Surprise, Guaino et Cohn-Bendit se font la bise sur l’Europe, et pas seulement

 

clip_image007Qui a dit que cette campagne électorale était violente ? Ce 6 mars au matin, Henri Guaino et Daniel Cohn Bendit ont rivalisé de courtoisie et se sont accordés sur la plupart des sujets, au point de désespérer Patrick Cohen qui les interviewait. Un consensus d’autant plus étrange que les deux hommes ont construit leur carrière politique l’un pour l’Europe et l’autre contre….

 

Henri Guaino, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, et Daniel Cohn-Bendit, euro-député de EELV, étaient ce matin sur France Inter pour le quatrième débat dans le cadre de la présidentielle 2012.
Ceux qui s’attendaient à des échanges houleux et à des avis contradictoires autour de débats actuels ont sans aucun doute été déçus. Car c’est à coup de « je suis d’accord » et de « tout a fait » que les deux hommes politiques se sont renvoyés la balle, détendus et avenants — le mot « d’accord » et autres synonymes revenant une dizaine de fois.
Chacun avait choisi son thème : l’Europe pour Daniel Cohn-Bendit et la République pour Henri Guaino. Pas de surprises de ce côté-là, chacun joue à domicile.
Mais dès la première question, concernant l’hypothèse d’une fronde des dirigeants européens pour « mettre en quarantaine » François Hollande, les deux hommes se montrent tous deux très sceptiques.
« Je n’y crois pas du tout », affirme Cohn-Bendit, avant tout soucieux de pédagogie à l’égard de l’Union européenne pour laquelle il a toujours combattue.
– « Moi non plus (…) Les élections françaises, c’est l’affaire des Français », renchérit Guaino, qui, lui, voit bien ce que cette idée de pacte des droites européennes peut avoir de ravageur pour son candidat, censé être celui du peuple.
Le nouveau traité européen n’est pas non plus une pomme de discorde, malgré des divergences de forme : la nécessité d’un compromis entre les états réunit aussi les deux débatteurs. Pour le conseiller de Sarkozy, « S’il n’y avait pas eu d’accord, l‘euro aurait explosé et l’Europe aussi (…) La politique c’est ça de temps en temps, il faut prendre ses responsabilités et accepter des textes ou des accords qui ne sont pas parfaits. »
Un argument sur lequel Cohn-Bendit vert se dit « tout à fait d’accord ».
Guaino redouble d’ailleurs d’attention envers l’eurodéputé : « Daniel Cohn-Bendit est beaucoup plus expert que moi sur l’Allemagne », « Vous prêchez un convaincu », « Je finis pas être comme vous ». Même son de cloche du côté de Cohn-Bendit : « On est deux Henri Guaino. On va faire le pacte des gens raisonnables ! », « Inch’allah je suis d’accord avec vous », « Et il (Sarkozy) a été bon sur la Georgie ». Patrick Cohen commençait à s’arracher les cheveux. Sans ironie il propose à ses deux invités « d’arrêter de lister les accords entre vous ». Ce à quoi Guaino rétorque « S’il y en a, pour une fois c’est intéressant (…) On n’est pas obligés d’être en désaccord sur tout ».

Un débat « entre amis »

 

Ensuite, l’évocation de la Charte des langues régionales et minoritaires aurait pu « faire bondir Daniel Cohn-Bendit ». Mais finalement, bof sans plus, l’heure n’était décidément pas à la discorde. Cohn Bendit s’écarte un peu du débat allant jusqu’à invoquer la disparition du yiddish en France, pendant que Cohen désespère de ramener le débat vers des thèmes plus risqués : « On pourrait parler du halal ? » Quand il parvient finalement à introduire cette question, les débatteurs ne sortent pas les griffes pour autant : « Nous les écologistes, nous sommes pour l’étiquetage », note Cohn-Bendit, ce qui « nous fait un point d’accord », répond Guaino.
Bref, au moment où les deux débatteurs, chacun marginal dans son camp, se sont serrés la main, on se demandait si le conseiller spécial allait s’inscrire à Europe Ecologie les Verts, ou si Dany n’allait pas finir sa carrière comme conseiller européen du président.


Les débats de la matinale : Henri Guaino /… par franceinter

3 commentaires sur Surprise, Guaino et Cohn-Bendit se font la bise sur l’Europe, et pas seulement

  1. dixhuitjuin // 12 mars 2012 à 1 h 29 min //

    Monsieur Cohn-Bendit en 68 a sorti une épine des pieds des Américains,en faisant tomber Le Général De Gaulle,comme il leur à dit Merde,sorti de l’O.T.A.N. ,et par des sources d’enquêteurs journalistes ont pu savoir que les Américains cherchés à l’éliminer physiquement.Et c’est en cela que je trouve extraordinaire un maoïste ,qui fait le boulot pour les ricains.Et Sarkozy à détrituré l’héritage De Charles de Gaulle,et il a le culot de parler à Villepinte du Général De Gaulle.

