La facture s’il vous plaît
BCE-FMI-UE : la troïka censée sauver l’Europe de la crise a-t-elle en fait surtout organisé un énorme hold-up des contribuables européens ?
La BCE, le FMI et l’Union européenne, que l’on appelle la troïka, ont refusé une restructuration immédiate de la dette grecque dès le début de la crise. Résultat de cette décision : ce sont les contribuables européens qui ont payé la facture.
Olivier Demeulenaere : Cela n’a pas empêché la crise de s’aggraver. La Grèce est toujours en faillite, sa dette publique ne cesse d’augmenter : au quatrième trimestre 2012, celle-ci s’élevait à 303,918 milliards d’euros, soit 156,9 % du PIB. Nos banques sont toujours virtuellement en faillite – même si les interventions “illimitées” de la BCE d’un côté, les fraudes et artifices comptables de l’autre permettent de le dissimuler : selon KPMG, les créances douteuses des banques européennes atteindraient 1500 milliards d’euros ! Enfin, les Etats présentés comme “solidaires” vont devoir payer la note : rien que pour la France, ses engagements aux différents fonds de sauvetage de la zone euro ont alourdi de 187 milliards d’euros son passif hors bilan… Prise dans le double piège de l’euro et du surendettement, l’Europe s’enfonce dans la dépression et le chômage de masse.
Faire défaut pour un Etat est une situation assez courante si vous observez l’Histoire ! Certes c’est douloureux, mais entre deux maux il faut choisir le moindre. D’un côté, une grosse perte de pouvoir d’achat et quelques années difficiles mais un redémarrage en général assez rapide de la croissance. De l’autre, une descente aux enfers dont on ne voit jamais la fin… Toute une génération sacrifiée.
Aurait-on pu éviter d’en venir au contribuable européen s’il y avait eu en amont une refonte du mandat de la Banque centrale européenne, notamment pour qu’elle puisse acheter directement de la dette ?
François Lenglet : Aujourd’hui, la Banque centrale européenne détient déjà une grande partie des créances de la Grèce. Mario Draghi a acheté beaucoup de dettes publiques. Lui demander de renoncer à celles-ci, c’est prendre le risque que la BCE soit sous-capitalisée et donc déclarée insolvable. Il faudrait de nouveau mobiliser les Etats et les banques centrales pour la recapitaliser.
Changer les mandats de la BCE pour lui autoriser d’acheter directement de la dette n’est de toute façon qu’une illusion. La crise dans les pays d’Europe du Sud a été créée par l’euro en ce sens où ils ont été amenés à s’endetter déraisonnablement pour compenser leur manque de compétitivité. C’est le même scénario que ceux de l’Asie du Sud-Est en 1997, de la Russie en 1998, du Mexique en 1994 ou même de l’Argentine à la fin des années 1990 : un taux de change fixe qui ne correspond pas à la compétitivité réelle du pays. Au début, les investisseurs sont rassurés jusqu’où jour où cela ne tient plus.
Changer le mandat de la BCE n’aurait donc rien changé. La Fed, la banque centrale américaine, a un mandat différent où l’emploi et la croissance sont directement pris en compte et au sein duquel elle peut acheter directement de la dette, pourtant, cela n’a en rien empêché la crise des subprimes. Les crises ne sont pas créées par les banques centrales, mais par la propension des investisseurs à s’illusionner. Qu’elle soit rouge, verte ou bleue, la banque centrale ne fera rien contre cela.
Olivier Demeulenaere : Une banque centrale est un prêteur en dernier ressort, l’ultime recours… Mais elle ne résout jamais aucun des problèmes de fond ! Pire, en créant de la fausse monnaie, en intervenant dans la durée et en provoquant des distorsions répétées du marché, elle ne fait qu’aggraver les choses. Ce n’est pas parce qu’on aurait permis à la BCE de prêter directement aux Etats que ceux-ci auraient amélioré leur situation financière. De même, ce n’est parce que la BCE a prêté plus de 1000 milliards d’euros aux banques européennes que celles-ci ont assaini leurs bilans et corrigé leurs pratiques détestables ! Bien au contraire. Il faut bien comprendre que quelqu’un finit toujours par payer les erreurs. Et je crains fort qu’in fine ce ne soient les contribuables, puisque les statuts de la BCE prévoient qu’elle doit être renflouée par les Etats.
