Hard, Soft, Smart Power et relations internationales

  • Survol exploratoire par JC BAERT

Ah qu’elle est belle cette puissance anglo-saxonne pour nous inviter à penser le futur immédiat en anglais et relayer dans nos placards la langue française !

Parler de puissance douce, voire de puissance molle, plus extravagant de puissance intelligente, serait –il du plus mauvais effet dans les salons où se trament les influences de toutes natures : influences géostratégiques, influences financières, économiques, commerciales, industrielles, socioculturelles, etc. ?

A n’en pas douter les nouvelles règles du jeu de l’utopie planétaire qui viseraient à déjouer la théorie du chaos, consécutive à l’affrontement des puissants et des faibles, par le faire croire ou l’influence, sont certainement en quête de validation d’un modèle positif qui n’a pas encore délivré ses facteurs clés de succès dans l’exercice du pouvoir en milieu international bouclé et interdépendant.

La crise économique et financière que le monde traversa en 2007 est là pour nous rappeler que vivre sous influence n’est pas obligatoirement gage de santé, d’immunité, pour affronter toutes les horreurs qui se présentent aux uns et aux autres.

Cependant ,force est bien de constater que celui, l’Etat en l’occurrence, qui a provoqué le chaos et dimensionné son ampleur, est paradoxalement celui qui dispose à nouveau de la plus grande capacité de séduction et de persuasion pour entrainer les autres Etats interdépendants à la pratique de nouvelles règles sans pour autant proférer des menaces ou faire usage de la force.

Nous sommes donc, si nous n’y prenons pas garde, entraînés, voire manipulés mentalement comme la plupart des joueurs de poker, à devoir perdre notre identité, nos repères, nos valeurs et, in fine, toute notre énergie dans l’atroce dépendance des plus vulnérables, des plus faibles, des sinistrés intellectuels du mythe de la possession, source de toutes les puissances.

Vaste dilemme que celui de chercher à tirer les dividendes d’une posture qui gagne plus à recevoir en précipitant l’autre dans la dépendance idéologique renouvelée, dans l’incertitude du devenir personnel, dans la disparition de son MOI psychologique.

Nuisance et déclin « des grandes puissances » sont ainsi à l’œuvre et alimentent cet écolo moteur de la puissance douce pour mieux dominer ce monde qui, faute de répartir équitablement ses richesses, y compris humaines, persiste à fabriquer de façon mystérieuse et incompréhensible le malheur du plus grand nombre.

Dans ces conditions, comment ne pas redouter les mécanismes qui conduisent des individus jusqu’alors réputés modérés à se radicaliser à l’instar de certains terroristes ? Comment éviter qu’une majorité devienne extrémiste au détour de modèles politiques trop éloignés de la réalité par ce que précisément hautement influencés ?

Comment, à contrario, pouvons nous agir pour qu’une opinion soit placée sous bonne influence d’une saine et juste réaction aux seuls besoins et intérêts d’une population qui aspire à la paix et à rien d’autre ?

Qu’est ce qui fera que notre discours de peuples anciens sera convaincant dans la résolution des crises et des conflits, dans l’action de reconstruction des états défaillants ?

Qu’est-ce qui fera que nationalismes, xénophobies et autres atteintes aux droits fondamentaux de l’être humain ne seront plus véhiculés par des outils d’entretien de la haine, mais, par des médias d’apaisement et de défense des valeurs communes de gens civilisés ?

Les frustrations nationalistes et la crise sociale et économique sont hélas souvent le levain d’une explosion de peuples trahis par des accords ou traités de paix qui les humilient. Lorsque de surcroît l’idéologie se mêle à l’économie comme cela apparaît aujourd’hui, que les crises identitaires et politiques se rejoignent et que les concepts de vie ou de mort s’entremêlent, on peut être certain qu’à plus ou moins long terme l’Histoire va basculer dans la violence.

Conscients de notre passé , de notre histoire d’occidentaux en marche, il n’est dès lors pas inintéressant de se poser la question de la construction ou de la reconstruction des états pour finalement définir si la paix civile se fonde sur des ruines ou dans des édifices bâtis sur des ruines ?!

C’est donc bien dans le partage de connaissances, l’analyse des modèles comportementaux, les représentations fonctionnelles actualisées de nos administrations, de notre culture, de notre environnement, de la maîtrise des technologies employées, de la  formation, du retour d’expérience, que nos  facteurs de succès nous permettront d’imaginer les ripostes adaptées aux nouvelles conflictualités, qu’il s’agisse d’un cadre local, régional,  national, européen ou international.

Plus que jamais, essayons d’être inventifs et par nécessité non-conformistes, si nous désirons réellement une défense à la mesure des enjeux d’aujourd’hui et non satisfaire à une inclinaison suicidaire d’exercice de la puissance douce ou céder à l’utopie de la puissance intelligente.

Dans cette redistribution des règles du jeu des relations internationales, face à la multitude des critères qui font que la machine à gagner sera performante, puisse la France ne pas s’en tenir à son pouvoir de séduction, mais s’affranchir de la plupart des contre-pouvoirs qui minent ses capacités à conclure positivement pour le bonheur du plus grand nombre.

JC BAERT.

2 commentaires sur Hard, Soft, Smart Power et relations internationales

  1. « L’argent, le pouvoir, le sexe, on ne sort pas de cette trilogie « , la drogue serait-elle absente de ce postulat ?

  2. Plus hard ou plus soft ?

    Une bulle spéculative, c’est comme une bulle de savon, elle enfle, enfle et enfle encore grâce aux « the invisible power » puis elle finit par éclater.
    Pas de « soft power » ni de « hard power » qui tiennent dans ce cas. C’est beaucoup plus soft encore que l’attaque du train postal Glasgow-Londres. La théorie du Smart power, ce sont les sacs de billets pour les uns tout en restant dans leur fauteuil et le chaos pour les autres dans tous les domaines, civils ou militaires.
    Après les rêves déçus, viennent alors les ripostes parfois radicales. C’est le même enchaînement perpétuel des mêmes causes produisant les mêmes effets.
    L’argent reste le nerf de la guerre. L’argent, le pouvoir, le sexe, on ne sort pas de cette trilogie. C’est ainsi que fonctionne le monde à l’issue de toutes les explorations terrestres, aériennes ou sous-marines.
    Pour pouvoir espérer modifier le cours de l’histoire, tout pays devrait d’abord pouvoir se hisser au rang de grande puissance capable de jouer un rôle sur la scène internationale.
    Mais on connaît aussi l’histoire du géant Goliath qui n’a pas triomphé face à David.
    RF 12.10.2017

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