  2. M.Pourcel, votre analyse me parait très juste.
    Vous avez raison de parler de la morbidité du compromis.
    Ce fut notre lot depuis 40 ans, depuis G. Pompidou, et sans interruption depuis.
    Il n’est aucunement besoin d’élire M Bayrou à l’Elysée : les compromis centristes ont gagné dans tout le champ politique , social et diplomatique…
    C’est d’ailleurs ce qui déprime une grande majorité de nos concitoyens, qui ressentent, au fond d’eux-mêmes, combien nous sommes désarmés… à force de compromis !

  3. Pas tout à fait d’accord avec le commentaire peu nuancé sur cette émission radio de France-inter entre H.Guaino et D.Cohn-Bendit.
    La polémique (de polémos, guerre) pour la polémique n’a pas grand intérêt et n’apporte rien de plus à la puissance du débat. On peut, en démocratie, avoir des points de convergence en sus des points de divergence. Il n’y a là pas lieu de s’en émouvoir. H.Guaino se comporte plutôt comme un homme reconnaissant l’autre (D.CB)pour ce qu’il défend et vice et versa. H.Guaino est gaulliste, c’est un fait. Mais il se résigne à se soumettre à des contraintes européennes parce qu’il se trouve pris dans un mouvement dont il n’est assurément pas décisionnaire. Quant à D.Cohn Bendit, il est là plus calme qu’à l’habitude et ne dit pas non plus que des choses ineptes : doit-on être en désaccord avec lui parce qu’il dit une idée au regard de ce qu’il incarne (l’anti-gaullisme, soixanthuitard, anti-France )? Bref, tomber sur des points d’accord ne préjuge pas de points de désaccords profonds (comme l’école et les valeurs qu’elles portent, le mariage homosexuel, la charte des langues régionales…points sur lesquels les 2 hommes ne sont pas vraiment en accord.). Le plus navrant, au fond, n’est pas qu’ils aient des accords, c’est au fond de constater que la France a perdu sa puissance politique en se diluant dans l’Europe et que l’Allemagne, paradoxalement et grâce à la réunification et à l’euro (mark) soit devenue le chef de file de l’Europe. Or, toutes les formations politiques ayant gouverné depuis le départ du général de Gaulle en ont la responsabilité. Le référendum (décidé par G.Pompidou) sur l’entrée du Royaume uni libéral et conservateur (même avec les travaillistes) dans l’Europe a condamné à jamais le volet social de l’Europe; le système monétaire européen (soutenu par VGE) a annoncé la monnaie unique (soutenu par Mitterrand et Chirac), c’est à dire le monétarisme qui tue les économies des pays membres; la libéralisation débridée des échanges amorcé via l’acte unique européen (F.Mitterand et Chirac), puis la ratification des accords Mastricht, OMC, et autres traités européens (Nice, Lisbonne) sont le fait des décisions politiques de gauche et de droite qui ont oublié l’essentiel : on impose pas au peuple un projet, plus encore quand il ne marche pas; les bolcheviks ont cru qu’ils pourraient le faire : en 1989, leur système s’affondrait sous le coup de l’aspiration des peuples à la Liberté (avec un grand L, à ne pas confondre avec le libéralisme économique…) . Avant eux les Fascites et autres nazillons ont vu leurs idéologies tomber sous le coup de deux idéologies, le capitalisme et le communisme, mariées pour la circonstance…. Et la colonisation est aussi tombée car contraire aux aspiration des peuples à se gouverner eux mêmes. Il en sera de même de l’Europe, c’est une question de temps et de circonstances.
    Au final, le plus dommageable dans ce débat est exactement ce que dit l’un des deux contradicteurs : en démocratie, quand on a plus le choix, c’est qu’on est plus en démocratie. Et au final, la résignation d’H.Guaino et l’enthousiasme de D.Cohn-Bendit révèle, avec des paradoxes extraordinaires, au final cette situation morbide du compromis selon laquelle sur le principe même de l’Europe libérale et capitaliste diluée dans la mondialisation, sans cesse élargie vers des horizons toujours plus conformes aux intérêts vitaux du messianisme américain, il n’y a pas de débat possible. Un peu comme si l’histoire était finie. Mais l’Histoire s’écrit tous les jours : en Tunisie, au Maroc, en Lybie, en Syrie…en Grêce…Avec comme dénominateur commun l’oppression des peuples…et leur libération.
    Vox populi suprema lex esto. E.P.

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