Anticor, l’association qui veut vacciner les politiques contre la corruption

La structure transpartisane, qui vise à restaurer la confiance entre citoyens et élus, vient de relancer l’affaire Richard Ferrand en portant plainte.

 

Derrière une appellation qui hésite avec la pharmacopée du pédicure se distingue une redoutable association loi de 1901, d’une efficacité sans pareille quand il s’agit de traquer le personnel politique qui parvient à se faufiler entre certaines mailles un peu lâches de notre justice nationale. Très présente dans l’actualité, Anticor, pour anticorruption, vient de relancer, en portant plainte, le dossier Richard Ferrand – prise illégale d’intérêts dans l’affaire des Mutuelles de Bretagne – après son classement sans suite par le parquet de Brest.

Un juge d’instruction va désormais enquêter et ça ne devrait pas trop rigoler pour l’ancien ministre du président Macron, aujourd’hui à la tête des députés La République en marche. « Sur l’affaire Ferrand, on nous accuse d’acharnement, mais il mérite un procès. Les faits sont plus que troublants », assume Jean-Christophe Picard, le président d’Anticor, qui n’a rien à voir avec Batman puisqu’il habite Nice, qu’il est attaché territorial et fut membre du Parti radical de gauche.

« Si on ne porte pas plainte, il ne se passe rien »

Idem sur l’affaire Mathieu Gallet. Le président de Radio France vient d’être condamné à un an d’emprisonnement avec sursis et 20 000 euros d’amende pour délit de favoritisme lors de la passation de marchés publics quand il dirigeait l’INA. Le Canard enchaîné avait allumé la mèche en mai 2015, mais, comme les autorités judiciaires compétentes faisaient preuve d’une certaine inertie, Anticor s’y était substitué. « Si on ne porte pas plainte, il ne se passe rien, insiste Picard. Prenez l’Institut de France [qui abrite notamment l’Académie française]. La Cour des comptes a rendu en 2015 un troisième rapport accablant sur la gestion de 2005 à 2013. Son ancien dirigeant disposait de cinq logements de fonction ! Et il ne s’est rien passé. C’est dommage, on ne peut plus intervenir, il y a prescription. »

Source : Le Monde

12 commentaires sur Anticor, l’association qui veut vacciner les politiques contre la corruption

  1. @ Gladieu pour l’apaiser partiellement sur ses doutes

    Si les pouvoirs publics ne sont pas efficaces, alors aux citoyens de montrer leur efficacité.
    Ensuite, pour pouvoir faire normalement son travail faut-il encore que la justice soit saisie.
    A propos d’Anticor d’abord :
    L’association est agréée par le Ministère de la Justice en vue de l’exercice des droits de la partie civile : (arrêté du Ministère de la Justice 19.2.2015)
    (…) « Considérant qu’aux termes de ses statuts du 25 avril 2003 l’association a pour objet de promouvoir et mener des actions de tous ordres en vue de réhabiliter la démocratie représentative, de promouvoir l’honnêteté en politique et de lutter contre la corruption… L’association Anticor,…est agréée
    Sur son action :
    « Avec les lanceurs d’alertes, Anticor s’implique dans des affaires judiciaires importantes en signalant au parquet des faits susceptibles de recevoir une qualification pénale. »
    J’ajoute une règle générale celle de l’article 40 du Code de Procédure Pénale :
    « Le procureur de la République reçoit les plaintes et les dénonciations et apprécie la suite à leur donner conformément aux dispositions de l’article 40-1. « Toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l’exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d’un crime ou d’un délit est tenu d’en donner avis sans délai au procureur de la République et de transmettre à ce magistrat tous les renseignements, procès-verbaux et actes qui y sont relatifs ».
    Rf 8.2.2018

  2. Jean-Dominique Gladieu // 6 février 2018 à 12 h 04 min //

    Au-delà de la faiblesse humaine susceptible de faire plonger dans la corruption tout individu fut-il lui même vertueux membre d’une tout aussi vertueuse association anti-corruption, l’existence d’Anticor ne pose-t-elle pas la question de l’efficacité des pouvoirs publics en la matière ? En effet, si la justice fait normalement son travail, une structure comme Anticor n’a aucune utilité.

