Sur les ruines de la politique française
par Maxime Tandonnet
Laurent Wauquiez, président des Républicains, fait la une de l’actualité après avoir été enregistré devant des étudiants de l’école de Management de Lyon, tenant des propos explosifs, qui mettent en cause à la fois Nicolas Sarkozy, M. Darmanin et le président Macron. L’incident, fortement médiatisé, intervenait à la suite d’une « émission politique » réussie et d’une série de sondages révélant un début de percée dans l’opinion notamment chez les sympathisants Républicains.
Ces paroles ont déclenché une avalanche de critiques dans la classe politique et un lynchage médiatique en bonne et due forme. Les « porte-flingue » du pouvoir n’ont pas raté l’occasion de se déchaîner contre Wauquiez ; mais plus encore, ses concurrents de droite lui ont assené des coups d’une rare férocité, qui en disent long sur le degré de haine et de jalousie atteint dans les rangs de la droite modérée. Trois jours plus tard, la déferlante haineuse bat son plein, dans des conditions dignes de n’importe quelle société totalitaire.
Wauquiez est accusé de révéler, par ces attaques personnelles, un tempérament agressif et exagérément carriériste, prêt à n’importe quelle bassesse pour parvenir à ses fins. Il est suspecté de « trumpisme », c’est-à-dire de chercher le scandale pour faire parler de lui à tout prix. La plupart des commentateurs voient dans ces faits un revers décisif, censé compromettre la suite de sa carrière.
Sur la forme, il n’est pourtant pas le premier à s’être fait piéger par un enregistrement. Manuel Valls, Nicolas Sarkozy, Brice Hortefeux, M. Macron lui-même, ont connu de telles mésaventures. Dans un univers sans foi ni loi, chaotique, privé des repères de l’honneur et de la morale, la légèreté dont il semble avoir fait preuve est difficilement compréhensible pour un homme politique expérimenté. Quant à la suspicion d’avoir lâché ces propos en pleine conscience qu’ils seraient diffusés, elle paraît totalement déplacée : pourquoi dès lors tenir de telles paroles sur Nicolas Sarkozy dont il a dû s’excuser ?
En vérité, plus que la maladresse de Laurent Wauquiez, l’exploitation qui en est faite est le reflet d’une nouvelle phase de déliquescence de la vie politique française dont la décomposition s’accélère. Cet événement et les proportions absurdes qu’il a prises reflètent la faillite générale d’un monde politico-médiatique obnubilé par le cirque politicien.
De sinistres craquements menacent tout l’édifice. Les déboires de M. Wauquiez vont de pair avec la vertigineuse chute de la popularité présidentielle (35% de satisfaits – Ipsos), malgré une conjoncture internationale plutôt favorable, signant l’échec d’une conception de la politique axée, de quinquennat en quinquennat, sur le culte de l’image personnelle et l’obsession de la communication. Le pouvoir en place, déchiré entre ses contradictions -vernis droitier et quintessence d’une politique socialiste de matraquage fiscal, contraintes économiques, hausse de l’immigration, déclin de l’autorité de l’État, nivellement scolaire par le bas – est condamné à un dramatique échec. La gauche socialiste et communiste n’en finit pas de se désintégrer. Au Front national le syndrome du « changement de nom » est celui d’un parti aux abois et entraîné comme les autres dans une grande vague de néant. Un an après la déflagration de 2017, la vie politique française poursuit son effondrement. Il n’en reste qu’un tas de ruines et pour l’instant, aucun signe de redressement possible.
