme, de la gesticulation intellectuelle, des postures, du langage abscons ,lesquels, pour une grande majorité, vivent au-dessus des contingences et des vicissitudes de leurs semblables tout en feignant de partager une part de leurs désirs ,de leurs émotions, sur fond d’arrangements et de privilèges cachés et nourris au sein du « Moidabord ».
Mercure n’en a pourtant point perdu de son importance et nonobstant son âge et sa disparition de la mémoire des plus habiles à être vus et reconnus par des millions numériquement branchés alors même qu’ils n’en connaissent qu’une infime poignée ; Mercure persiste à nous donner la température d’un monde qui évolue vers l’abime des peuples intoxiqués par de la communication sans âme humaine, dépourvue de perspectives sociétales franchement positives.
Imaginez-vous qu’à ce jour le médecin ou le chirurgien ne vous touchera plus et que votre sort d’humanité en sera remis entre les mains de robots doués d’une intelligence artificielle incroyable que Jupiter ou Zeus n’auraient pas été capables d’appréhender malgré tous leurs talents et la supervision en ligne de Mercure ?
Imaginez-vous faire alors que vous n’existez déjà plus sous l’emprise des moteurs de recherche lesquels à vitesse supersonique vous ont à vitesse grand V mis de côté dans la case « inconnu » ?
Ne serait-il pas grand temps que nous quittions la planète des singes pour nous ouvrir en créatures capables de produire des idées et des faits qui servent aussi aux autres, au plus grand nombre ?
Monde d’aujourd’hui, déjà monde de demain, royaume de l’éphémère, notre société, en ce début de troisième millénaire, entre dans une ère de changements profonds et tente vaille que vaille de survivre dans l’œil d’un cyclone géo-socio-politico-économique, qui n’a pas encore délivré ses modèles comportementaux. Alors que l’on assiste à une accélération sans précédent de tous les processus, y compris politiques et socio-économiques. Face à ces transformations profondes d’une société et de ses valeurs, les individus, comme les états et les gouvernements qui les représentent, éprouvent de réelles difficultés à s’adapter et, certains, sous le choc, finissent « par perdre les pédales » et ne peuvent éviter la catastrophe.
Le nuage de l’inconscience a ainsi recouvert notre terre de France. Coïncidence fâcheuse de catastrophes en tous genres vis à vis desquelles nous ne savons toujours pas prévenir les crises qui en découlent. L’importance des enjeux économiques planétaires de plus en plus dépendants de la bonne marche des systèmes informatiques, confusion entre une nuit ou une année pour une majorité d’entre nous plus enclin à faire la fête qu’à guérir la souffrance qui ne cesse d’envahir la planète, désir exacerbé de certains de profiter du malheur des autres, nourrissent ainsi la surabondance d’informations catastrophiques.
Ce phénomène de cristallisation des pathologies mentales sur des événements d’actualité n’est pas rare. Cette peur trop médiatique, au dire même de Jean DELUMEAU, professeur honoraire au Collège de France, frappe ainsi les esprits les plus faibles et nous replonge dans le climat extrêmement négatif d’une époque médiévale révolue. Toujours est-il que notre horloge humaine s’est particulièrement attachée à notre mémoire par des images qui demeureront indélébiles, notamment chez les plus jeunes et ne nous prédispose pas à croire au paradis sur terre.
Ainsi, en cette période riche en événements dramatiques, le danger de la perversion de l’esprit et de l’imagination par petit écran interposé met ainsi en lumière le délicat problème posé par l’usage de l’image. Parce qu’elle s’adresse d’abord à l’imagination de tout être humain qui la regarde, par la répétition de la sensation, du sensationnel, l’émotion qui l’accompagne, par le conditionnement de notre cerveau cognitif, la télévision va endormir notre attention trop sollicitée et détruire nos capacités à percevoir le réel. Attention, nos neurones sont en danger !
Au-delà de cette mise en garde, la question essentielle qui conditionne étroitement notre propre existence face aux nouvelles crises nous est à nouveau posée de savoir si nous savons encore exprimer nos potentiels, nos talents, nos désirs, si nous savons demander, si nous savons être ! Si nous examinons ce monde rationnel où toute chose s’analyse et s’éclaire sous le regard de l’évidence scientifique et technique, force est de constater que ce monde cyberbranché sollicite de plus en plus difficilement ces parts de nous-mêmes forgées au long de nos études, de nos expériences et de nos vies quotidiennes. Codes sociaux, rites, protocoles, pactes, traités, fêtes et modes, signes humains en tous genres, nous échappent pour que nous puissions leur donner un sens. Le langage lui-même ne cesse de nous étonner à défaut de nous enrichir. Chaque jour passé est alors une nouvelle épreuve d’éclipse, d’obscurité, d’interrogation, et, sous la force de l’habitude nous rend un peu plus incapables de décrypter avec clarté ce qui nous apparaissait dans l’instant pouvoir être parfaitement compris.
Nous sommes donc dans une situation inédite, puisque tout change, sans grande vision de l’avenir où la production de biens, de richesses ou de services, qui serait dictée par quelques-uns politiquement placés par les votes de citoyens, (de moins en moins nombreux à se presser devant les urnes), sur des orbites idéologiques fondamentalement destructeurs ?
Mais où serait-donc passé le dieu du commerce et de la communication à l’heure du tout numérique, où la communication saturante de bon nombre de Présidents élus, ou de responsables politiques, se heurte à l’épreuve du « on verra bien ce qu’il en résultera » ?
La sécurité numérique constitue un enjeu majeur pour les organisations, processus métiers et systèmes d’information qui les portent, dans un contexte où la menace et les modes d’attaques évoluent constamment, exploitant de façon sophistiquée des vulnérabilités informatiques, organisationnelles, cognitives et physiques présentes nativement ou structurellement dans les systèmes eux-mêmes et au sein de leurs écosystèmes. Les risques numériques, relevant de la cybersécurité, sont d’autre part largement accrus par la dématérialisation et l’interconnexion des processus métiers et du patrimoine informationnel au sein des organismes privés ou publics, quelle que soit leur nature ou leur taille. De plus en plus de projets prônés par les travaux d’instances inter gouvernementales, sont développés selon une démarche Agile que Mercure n’aurait pas reniée.
Mais cette démarche est-elle déclinée auprès du grand public, de chacun, chacune à son niveau pour nous éviter de sauter dans le vide tels les moutons euphoriques dépeints par Boris CYRULNIK. (Éthologue et Psychiatre) ?
Les conséquences de l’information saturante en politique sont catastrophiques et pourtant chaque politicard dans le monde entier s’applique à entretenir le système de la saturation des médias par un pilonnage en règle d’informations spectacles, de diffusion de directives sans cesse renouvelées, de publications « biaisées » lesquelles à défaut d’éclairages du fond des solutions de progrès réel et sérieux, donnent la préférence à la mise en scène, à la qualité des images et du son de tel ou telle intervenant(e) et en seront l’objectif prioritaire.
Et maintenant, que faire puisque Mercure n’’a semble-il plus le contrôle de la situation de milliards d’humains sur cette planète devenue folle au rythme de la vitesse de la lumière ?
La société numérique qui s’annonce est grosse d’enjeux décisifs puisque c’est un secteur largement contrôlé par des monopoles privés étatsuniens issus du capitalisme californien de la Silicon valley et l’idéologie techno-libertariennne qu’elle diffuse par les informations obtenues par notre comportement en surfant sur Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft dits GAFA.
Il en va de notre liberté individuelle et collective qui pourrait être encore plus mise en question qu’elle ne l’est déjà maintenant.