Charles de Gaulle et Jean XXIII

 

27 juin 59

Le général de Gaulle se rend au Vatican où il est reçu par le pape Jean XXIII dans la salle du trône.

Il s’agenouille devant le pape puis lui fait cadeau du manuscrit d’une bible du XIVème siècle sur parchemin. Le souverain pontife s’adresse ensuite au chef d’Etat : il rappelle que le général fut déjà reçu ici en juin 1944 par son prédécesseur Pie XII, il rend hommage à la volonté de paix et de prospérité du général, à son désir d’aider dans le monde les pays les moins développés économiquement.

Il reprend les paroles que son prédécesseur avait adressées au président René COTY pour à son tour exprimer « sa paternelle affection » au peuple français. Le général de Gaulle à son tour s’adresse, ému, au pape Jean XXIII lui exprimant son « très particulier respect » : « Nous déposons au nom de la France nos respects à ses pieds… et nous lui demandons… tout son bienveillant appui » puis il forme ses vœux « pour la santé du très Saint Père et pour la prospérité et la gloire de notre Eglise catholique ».

Enfin le pape offre au chef d’Etat français, à sa femme et aux membres de la suite présidentielle des médailles frappées à son effigie et aux armes de son pontificat.

 

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Résumé de l’entretien avec le pape Jean XXIII

Le Pape déclare tout d’abord au Général combien il a été satisfait de le voir à nouveau assumer les destinées de la France et combien il se félicite que les choses en France marchent bien. Il fait une discrète allusion à l’aide que la France a apportée à son élection.

Ce qui préoccupe le plus le Pape, c’est la crise morale du jeune clergé. Il s’inquiète des tendances progressistes des jeunes ecclésiastiques français. Il cite l’exemple des prêtres ouvriers, inventés par le cardinal Suhard. Or, sans son habit un prêtre devient plus un homme qu’un prêtre. Il faut qu’un prêtre reste un prêtre.

Le général de Gaulle soulève le problème des clergés africains.

Le Pape observe que dans ce domaine, il ne faut pas aller trop vite. Il faut créer un milieu pour les prêtres noirs. Il faut qu’ils se sentent soutenus par ce milieu et par des habitudes. C’est la voie dans laquelle il faut persévérer.

En ce qui concerne le clergé dans les pays de l’autre côté du rideau de fer, le Pape indique qu’il est en butte à toutes sortes de persécutions. C’est notamment le cas en Hongrie. Il eût été d’ailleurs préférable que le cardinal Mindszenty soit mis en prison plutôt que de le voir se réfugier à l’ambassade des États-Unis. Les dirigeants hongrois font une pression féroce, dans l’espoir de provoquer un schisme. En Pologne, la situation est moins difficile, en raison de la présence du cardinal et aussi parce que la religion y est un élément véritablement national. Il n’empêche que le clergé polonais est, lui aussi, soumis à toutes sortes de brimades. Il n’y a guère autre chose à faire qu’à prier.

Au sujet du problème de l’école, le Pape demande au Général si on peut, en France, faire quelque chose pour les écoles privées.

Le général de Gaulle indique qu’il ne faut pas que cela se fasse dans une atmosphère de bataille.

Le Pape en convient. Il indique qu’il faut aller doucement mais que si une occasion se présente, il faut la saisir. En ce qui concerne la question allemande, le Général déclare qu’il ne faut pas lâcher Berlin et qu’on ne le lâchera pas.

Le Pape en convient, mais il est d’avis qu’il faut causer, car tant que l’on cause, on ne se bat pas.

Sur l’Algérie, le Pape a écouté sans prendre position les indications que lui a données le Général.

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