En réalité il me semble qu’il est trop tard, il n’y a plus de vraie solution aujourd’hui. On a le choix entre la peste et le choléra : la faillite ou l’effondrement de la monnaie. C’est en 2008 que les politiques auraient dû agir, en remettant à plat l’ensemble du système financier : nettoyage et réorganisation des banques – avec une séparation claire des activités de dépôt et de spéculation – et refonte globale du système monétaire. Certains discours sont allés dans ce sens, mais ils sont, hélas, restés lettre morte.
Propos recueillis par Olivier Harmant (Atlantico)
Le G20 de la relance qui vient de se tenir conforte la fuite en avant de nos dirigeants avec regain des déficits, des dettes souveraines, recours aux emprunts d’Etat, relance du business bancaire et renchérissement de l’énergie et des matières premières.45000 milliards de US$ bien réels sont partis en fumée à la suite des subprimes US ,le record est à battre…quand….nul ne le sait mais on battra ce record car nos têtes pensantes s’y emploient avec obstination ! Le peuple, les peuples ,finiront bien tous par payer . Cela aussi est une constante , un éternel recommencement pour celles et ceux qui bâtissent des rêves et s’emploient jour après jour à refuser les échéances dramatiques au prétexte d’une idéologie politicienne !.
TIC-TAC, TIC-TAC …
Sauver les Etats de la faillite, pour lesquels il est annoncé à grands tambourinages le sommet européen de la dernière chance pour provoquer le salutaire sursaut national ô combien douloureux et finalement inefficace pour combler le tonneau sans fond des Danaïdes. Sauver coûte que coûte l’euro intouchable devenu le Saint Graal porté au firmament. Sauver l’Europe du retour des vieux démons. Sauver les banques de la faillite à l’exemple de la banque d’investissement multinationale Lehman Brothers en 9.2008 consécutivement à la crise des subprimes et pour éviter l’effet domino, ce qui est un comble. Sauver la banque centrale européenne en voulant la parer de nouveaux statuts comparables à ceux de la banque centrale américaine (FED) pour lui accorder plus de marges de manœuvre dont les effets s’annonceraient déjà trop tardifs et illusoires tant le mal des économies du vieux continent est profond.
Si encore il était possible de mesurer les effets positifs des chemins parcourus après tant d’efforts accomplis par plusieurs générations, la pilule amère passerait encore. Or on ne voit même pas le signe d’un encouragement !
Pire, la déflagration s’annonce inévitable à en croire la lecture de l’article « la facture s’il vous plaît » paru dans Atlantico. Ce ne serait plus qu’une question de temps. En dernier ressort les contribuables puis les épargnants dont les bas de laine attisent tant de convoitises, transformés en farce prête à l’emploi pour pigeons et poussins, finiront bien par payer l’addition finale d’un gros pudding concocté par nos fins alchimistes de la fine prose des traités juridiques et budgétaires, indigestes et incompréhensibles pour une majorité de profanes, écartés des hauts lieux saints des institutions européennes oints du saint- sacrement par le Saint-Esprit.