Elle n’est plus qu’anecdotes, polémiques, coups médiatiques, guerres des ego narcissiques, obsession carriériste, culte des sondages. Dévoyée, détournée de ses objectifs, la politique française, comme un vaisseau fantôme, ne cesse de s’éloigner du débat d’idées et de la notion d’intérêt général. Les questions thématiques n’existent qu’à travers les annonces factices et bruyantes et les calculs démagogiques par exemple sur le « service universel ». Les grandes questions vitales pour l’intérêt de la nation paraissent définitivement enterrées : le renouveau de la démocratie, la refondation de l’Europe, la crise migratoire européenne, la lutte contre la fragmentation de la France et le communautarisme, la restauration de l’autorité de l’État contre la violence galopante, la compétitivité industrielle, le rétablissement de l’intelligence collective par l’école…
83% des Français ont une vision négative de la politique (cevipof janvier 2018) et l’abstentionnisme bat tous les records (80% aux législatives partielles). Le dernier psychodrame autour de M. Wauquiez n’est pas de nature à réconcilier les Français avec la politique. La décomposition de la politique française se poursuivra tant que les questions de personnes et les intérêts particuliers, matériels et de vanité, l’emporteront sur les enjeux fondamentaux de la démocratie et le bien commun du pays. Jusqu’où la chute peut-elle perdurer ? Dans l’état de déconnexion qui caractérise la classe dirigeante ou influente, on ne voit hélas guère aujourd’hui qu’une grave crise de société ou internationale pour entraîner une prise de conscience.
Maxime TANDONNET
Bertrand a déjà rejoint Macron si ce n’est entant qu’adhérent c’est en tant que soutien bienveillant. Pécresse, elle, a plus de difficultés à franchir le pas car nombre des élus de son Conseil Régional lui retireraient leur confiance et la mettraient en minorité. Mais tous les « centristes » de LR ont déjà quitté le navire avec plus ou moins d’éclats médiatiques. Et c’est une bonne chose pour ce parti qui pourra retrouver une identité. Hélas, le Président de ce Parti ne me semble pas sincère du tout. Toutefois, je souhaite me tromper.
A Romano…peut-on y voir clair au fond du trou sur l’autodestruction des politiques en marche? Apparitions quotidiennes de nouveaux médias, réseaux dits sociaux, nouveaux programmes de télévision, imageries et téléphones mobiles, numérisations administratives, e-commerce, télémédecine, transports autonomes, monnaie virtuelle, les innovations en matière de mariage de l’informatique et des télécommunications foisonnent et se succèdent sur toute la planète à la vitesse de la lumière au grand bonheur des pourvoyeurs d’utopies cognitives que consacrent les dangers de la communication saturante.
Comment en sommes-nous arrivés là pourrait être une piste exploratoire pour comprendre une grande partie des déceptions, frustrations, révoltes des peuples, mais aussi des oukases et trahisons politiques que les démocraties même les plus abouties semblent vouloir ignorer.
Selon les historiens ,Mercure, était le messager des Dieux, chargé de transmettre les nouvelles mais aussi le dieu du commerce, des voleurs, des voyages et messager des autres dieux et dans la mythologie romaine, était assimilé à l’Hermès grec. Son nom est lié au mot latin merx (fr. : marchandise), mercari (fr. : commercer), et merces (fr. : salaire). Mercure dieu du commerce, en particulier du commerce des grains, aurait-il sombré sous le poids des ans et des technologies envahissantes ,pour nous offrir aux mains des élites politicardes, du mimétisme, de la gesticulation intellectuelle, des postures, du langage abscons ,lesquels, pour une grande majorité, vivent au-dessus des contingences et des vicissitudes de leurs semblables tout en feignant de partager une part de leurs désirs ,de leurs émotions, sur fond d’arrangements et de privilèges cachés et nourris au sein du « Moidabord ». A coup sûr « le chérubin du palais » et ses sbires ne nous sortiront pas du trou que vous observez !by BAERTJC
@ Edmond Romano,
Je voulais parler des LR qui n’ont pas encore rejoint Macron comme Xavier Bertrand et Valérie Pécresse parce que Macron fait la politique économique que les LR ont toujours voulu faire sans parfois oser.
Baertjc,
nous avons atteint le fond du trou et l’avons même transpercé avec l’élection de Macron et de sa bande de rigolos.
