L’Espagne victime de l’euro austérité

par Laurent Pinsolle

Hier 29 mars, Mariano Rajoy affrontait sa première grève générale. La crise économique qu’affronte le pays est violente. Les conservateurs, récemment élus, ont décidé de mettre en place un plan sévère d’économie et une libéralisation du marche du travail.

Madrid, victime de l’euro

Avant de revenir sur la situation actuelle, il faut revenir aux racines de la crise espagnole. Le pays a connu une énorme bulle immobilière, qui lui a permis de croître au rythme de 3 à 4% par an. Au point le plus haut, l’Espagne construisait plus de logements que la France et l’Allemagne réunis, qui comptent plus de trois fois plus d’habitants à elles deux. Mais les arbres ne montent pas jusqu’au ciel et la bulle a explosé. Aujourd’hui, un million de logements sont inoccupés.

On pourrait croire qu’il s’agit simplement d’une mauvaise gestion du pays. Mais les banques avaient des normes contra-cycliques (elles devaient mettre plus de réserves de côté, du fait de la croissance) et le budget du pays était en excédent de 2005 à 2007, faisant de l’Espagne le pays le moins endetté de la zone euro (moins de 40% du PIB). La raison de cette bulle est assez simple : une politique monétaire inadaptée et inadaptable aux caractéristiques du pays.

En effet, avec la monnaie unique, l’Espagne s’est vue imposée un taux d’intérêt beaucoup trop faible pendant les années 2000. Les taux de la BCE, à 4%, rendaient l’argent bien trop bon marché pour le pays. La faible croissance dans le reste de la zone euro ne permettait pas des taux plus élevés alors que l’Espagne en avait absolument besoin pour stopper cette bulle. Avec la peseta, l’Espagne aurait pu monter ses taux et éviter la bulle… et une telle crise.

Gueule de bois ibérique

L’effondrement de la bulle immobilière a eu des conséquences très négatives pour le pays puisque le chômage est passé de 8% en 2007 à plus de 20% aujourd’hui. Et près d’un jeune sur deux est sans emploi. Le PIB devrait être plus bas de 5% fin 2012 par rapport à 2008. La dette s’est envolée, passant de 36% en 2007 à 74% à la fin de l’année. Et le déficit budgétaire devrait dépasser 8% du PIB cette année, bien plus que prévu.

L’ajustement est donc sévère pour un pays où près d’un quart de la population devrait être au chômage d’ici la fin de l’année. Les coupes budgétaires sont sévères et pour relancer la croissance, Madrid se soumet à un régime néolibéral inspiré par Bruxelles, à base de dérèglementation du marché du travail. Alors que le salaire minimum est de seulement 640 euros par mois, l’Espagne envisage d’importer les « mini jobs » allemands à temps partiel à 400 euros

Le problème est que ces emplois existent déjà puisqu’un jeune sur six est déjà à temps partiel. Bref, l’Espagne semble prendre la même voie que la Grèce, certes, de manière un peu moins violente. Mais en tout cas, la question qui se pose est de savoir comment l’Espagne va bien pouvoir croître. Car les coupes dans les budgets et les salaires auront un impact négatif, y compris sur les recettes fiscales. Madrid est en train de s’enferrer dans la même impasse qu’Athènes.

Les syndicats européens ont raison de souligner que la remise en cause du modèle social européen remettra en cause l’idée d’Europe même. Mais ils oublient de souligner que la mondialisation ne peut être domestiquée que par les Etats nations. L’Europe n’a jamais fait que lui faciliter le travail.

1 commentaire sur L’Espagne victime de l’euro austérité

  1. Lepsyquatre // 5 avril 2012 à 22 h 56 min //

    Le systeme capitaliste basé sur la croissance et la spéculation a pourri l’economie. Les prets banquaires usuriers ont fait le reste. L’endettement+les fameux interets banquaires. Vous pensiez etres tres fort (l’euro). Et bien dansez maintenant.

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