Natacha Polony : « Les raisons de se battre et d’espérer »
La France veut croire que tout est encore possible. Certains imaginent que c’est en combattant les Cassandre qu’on évite la guerre de Troie. D’autres se détournent. D’autres, enfin, tentent de conjurer le naufrage en menant au mieux leur propre navire.
Dans le froid de cette fin décembre, le bilan de l’année qui s’achève est étrangement incertain. Car il faudrait être étonnamment dénué de sens critique pour décréter que les premiers mois de la présidence d’Emmanuel Macron sont, ou miraculeux, ou cataclysmiques.
On pourrait, bien sûr, tout oublier des tensions et des haines, des petites guerres politiciennes et des combats de nains. Oublier que le mythe de la « cinquième puissance économique mondiale » vient d’être officiellement mis à bas et que les dernières enquêtes internationales, celles menées sur les adultes comme celles qui concernent les enfants, nous dessinent un pays dont les compétences sont en chute libre.
« Il convient de rendre hommage à tous ces Français qui font tenir la France. À tous ces gens ordinaires qui font tout simplement leur devoir »
La France veut croire pourtant que tout est encore possible. Certains imaginent qu’un président qui fustige les vigies, les lanceurs d’alerte, va permettre d’inverser la tendance, et que c’est en combattant les Cassandre qu’on évite la guerre de Troie. D’autres se détournent. D’autres, enfin, tentent de conjurer le naufrage en menant au mieux leur propre navire. Et c’est à eux qu’il convient de rendre hommage. À tous ces Français qui font tenir la France. À tous ces gens ordinaires qui font tout simplement leur devoir.
Certes, des pans entiers de l’industrie française sont en déshérence. Le textile, la maroquinerie, la papeterie, la porcelaine, l’acier… éradiqués par le libre-échange et sa concurrence déloyale. Mais dans chacun de ces domaines, des héros se battent pour continuer ou recommencer à fabriquer en France, en contrant la logique du low-cost. Et de plus en plus de Français prennent conscience que c’est en choisissant des produits de qualité, « made in France », qu’ils ont une chance de lutter contre le chômage de masse dont seule une renaissance industrielle peut nous sauver, après des années de fantasmes des élites sur la « société de services » et les « entreprises sans usines ». Des entrepreneurs se battent, des artisans forment des apprentis, dont certains sont à la fois nourris de conscience professionnelle et soucieux d’excellence.
Certes, il ne reste que 320.000 paysans, dans un état de souffrance avancée. Mais là encore, certains recréent des filières courtes, s’affranchissent de la grande distribution, inventent de nouvelles manières de valoriser leurs produits. Surtout, une loi est toujours en vigueur : la loi d’agroécologie, seule véritable pépite dans le bilan consternant du précédent quinquennat. Une loi qui aide les paysans à travailler sur des méthodes mariant écologie et rentabilité, des méthodes qui sont la seule bonne solution pour se passer de ce glyphosate dont la FNSEA prétend qu’on ne lui trouve pas de substitut.
Certes, les États généraux de l’alimentation ne sont qu’une pantalonnade dont Nicolas Hulot lui-même a refusé de cautionner les conclusions, faites de poncifs et de faux semblants. Mais le fait même qu’il existe des États généraux de l’alimentation prouve que la prise de conscience s’est faite, et que, désormais, nul, parmi les politiques, ne pourra faire semblant d’ignorer que ce dont les Français se nourrissent détermine leur santé – dans un monde où l’imposition du modèle alimentaire américain a fait exploser le diabète et l’obésité sur notre planète -, la survie de leurs paysans, la qualité de leurs sols et la perpétuation d’une nature dont 80 % des insectes ont déjà disparu.
« Ceux qui décident de ne pas s’extasier devant les quelques annonces mirobolantes vendues par les armées de communicants du pouvoir ne sont pas forcément des esprits chagrins »
Certes, l’école française échoue à enseigner le déchiffrage et la compréhension de textes simples à des enfants, même de milieu favorisé. Elle a rompu avec l’excellence mathématique qui formait les capacités de raisonnement de ses enfants et préparait les futurs ingénieurs et mathématiciens qui ont fait sa renommée. Mais le nouveau ministre a ébranlé, pour la première fois depuis trente ans, la forteresse érigée Rue de Grenelle par ces Diafoirus persuadés de leur droit à utiliser les enfants pour cobayes.