L’ultralibéralisme est à bout de course. Il déverse ses gagnants et ses perdants quand sonne la fin de la partie au moment de l’éclatement des bulles spéculatives. Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse. Se trouvent alors le bec dans l’eau, le bourgeois qui voulait bâtir comme les grands seigneurs, le petit prince qui voulait ses ambassadeurs, le marquis qui voulait ses pages. Chacun opportunément s’arc-boute sur la canne de la solidarité du plus petit dans un classement pyramidale. Chevriers et bergers grecs ou chypriotes, fourmis durant l’été quémandent à leur tour quelques grains si toutefois les banques cigales consentent encore à être prêteuses. Fichtre, quelle descente aux enfers ! Mais peut-on reprocher de vivre intensément, immédiatement, d’entreprendre, de spéculer ? N’est-ce pas après tout dans la nature humaine de faire des projets d’avenir ? Quel esprit ne bat la campagne ? Qui ne fait château en Espagne ? Et peut-on faire une omelette sans casser des œufs ? Mêmes les plus petites mains participent au grand chambardement !
Déjà la passion du jeu reprend le dessus et les cartes sont rebattues. De nouvelles hécatombes s’annoncent. Les loups ne vivent toujours pas en ermite, cela se saurait. La raison du plus fort reste toujours la meilleure dans ce jeu permanent du gagnant/perdant.
Ah malheureux grecs et chypriotes ! En toute chose il faut considérer la fin ! Apprenez que méfiance est mère de sûreté et deux sûretés valent mieux qu’une ! Ni vos plaintes qui se perdent au vent ni vos peurs ne changeront votre destin si vous ne prenez garde et dans ce cas vous serez mangé. Adieu veaux, vaches, cochons, couvées. Dans cet ouragan de déconvenues, vous, gardiens des sentiers et des paysages que vous êtes, virevolterez comme de simples fétus de paille. Parviendrez-vous encore à décharger vos chèvres de leur lait et vos moutons de leur laine ?
On voit que de tout temps les petits ont pâti des sottises des grands. L’histoire est un éternel recommencement. Que la musique tendre du film de Zorba le Grec de Mikis Théodorakis vous accompagne !
Vous avez écrit : » Il faut bien comprendre que quelqu’un finit toujours par payer les erreurs. Et je crains fort qu’in fine ce ne soient les contribuables, puisque les statuts de la BCE prévoient qu’elle doit être renflouée par les Etats. »
Oui,dans une Démocratie, le peuple finit toujours par payer ses erreurs de « casting électoral » !
Quant aux contribuables, ils sont de moins en moins nombreux à revendiquer ce statut ,en France en particulier où selon Mme Eva Joly la fraude fiscale est érigée en sport national..
Alors s’agissant de la Grèce, de Chypre, du Portugal, de l’Espagne pour commencer par ceux là, mais aussi de la France, quand l’abstention aux scrutins électoraux obtient souvent la majorité absolue, que croyez-vous qu’il s’en suive au niveau du pilotage de l’Etat ?
Le règne des minorités agissantes prend le dessus et chacun, à sa manière ,essaie de se faufiler et d’échapper à l’impôt qu’il préfère revendiquer plus fort pour celles et ceux qui s’en acquittent !
.Oui, vous avez raison, le peuple finit toujours par payer ses erreurs de casting électoral et de ce point de vue la France n’y échappera pas quoi que fassent les « vedettes » de la BCE ,du FMI ou encore de la Commission Européenne !
Mr Olivier Harmant, à quelle adresse postale puis-je vous adresser une étude sur le keynésisme ?
Pierre.Bellenger@wanadoo.fr
Le Monétarisme ne peut produire que du paupérisme, et ça se confirmr encore une fois. Mais comme personne ne se souvient que le Général avait rétabli le Keynésisme lors de la Libération,, et que plus fort encore, les lieutenants du Général se sont empressés de démolir ce système économique qui marcahit trop bien, alors il nous reste que le peste ou le choléra.
Pierre.Bellenger@wanadoo.fr
M. François Lenglet me semble bien plus lucide ( et donc nettement plus pertinent) qu’il y a trois ans lorsque la question grecque a éclaté.
Je ne l’ai pas entendu alors prôner le défaut de la Grèce ou sa sortie de l’Euro.
Proposition de définition : un expert économiste est quelqu’un qui fait de bonnes prévisions sur l’évolution d’un processus économique ou financier, singulièrement lorsque ce processus est sur le point d’être résolu.