Allocution du Chef de l’Etat :19 avril 1963

 

Au cours de cette intervention, le Chef de l’Etat revient notamment sur les derniers évènements sociaux des semaines passées (Grèves).

« Pour être prospères, maître de nous-mêmes et puissants, nous, Français, avons fait beaucoup. Il nous reste beaucoup à faire. Car le progrès exige l’effort. L’indépendance n’est pas pour rien. La sécurité coûte cher. C’est bien pourquoi l’État, qui a pour rôle et pour raison d’être de servir l’intérêt général, n’a pas droit au laisser-aller. »

Cependant il tire les leçons de cette mobilisation des mineurs.

« Comprenons bien, cependant, que notre époque nous contraint aux disciplines inhérentes à cette vaste transformation. Comme celle-ci se heurte, parfois, à des habitudes d’antan, il n’est pas surprenant, bien qu’il soit évidemment fâcheux, que se produisent, chez nous comme ailleurs, des tâtonnements et des erreurs. Cela vient d’être le cas avec la grève des charbonnages. Mais justement, ce qui s’est passé et qui a, tout à la fois, ralenti quelque peu l’ensemble de notre production, coûté vraiment trop cher aux mineurs et risqué de peser sur l’avenir de leur profession, a contribué à faire voir combien il est nécessaire que la collectivité s’adapte, mieux qu’elle ne l’est, aux conditions nouvelles de sa vie et de son progrès. »

Il rappelle aussi les avancées de la France : « Après avoir rétabli ses finances, ses échanges et sa monnaie, il accomplit, quant à son développement, des progrès rapides et saisissants. Tous les chiffres, tous les signes, démontrent, en particulier, que la condition des Français ne cesse de s’améliorer. »

Le Plan et les acteurs sociaux

Concernant le plan, cette « ardente obligation » comme il aime à le définir, il a été « comme on sait, bâti avec le concours des représentants de toutes les activités nationales ».

« Cela implique aussi que les syndicats, quel qu’explicables que puissent être leurs revendications professionnelles, soient affranchis de sujétions et des griefs partisans et pratiquent l’esprit de la coopération nationale dans leurs rapports avec les hommes responsables de l’intérêt public. Cela implique encore que notre Conseil économique et social où collaborent les représentants des diverses activités du pays, voit son rôle assez étendu pour mieux éclairer, par ses débats et par ses avis, les décisions, décrets et lois qui incombent aux pouvoirs politiques exécutif et législatif. »

A l’analyse de ce texte, il est clair que le général de Gaulle trace ici, 6 ans avant, l’ossature de ce que sera sa réforme du Sénat qu’il proposera en 1969 par référendum.

La place de la France… Indépendance nationale

Avec les nouvelles institutions, la fin de la guerre d’Algérie et la politique volontariste de décolonisation, le Général considère que tous les éléments sont réunis pour que la France reprenne sa place dans le concert des nations.

« L’univers abonde en sirènes qui nous chantent les douceurs du renoncement, à moins que, dépitées de noue voir insensibles à leur séduction, elles n’élèvent à notre égard un chœur bruyant d’invectives. Mais, sans outrecuidance, dans l’intérêt de tous comme dans le nôtre, notre navire suit sa ligne. Il n’y a aucune chance pour que, cédant à la facilité, nous laissions s’effacer la France.

C’est pourquoi, si l’union de l’Europe occidentale : Allemagne, Italie, Hollande, Belgique, Luxembourg, France, est un but capital de notre action au-dehors, nous n’avons pas voulu nous y dissoudre. Tout système qui consisterait à transmettre notre souveraineté à des aréopages internationaux serait incompatible avec les droits et les devoirs de la République française. Mais aussi, un pareil système se trouverait, à coup sûr, impuissant à entraîner et à diriger les peuples et, pour commencer, le nôtre, dans des domaines où leur âme et leur chair sont en cause. Cette abdication des États européens, en particulier de la France, aboutirait inévitablement à une sujétion extérieure »

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