Quand Macron salit le progressisme

Dans la guerre des mots du débat public, Emmanuel Macron vient de tenter une OPA sur le bien beau terme de progressisme en le plaçant en opposition au conservatisme. Mais il en livre une interprétation qui n’a plus le moindre rapport avec ce que ce mot porte en réalité.

Un progressisme d’oligarque schumpéterien*

Le ministre de l’économie a lancé sa nouvelle bombe dans les locaux d’un incubateur d’entreprises : « vous êtes là pour brutaliser, faire changer en profondeur des paradoxes que nous partageons entre la France et le Japon (…) on n’aime malgré tout pas celles et ceux qui réussissent trop bien, c’est assez rapidement suspect, il faut réussir mais pas trop (…) nous devons de part et d’autre prendre beaucoup de risques, et les French Tech, ce sont des pépinières de risques. Ces lieux d’innovation sont pour moi des archétypes de ce dont nos sociétés ont besoin (pour) sortir de l’atonie ». Il a poursuivi en se présentant comme un tenant du progressisme, opposé au conservatisme, appelant à un dépassement du clivage droite-gauche. Il faut dire qu’il n’est pas le seul à vouloir faire travailler le dimanche…

Le progrès façon Macron, c’est donc la brutalité schumpéterienne, les destructions d’emplois ou les baisses de salaire que provoquent ces magnifiques innovations comme Uber, laissant bien sûr au passage pour une poignée de dirigeants et les actionnaires, des profits colossaux, ces milliardaires dont il a fait des exemples pour la jeunesse sans doute. On retrouve encore une fois toute la superficialité du discours du ministre qui fait de tout ce qui est nouveau quelque chose de positif. En fait, son raisonnement n’est pas sans parenté avec celui des fanatiques religieux, tant il manque de la plus élémentaire nuance, sans compter son aspect barbare, appelant les entrepreneurs à brutaliser une société qui compte 6 millions de demandeurs d’emploi et tant de personnes en souffrance, depuis sa bulle dorée.

Le progressisme, c’est la recherche du progrès pour la société, le droit à la retraite, l’assurance-maladie, les droits du travail. Tout ce que ce ministre trop médiatisé veut déconstruire en somme, pour revenir vers une forme de loi de la jungle qui ne profiterait qu’à une infirme minorité.

Laurent Herblay
http://www.gaullistelibre.com


*(NDLR Gaullisme.fr) L’innovation est à la fois source de croissance et facteur de crise. C’est ce que Schumpeter résume par la formule « destruction créatrice »

5 commentaires sur Quand Macron salit le progressisme

  1. Consternant, mais il a quand même raflé une mise de près de 12 Millions d’Euros avec son charme diffusé à la City de Londres .
    Erreur globale de traduction des Macronades en France comme à l’étranger et comme dit le proverbe « au royaume des aveugles les borgnes sont Rois » !!!

  2. Laurent Herblay déclare à propos de l’Union Européenne :

    «Cette construction nie depuis son origine l’idée même de démocratie : elle a concentré au fil du temps le pouvoir dans les mains de technocrates non élus, gravé des règles substantielles de politique économique dans le marbre de traités sur lesquels on ne peut plus revenir.»

    Puisqu’il dit lui-même qu’on ne peut plus changer les traités, qu’a-t’il donc à faire de si important pour qu’il ne milite toujours pas pour sortir de l’UE, ce qui résoudrait les innombrables problèmes qu’il soulève sur son blog, y compris cette dernière « macronnerie » ?

  3. Macron porte un projet tout à fait euro-compatible, contrairement à nombre de leaders soit-disant euro-sceptiques ou souverainistes qui proposent de grands changements, incompatibles avec les règles de fonctionnement de l’UE, mais sans vouloir pour autant en sortir.
    Lui, au moins, ne fait pas dans la démagogie. Il annonce clairement la couleur :

    -un monde acteur et profiteur de ce qu’il nomme « progrès », confortablement installé en première classe dans le train du même nom,… et un monde paupérisé qui regarde passer ce train,… où les deuxièmes classes ne sont pas prévues !…

    Sous couvert du « dépassement du clivage droite-gauche » se cache la disparition de toute idée de gauche, surtout celles qui viseraient à protéger les plus pauvres et les plus faibles.
    Ceci est en complète opposition avec ce qui est le fondement de la république et même de la Monarchie françaises depuis le premier capétien : la solidarité nationale.

    Macron est dans la droite ligne de l’obsolescence des vielles nations, telle que prévue et tenue secrète par les concepteurs de l’Union Européenne…

  4. HENRI Paskal // 25 avril 2016 à 14 h 24 min //

    Donc le mouvement de MACRON est bien un mouvement en MARCHE ARRIERE , retour vers le XIX siècle ! cela n’avait pas échappé aux progressistes (les vrais )

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