C’est de là que viendra la renaissance. C’est là que se nichent les forces vives qui font que ce pays ce qu’il est, malgré des décennies de crise morale et d’errance des élites, obnubilées par le nettoyage des vieux restes de spécificités françaises et l’adaptation au modèle néolibéral.
Ceux qui décident de ne pas s’extasier devant les quelques annonces mirobolantes vendues par les armées de communicants du pouvoir ne sont pas forcément des esprits chagrins. Refuser le discours niaiseux sur la « start-up nation » et les tours de prestidigitateur chargés de faire passer les échecs, renégociation de la directive travailleurs détachés, glyphosate, lutte contre les paradis fiscaux en Union européenne, pour de formidables victoires, ce n’est pas se complaire dans les passions tristes. Ce non est un oui. Un immense oui à tous ces Français qui, modestement, font perdurer une industrie, une agriculture, un artisanat, des savoir-faire, à tous ces professeurs qui réfléchissent à des méthodes efficaces, à tous ces jeunes gens prêts à se dépasser. La modeste armée des combattants pour la France.
Natacha Polony
La renaissance sur une balançoire
Il y a mille raisons de se battre et d’espérer depuis la nuit des temps et sur tous les continents, atteignables parfois grâce à un improbable isthme permettant d’échapper à un milieu hostile.
L’une des premières raisons des luttes menées depuis les premiers hominidés est l’instinct de survie. Il reste le premier moteur de nos actions pour s’assurer l’indispensable comme se nourrir, se loger, se chauffer.
Combien de naissances et de renaissances à travers les différents âges depuis la découverte fortuite du feu venu du ciel. Combien de pertes humaines aussi après l’âge du bronze et du fer bien avant qu’une Renaissance prenne ses racines à Florence.
Se battre ou battre en retraite, utiliser au maximum de leur capacité ses cinq sens, agir d’instinct, c’était le rythme quotidien pour survivre comme aujourd’hui pour les trappeurs dans le Nord canadien ou pour nos SDF abrités sous des montages cartonnés. Des façons de se détourner de notre civilisation qui fabrique ses exclus, ou pour mener sa propre embarcation.
Sous d’autres latitudes, combien de progrès scientifiques menés pour le bien de l’humanité mais combien aussi de reculs par l’utilisation savantes de formules dans les domaines de la physique, de la chimie, des mathématiques, d’une industrialisation à outrance aux moindres coûts qui dépassent le simple objectif du progrès humain mais qui détruisent au final l’homme et son environnement, un pays, un continent, non sans une arrière-pensée de domination et d’exploitation sans pour autant favoriser le bonheur des autochtones et ce malgré la conquête lunaire avec cette phrase prononcée et traduite par « un petit pas pour un homme, mais un bon de géant pour l’ humanité» il y a près d’un demi- siècle.
Bien sûr que la France tout comme d’autres pays veulent croire que tout est encore possible pour un avenir toujours meilleur et non pour le pire grâce à tous ces jeunes assis sur les bancs de l’école prêts à se dépasser mais d’où naîtra peut-être un jour un de ces fous mégalomanes prêt à tout faire sauter et à qui un Etat dans l’Etat lui fournira un pactole confortable à vie pour poursuivre ses recherches avec l’appui d’une logistique conséquente. Mais gare à lui s’il change de camp par idéologie ou vénalité en transférant des technologies ou des découvertes majeures.
L’ école n’inculque pas forcément les notions de devoir, d’éthique, de responsabilité, de morale qui se confondent en fonction des finalités recherchées par les orienteurs et les décideurs de la politique d’éducation nationale avant qu’elles ne soient celles recherchées par les élèves dont 100 000 quittent le système scolaire sans diplôme chaque année. Pourtant chacun d’eux doit trouver sa place dans la société pour assurer les nouveaux bourgeons en plein devenir et non pas pour engendrer le cataclysme qui est à toujours à craindre mais qui fort heureusement n’est jamais certain.
