Code de déontologie : un volet linguistique, svp !

Lettre ouverte à Monsieur le président de la République,
M. François Hollande.

  • Objet : Code de déontologie : un volet linguistique, svp !

Monsieur le Président de la République,

Vous avez fait signer récemment aux membres du gouvernement, un code de déontologie visant à ce qu’ « ils ne mélangent pas les genres et qu’ils soient exemplaires dans leur comportement (sic) ». Bravo.

Toutefois, nous avons constaté qu’il n’existait dans ce document de deux pages aucun paragraphe sur la question linguistique et nous le regrettons.

Nous le regrettons d’autant plus que, comme vous l’avez certainement remarqué, la langue anglaise prenant une place de plus en plus excessive en France, en Europe et dans le monde, un nombre croissant de nos politiciens croient bon, désormais, de s’exprimer en anglais, en notre nom, pour défendre nos intérêts. Pourtant, s’il est de l’intérêt des Anglo-Américains que le monde entier adopte leur langue comme seule langue de communication internationale, il est du nôtre d’aller contre ce diktat, en affirmant l’existence de notre langue sur le plan diplomatique et sur le plan international, et en promouvant et en développant la Francophonie institutionnelle.

Notre intérêt est celui de défendre l’exception culturelle française, et avec elle en premier lieu, notre langue. Cet acte de résistance, loin d’être un repli sur soi, sera une invitation aux cultures et aux langues du monde à mener le même combat, car la mondialisation avec une seule langue, donc avec un seul schéma mental et économique est aussi destructrice que la disparition de la biodiversité.

Cela dit, force nous a été de constater qu’au lendemain de votre élection, M. Pierre Moscovici, votre directeur de Campagne, s’est exprimé en anglais lors de la conférence de presse qu’il a donnée en direct de votre QG à Paris.

M. Moscovici sera-t-il une Mme Lagarde-bis, qui avait l’anglais facile, elle aussi, et qui a obtenu pour cela le Prix de la Carpette anglaise, un prix d’indignité linguistique ? La folie d’anglais qui a animé la plupart des membres de l’équipe Sarkozy, va-t-elle animer aussi votre équipe ?

Allez-vous être comme lui, un promoteur de la langue des « Collabos de la pub et du fric » ? (Voir article ci-après)

– Non, nous espérons que non. Alors, Monsieur le Président de la République, voudrez-vous bien adjoindre un paragraphe sur la question linguistique au code de déontologie que vous avez soumis récemment aux membres du gouvernement ?

Un paragraphe pour rappeler que si la langue française est bien la langue de la République et de la Francophonie, elle est AUSSI notre langue diplomatique et notre langue internationale.

Un paragraphe pour rappeler que ce n’est pas parce que les Anglo-Américains ne veulent qu’une seule langue internationale pour le monde qu’il faut accepter cette dictature.

Un paragraphe pour rappeler que le courage politique, c’est aussi refuser de se mettre à genoux devant la langue du plus fort du moment.

Un paragraphe pour rappeler, enfin, que les Francophones ont le devoir de se battre pour la langue française, en évitant d’abord de parler anglais – ou franglais – en France, puis de parler anglais à l’étranger dans les pays non anglophones et même d’éviter l’anglais chez les anglophones, s’il n’y a pas de réciprocité.

Pour finir, nous nous permettrons de citer une parole du philosophe et patriote québécois, Pierre Bourgault, qui ne disait pas moins :

« Lorsque nous défendons le français chez nous, ce sont toutes les langues du monde que nous défendons contre l’hégémonie d’une seule ».

En vous remerciant de votre attention et dans l’espoir que cette lettre aura su vous convaincre de l’impérieuse nécessité d’ajouter un volet linguistique au code de bonne conduite que viennent de signer les membres du gouvernement, je vous prie d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de ma très haute considération.

clip_image001Régis Ravat
Président de l’A.FR.AV
(
http://www.francophonie-avenir.com

 

« Collabos de la pub et du fric« 

  • par SERRES Michel, philosophe et académicien

L’auteur de cet article habite aux États-Unis depuis quarante ans, a enseigné sur tous les continents, a roulé sa bosse par toutes cultures, bénéficia toute sa vie des leçons d’ailleurs et d’Autrui, en mâchant le pain noir de l’exil.