  3. …ne nous soumettaient pas à la tentation

    S’il existait une parade médicamenteuse contre les corrompus, cela se saurait.
    Les essais en laboratoire et les thérapies cliniques ciblées ne sont pas pour demain manifestement, pas même la mise sur le marché d’un vaccin susceptible de fabriquer des anticorps capables de lutter contre la grande et la petite corruption, y compris chez nos voisins.
    Cette mise sur le marché nécessiterait par hypothèse, une autorisation préalable qui serait très mal vécue pour certains qui y verraient une façon de tuer la poule aux œufs d’or.
    Autant dire qu’au rythme actuel de la propagation de l’épidémie, la pandémie s’installera confortablement et durablement.
    Pour tenter d’éviter le pire et compte tenu de l’absence de places suffisantes dans des lieux d’isolement adaptés, faudrait-il encore que la puissance publique consente à imposer nationalement, la mise sous quarantaine avec bracelet électronique, des cas douteux avant toute nouvelle sortie autorisée du domicile, voire entrée et sortie du territoire.
    Bénéficiant de la présomption d’innocence, corrompus et corrupteurs présumés qui s’expriment sous le feu des projecteurs, s’estiment, à les écouter, comme de pauvres victimes, si ce n’est d’un système, du moins d’une forme d’addiction à l’accumulation de richesses qui les enseveliraient malgré eux et qu’au moment des faits reprochés, elles auraient été victimes, au même titre que des joueurs invétérés, d’une altération du discernement nécessaire qui les disculperait partiellement ou totalement de toute faute.

    Que pouvons-nous faire, alors qu’il n’y a pas de traitement adapté pour des personnes qui s’estiment des malades fabriqués par la société ?
    On pourrait imaginer dans un premier temps une voix envoûtante derrière un numéro vert qui devrait être mis à leur disposition pour les soulager de la tentation.
    N’est-ce pas après tout notre société ingrate qui est responsable de ses cas cliniques car elle a le devoir de les aider à étancher leur soif d’enrichissement personnel ou celle de leurs commanditaires ? Il n’y aurait que des victimes mais jamais de coupables nommément désignés.
    Par ailleurs les corrupteurs de ce pays devraient disposer d’une liste noire des personnes vulnérables, ministres compris, qui hurlent leur souffrance comme des héroïnomanes de leur addiction aux jeux sous toutes ses formes et qui demandent à être « interdit de jeux ».
    La culpabilité les étreint. Ils promettent bien tardivement de consulter des centres de prévention qui les délivreraient du mal.

    Il est à craindre cependant pour des malades imaginaires, qu’un maigre dossier médical ne suffise pas toujours comme anticorps pour bénéficier au pire d’un sursis avec mise à l’épreuve.

    René Floureux 28.01.2018

  4. Edmond Romano // 27 janvier 2018 à 23 h 04 min //

    Masson: il y a beaucoup à dire sur le sujet! Mais soyons charitables. Beaucoup de militants associatifs sont honnêtes la grande majorité comme l’est la grande majorité des élus. Hélas quelques scandales ternissent la réputation des élus qui trouvent un grand retentissement dans la presse. mais quand un trésorier, un président d’association commet une malversation on en parle pas. C’est ainsi haro sur les élus, silence pour les autres.

  5. Ils ne sont pas obligatoirement honnêtes. Mais il y en a beaucoup qui se dévouent bénévolement dans toutes sortes de « mission ». Les associations sont nombreuses en France, notamment dans les villes,et villages. Et c’est bien.