L’année 2018 sera-t-elle synonyme de renaissance ? Les sceptiques attendent de voir et vous souhaitent néanmoins une bonne année malgré les incertitudes.
René Floureux 2.1.2018
Ne regardons pas dans les rétros! coalisons tous les Gaullistes, patriotes, amoureux de la France de toute obédience pour préparer la seule alternative crédible contre la disparition de la France!
Vive la France une et indivisible
Meilleurs voeux à tous! que 2018 soit l’année du renouveau!
On a raté le coche avec F. Fillon … ! Pas très optimiste … On va dégringoler … On est pas bon !! Indécrottables !!
Tout à fait en accord avec vous Natacha. J’ajouterais que l’avenir du pays est dans la vitalité, l’imagination, le courage et l’espoir de tout ces Français qui font avancer la France, pour qu’elle reste cette France que l’on aime, pour son génie, sa culture… Je souhaite que les politiques se penchent un peu plus sur ces Français et sur leurs bonnes idées, leurs innovations, leur bons sens afin de les aider, qu’ils soient agriculteurs, artisans, commerçants, chercheurs, industriels, enseignants… et les encourager au lieu de leur mettre trop souvent des bâtons dans les roues ( pour mieux satisfaire des lobbys qui les manipules )et ainsi faire fuir nos talents et décourager ceux qui restent. Puisque nos politiques souffrent de carence d’idées, qu’ils écoutent les Français qui eux n’en manquent pas et qu’ils se contentent d’orienter leur politique pour favoriser tout ces talents qui ne demande qu’à s’épanouir.
M. Bouvard, que votre commentaire est étriqué !!! Vous avez tout du « vieux laïcard » ! Apprendre NOTRE langue, comme il faut, pour structurer son esprit et à la fois réfléchir, s’exprimer et communiquer convenablement, n’a rien à voir avec une quelconque idéologie. Personnellement, j’ai eu la « double » éducation, à savoir le curé et l’instituteur de mon petit village jurassien. Eh bien, cher Monsieur Bouvard, je crois avoir été un privilégié, car ayant eu ces deux personnages comme guides (de grande qualité l’un et l’autre d’ailleurs), j’ai pu découvrir dès mon enfance ce que c’était que le juste milieu, entre « calotinerie » et « anticléricalisme primaire ». Dieu soit loué !!
Sans rancune et mes meilleurs voeux pour cette nouvelle année.
@Bouvard Claude: l’enseignement du fait athée? pouvez-vous me dire ce qu’il en est car je n’ai aucune idée de ce concept. En ce qui concerne l’enseignement que vous appelez confessionnel heureusement qu’il existe! Car ne sont pris en charge que les salaires des enseignants (qui en contre-partie sont soumis aux inspections et à l’obligation de suivre les programmes de l’éducation Nationale) ce qui soulage le budget de l’Etat. Enfin, le Concordat est un héritage historique, vous gêne-t-il à ce point?
Moi il me gêne moins que les prières de rue qui sont, elles, une véritable violation de la laïcité.
Un éloge bien venu de ceux qui font leur devoir.
Que souhaiter à madame Polony ?
Un bel avenir au service du pays ?
Pourquoi pas ? Sans rien renier de ses convictions propres, Mme Polony possède cette qualité éminente et rare : savoir les transcender. Et partant, elle est capable de parler au corps social tout entier. A la nation, prise dans sa disparité.
» Qu’est ce qu’un jour , qu’est ce qu’ un an ? » , merci et bonne année
Le ministre de l’Éducation nationale veut faire de la dictée quotidienne « une réalité » à l’école primaire
Veut-il rétablir la laïcité : Envisage t-il l’enseignement du fait athée en contrepartie du fait religieux? – Veut-il cesser de subventionner les écoles confessionnelles et abroger le Concordat religieux en Meurthe-Moselle