Amoureux des langues, il en apprécie les musiques subtiles, s’enthousiasme devant le point de vue irremplaçable que chacun porte sur les choses du monde. Ne le soupçonnez pas d’enfermement ni de nationalisme. Pourtant, au retour de dix voyages, voici ce qu’il voit: plus de mots anglais sur les murs de nos villes ou à la une de nos journaux que de mots allemands pendant l’occupation. Si vous voyagez en train, la SNCF vous fourre dans la poche une carte S’miles, dont la plaisanterie ne fait rire aucun anglo saxophone et par laquelle la compagnie, dite française, torpille le système métrique, adopté dans les sciences, universellement, au Point que la Nasa, récemment, faillit perdre un satellite pour s’être embrouillée dans ses propres unités archaïques.

Enseignant, vous ne pouvez prétendre, en classe, que le mot relais ne s’écrit point par un y puisque, dans toutes les gares de France, s’affiche, en gros et en rouge, cette lettre. Plus de boutiques, des shops; un déluge de best of, decover, demake-up…pis : des crèmes anti-age qui révèlent la stupidité du traducteur, puisque to age signifie vieillir. En fait, ce sont des plâtras pour réparer l’irréparable vieillerie des rides.

Feuilletez maintenant l’histoire des guerres. Les vainqueurs imposent toujours leur langue aux vaincus, ce pourquoi il nous reste à peine trente mots gaulois. En Europe de l’Est, l’enseignement du russe était obligatoire. Quelle guerre nouvelle venons- nous de perdre? Qui sont donc les collabos ?

Victorieux de la lutte pour le fric, les riches cherchent à ne pas jaser de la même manière que le peuple. Avant la guerre de 14-18, 51% des Français parlaient alsacien, breton, picard ou langue d’oc : ruraux pour la plupart.

Les langues des régions de France moururent de la mort des paysans. Au Moyen Âge, les savants, les médecins, les juristes, bref, la classe dominante parlait latin. Il fallut un édit royal pour que notre langue maternelle fût usitée en public et dans les actes officiels. Nous revenons aujourd’hui à cet état de fait.

Les riches, la classe dominante, les publicitaires, ceux qui tiennent l’espace des affiches et le temps de parole éliminent le français.

Comme d’habitude, les vainqueurs cherchent à imposer leur langage. Vous souvenez-vous de la vieille pub où un chien écoutait, obéissant, assis devant une enceinte acoustique d’où sortait la Voix de son Maître?

La voix de nos maîtres, nous ne l’entendons plus que dans une autre langue. Et quel sabir ! Si vous saviez à quel point ces dominants ignorent le vrai, le bel anglais ! J’en ai honte devant mes amis d’outre- Manche ou d’outre-Atlantique. Du coup, la langue française, la mienne, que j’aime, devient celle des pauvres, des assujettis, nous, petits chiens obéissant à la pub et au fric.

Je vous invite à l’écrire et à la parler, fièrement, comme langue de la Résistance. Chaque fois que je reçois un message où l’on me demande un pitch de ma conférence à venir, je réponds aussitôt: qu’ès aco, lou pitch?

Là, le Parisien, in, est interloqué. Les savants qui inventent, qui ont parfois reçu prix Nobel ou médaille Fields, disent, unanimement : on n’invente que dans sa langue, qui délivre un point de vue inédit, je l’ai dit, sur le monde. Après, on publie les résultats de la découverte dans les revues rédigées dans le sabir commun; depuis trois mille ans, il existe, en effet, une langue de communication: normale, nécessaire, salutaire. Le patron des traducteurs qui travaillent au Conseil de l’Europe ne cesse d’affirmer que les interventions réellement originales s’y font dans les idiomes propres; l’usage ou l’obligation de ne parler que dans la langue de communication condamne chacun à ne plus penser que dans le format, dans la correction politique, dans les répétitions indéfinies de la société du spectacle. Autrement dit, devenir bourrique.

Pour défendre le Français, espèce inventive en péril, je vous propose une stratégie d’une puissance rare. Utilisez votre carte de crédit comme bulletin de vote.

N’achetez aucun produit dont la publicité ne soit pas dite en français ou dont vous ne comprenez pas le nom; n’allez pas voir de film dont le titre, sur l’affiche, ne soit pas traduit; révoltez-vous contre les nouveaux collabos, entrez dans la Résistance, faites la grève du zèle, en faveur de notre langue.

Michel SERRES
JOURNAL « Sud Ouest » du 09/05/2011

2 commentaires sur Code de déontologie : un volet linguistique, svp !

  1. M. Serres a raison. Mais il y a aussi d’autres réalités. Laissez moi exposer un point de vue.

    Tout d’abord, je vais prendre le risque de choquer. M. Serres a exposé la situation des langues dites ‘régionales’, et il l’a fait avec justesse.
    Combien rient, encore maintenant, de ces bretons qui s’obstinent à conserver leur langue ?