  6. Flamant rose // 27 janvier 2018 à 15 h 57 min //

    J’ai été administrateur d’une association pendant 18 ans et j’en ai présidé le conseil d’administration pendant 8 ans. Il s’agissait d’une association pour adultes atteint du syndrome autistique. Dans le milieu associatif, il y a plusieurs notion.

    ● La plus ancienne est la notion de bien commun qui est une notion philosophique. Au Vé me siècle avant J.C Thucydide caractérisait déjà « le bien commun » sur 3 critères : il transcende les intérêts privés et n’en n’est pas la somme, il n’est pas défini par la loi ou la norme : il suppose le débat, la délibération au regard de ce qui semble juste et bien, il se fonde sur la capacité de chaque individu à discerner l’essentiel au cœur de l’important et appelle chacun à douter et à rechercher une vérité toujours en construction.

    ● La notion la plus récente dans le secteur associatif est la notion d’intérêt collectif.

    ● La notion d’intérêt général qui est aujourd’hui , on s’en rend compte, une notion en crise. Il doit avoir une gouvernance non lucrative, il doit y avoir une cohérence des statuts au regard de l’activité, la nature de cette activité doit se référer à un texte légal, la qualité de l’activité etc… »L’État n’a plus le monopole de l’intérêt général et chacun peut légitimement prendre part au bien commun  » ( Gaëlle Rault, Juris-associations 15 juin 2010).

    ● La notion d’utilité sociale est un concept plus large que l’intérêt général et elle doit également répondre à des critères : la primauté du projet sur l’activité, une réponse à des besoins sociaux qui privilégient le lien social, un mode de fonctionnement démocratique.

    Les associations participent au dialogue civil institutionnalisé et au service de l’intérêt général. » Parce qu’elles sont d’initiative privée, les associations participent au service public en devant rester parfaitement privées « ,

    La différence entre une mission de service public et l’intérêt général
    Une mission se service public relève exclusivement de la compétence de la puissance publique ( État, collectivités territoriales)

    L’intérêt général est assumé par une personne privée qui en a pris l’initiative et qui veut en garder la responsabilité. Ce qui caractérise l’intérêt général c’est donc l’initiative privée sinon, on est dans le service public.

    Pour ce qui est des dons aux associations, si je me souviens bien, ils sont tous défiscalisés à hauteur de 66 %.

  7. Je suis un élu . Pensez-vous que les militants associatifs sont obligatoirement honnêtes? Vous voulez des exemples contraires?

  8. Edmond Romano // 27 janvier 2018 à 11 h 01 min //

    Alain: oui c’est exact mais n’est-ce pas perdre de son indépendance?

  9. Sauf que toutes les associations (du moins la majorité, y compris celles qui sont politiques.) bénéficient de cette possibilité.

  10. Edmond Romano // 27 janvier 2018 à 10 h 24 min //

    Me rendant sur le site de cette association, je constate qu’il est dit que « pour garder son indépendance » cette association ne touche aucune subvention. Fort bien, toutefois en poussant plus avant je vois que les dons que l’on peut y faire sont défiscalisés. N’est ce pas une sorte de subvention indirecte?
    Les chevaliers blancs se doivent d’être blancs comme neige.

  11. HENRI Paskal // 27 janvier 2018 à 9 h 34 min //

    si nous nous comparons au pays d’Europe du Nord nous apparaissons comme un pays mafieux !si Cet organisme peut nettoyer les écuries et faire changer les mentalités c’est une bonne chose !

  12. Aie, aie, aie…..il ne faudrait pas confondre « corruption » et petits profits pour personnes bien informées ?!Les délits , quoi que l’on en dise, se caractérisent par des constats juridiquement bien posés. A force de légiférer ,tout se télescope et la confusion des genres permet aux plus habiles ou aux plus malins de surfer sur le dos des plus naïfs , des mal informés… Qui fait la Loi ? Celles et ceux qui en profiteront un jour avec leurs suppôts et autres sbires de circonstance législative….hélas sous le couvert des urnes !!!!!

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