L’homme au parka rouge fait plus pitié qu’envie….car à la ruine de la politique incarnée par tous les politicards trans courants gauche droite en même temps » celles et ceux qui auraient eu envie d’un peu plus de sérieux dans le comportement des ces élites « foire du trône » se demandent si le fond du trou de la politique à la française est pour bientôt !!!!
Bien commun du pays, parlons-en !
Et le peuple dans tout ça ? Quasiment au même moment où le chef des républicains provoque les polémiques après ses propos tenus à l’EM de Lyon, nous apprenons au second plan de l’actualité, un enjeu bien plus grave qui se joue actuellement et qui concerne la santé publique et l’environnement.
Rappelez-vous du slogan « manger cinq fruits et légumes par jour » associant en 2001 le gouvernement français et l’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail.
Quoi de neuf depuis ?
Rien ? Si ce n’est que les contaminations se développent chaque jour sciemment par les pesticides et autres substances chimiques soit directement soit indirectement au travers de notre alimentation, à des doses dont certaines dépassent les doses maximales autorisées.
Il y a mise en danger d’autrui tous les jours dans ce pays et ça ne bouge pas. Qu’on ne trouve plus d’excuses. Voilà plus de 17 ans après ce slogan que des contaminés sont condamnés et que d’autres victimes suivront elles aussi dans la charrette des condamnés à mort.
N’est-ce pas plutôt cela le véritable scandale ? N’est-ce pas un enjeu fondamental au moment où les cas de cancer sont en constante augmentation ? Une nouvelle en chasse une autre, on verra demain et puis on oublie ! Non ! Tout de suite !!!! Il faut s’attaquer aux vrais enjeux fondamentaux de ce pays sans attendre ! Le reste n’est que pipi de chat !
A quoi servent nos Hulot, Bazin, Pénicaud, Travert à l’approche de l’ouverture du salon de l’agriculture ce mois-ci ?
y-a-t-il un coordinateur au sommet du pouvoir pour la sécurité sanitaire prêt à faire le grand ménage ?
HONTE à l’inaction et au laisser-faire dans ce pays ! Cette insouciance est criminelle ! Des responsables jamais coupables comme d’habitude, plus attirés par leurs comptes en banque que par l’intérêt du pays ! Il faut que ça saute au milieu de ce tas de ruines !
René floureux 21.2.2018
Cording: la partie de LR tentée de rejoindre Macron à déjà franchi le pas et se retrouvera en soutien à la liste euro béate de Macron et ses alliés. Le ménage est en train de se faire.
Je suis loin d’être un fervent adepte de Laurent Wauquiez et je me suis détaché de LA parti auquel (sous différents noms) j’ai adhéré durant 44 ans. Toutefois, la fureur médiatique à laquelle nous assistons me choque. Il semble que les médias fassent tout pour qu’aucune opposition à Jupiter ne puisse voir le jour. Quant aux membres du Gouvernement qui dénonce un manque de « fidélité politique » faut-il leur rappeler qu’ils siègent dans un gouvernement dont plusieurs membres ont trahi leur électorat?
Je ne pense pas du tout qu’il s’agisse d’une maladresse de Laurent Wauquiez mais d’une tactique délibérée pour se démarquer du consensus mou qui sévit dans la « gauche » et dans la « droite » ralliées officiellement ou pas à Macron comme Xavier Bertrand et Valérie Pécresse. En fait il s’agit d’une étape du processus de décomposition et recomposition du paysage politique opéré par l’élection de Macron. Ce qui compte pour Wauquiez ce n’est pas le tribunal médiatique mais la reconquête d’un électorat de droite radicalisée tentée ou votant pour le FN. D’ailleurs Macron lance des signaux à une partie des LR tentés par Macron dans le cadre de la prochaine élection européenne de 2019 où Wauquiez devra faire le grand écart entre ses convictions européennes et l’euroscepticisme de l’électorat qu’il drague. Donc encore 15 mois sans élections en attendant de voir la suite ….