    Pour faire bref: pourquoi vous plaignez vous ou souffrez vous maintenant que l’on vous fasse ce que vous avez fait aux autres ?
    Vous avez imposé, par le génocide vendéen quand vous n’y arriviez pas autrement, votre modèle républicain laïc.
    Si les turcs étaient un peu plus intelligents, ils reconnaitraient le génocide vendéen. Ce qui serait d’ailleurs de bonne guerre. Quelle serait votre réaction si un pays quelconque venait vous dire que vous avez finalement construit la france sue le massacre, l’acculturation et la laïcité terroriste matérialiste? Que les valeurs de la république laïque sont finalement pourries?

    Ce n’est pas juste?

    Il serait facile, avec les arguments de la logique la plus formelle, de continuer ce raisonnement. Il ne montrerait qu’une chose, c’est que les valeurs de la france ne sont pas universelle, contrairement à cette idée répandue, que son système républicain laïc ne garantit pas plus qu’un autre la liberté individuelle, et que finalement, ayant admis que les bretons et autres n’ont pas conservé leur langue, coutume et gouvernment parce que vous les avez vaincus (terme officiel de propagande: la france a apporté sa culture aux idiots de l’ouest), souffrez donc que vous allez être vaincus, le français disparaitra donc, et la république laïque aussi, au profit des vainqueurs, qui ont forcément raison, puisqu’ils sont vainqueurs.

    Pas drôle, non ? Enfin, il est vrai que la nouvelle ligne maginot, 8 millions de fonctionnaires, fera assez d’inertie à l’anglais et aux banques pour vaillament résister et conserver la culture et les valeurs francaises. Il ne reste qu’à espérer que les esclaves qui les font vivre tiendront le coup et continuent de croire que l’Etat les affranchira un jour en raison de leur sacrifice.
    Bien entendu, entretemps, ils devront quand meêm parler un peu anglais pour gagner leur vie avec l’envahisseur. Mais l’Etat leur pardonnera, car ils ont fait vivre la nouvelle ligne maginot.

    Il viendra surement un temps où je regretterai que le français ait disparu, ne fusse que parce que j’y pensais mieux, mais après tout, les bretons ont bien réussi à se passer du breton. Alors, mes enfants se passeront bien du français, et des valeurs de la république qui finalement n’était pas si valable que cela, puisqu’elle n’a pas réussi à les protéger de l’envahisseur.
    Et puis finalement, un régime révolutionnaire, conconcté par des avocats (des avocats!!!!, vous vous rendez compte ?), ce n’est jamais qu’un autre régime terroriste qui disparaîtra, alors pourquoi s’en faire ?

    Savez vous qu’il y en a qui pensent, plus au nord et a l’est, pas tous encore bien entendu, que finalement, traiter avec des entreprises françaises, c’est une mauvaise affaire dès le départ? Payer des gens pour qu’ils ne travaillent que 35 heures et prennent 45 jours de congé par an, c’est forcément une mauvaise affaire, parce que personne, ne peut raisonnablement croire que, selon la propagande officielle, vous soyez au moins 20% plus efficaces que le reste des nations industrialisées, et surtout pas les allemands.

    pas drôle, non ?

  2. dixhuitjuin // 10 juin 2012 à 11 h 51 min //

    On passe son temps à rabâcher que les Français ne savent pas parler des langues étrangères. Alors,ils sont tout heureux en disant quelques mots en Anglais, parce-que çà fait bien et moderne. Allez au Quebec, même dans certaines régions aux Etâts-Unis, quand il y a des touristes Anglais, les américains parlent yankee, et autre patois anglo-saxon qui énervent les Anglais. Mais la France, fait-elle quelque chose pour ses langues minoritaires, qui font parties du patrimoine National ? En fait il y a une certaine classe politique qui a passé son temps à dire les Français sont ceci et celà, ailleurs c’est bien mieux, nos voisins font ceci et celà mieux que nous, et alors ! On s’en fout; ce qu’ils font ailleurs, est-ce-que nos voisins déprécient autant leurs pays et leurs habitants que nos énarques et politiciens ? Et bien,Non ! A force les Français culpabilisent à longueur d’années à cause de ces incapables qui nous dirigent et en même temps, ils préfèrent nos pays voisins, mais, qu’ils y aillent. Nous on votera pour des politiques qui aiment la France et son peuple, et qui feront tout pour tirer la France vers le haut. Et dehors les pleurnichards.

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