Chômage : le pire est à venir pour les ouvriers

 

 

Le baromètre de Marianne enregistre désormais 4,618 millions de chômeurs. Depuis trois mois, c’est le niveau auquel le chômage s’est stabilisé. Alors que le pays s’apprête à entrer dans la rigueur mise en musique par le gouvernement, que l’Europe peine à défendre sa monnaie comme son industrie, le risque de chômage s’accroît notamment pour la part la moins protégée des salariés: les ouvriers non qualifiés.

Chômage : le pire est à venir pour les ouvriers

« Malgré cette augmentation sur un mois, ce chiffre témoigne de la stabilisation du nombre de demandeurs d’emplois depuis six mois. Le deuxième semestre 2010 aura en effet permis, malgré une reprise économique encore fragile, de stabiliser le nombre de demandeurs d’emplois », a indiqué Xavier Bertrand, ministre du travail. De retour rue de Grenelle, l’ex-patron de l’UMP, retrouve cet exercice terrifiant qui consiste à commenter des chiffres du chômage en période de récession. Bonhomme, le maire de Saint Quentin a fait contre mauvaise fortune bon cœur en célébrant une « stabilisation ».

Et de fait depuis 3 mois, le chômage semble avoir atteint un plateau. Avec 4,62 millions de personnes hors de l’emploi, notre baromètre s’installe donc à un niveau stratosphérique, qu’il n’avait encore jamais atteint avant septembre dernier. Même si sa vitesse décroît, la dégradation, portée par la dynamique du chômage caché, est, ce mois-ci encore, au rendez-vous: + 0,4% sur un mois, et + 6,6% sur un an. Au total, le taux de chômage au sens du baromètre Marianne s’établit à 16,4 % en France métropolitaine.

Crise aidant, Nicolas Sarkozy peut justifier d’une nouvelle ligne sur son CV due à sa politique: entre mai 2007 et novembre 2010, le nombre de demandeur d’emploi au sens du baromètre Marianne, s’est accru d’un million de personnes. Depuis son entrée de fonction en 1997, notre baromètre a progressé de 27,3 %.

Chômage : le pire est à venir pour les ouvriers

Cette dégradation globale prend des allures de catastrophe dans certaines régions. Ainsi, en Guadeloupe, plus de la moitié (50,6%) des 59 500 personnes inscrites au chômage le sont depuis plus d’un an, contre une moyenne proche de 38 % sur l’ensemble de la France. Abonnée aux indicateurs économiques dégradés, la région Nord-Pas-de-Calais se classe aussi première dans l’hexagone sur ce critère : la part des chômeurs de longue durée atteint 41,5% des inscrits, idem sur celle des moins  de 25 ans…

 

Chômage : le pire est à venir pour les ouvriers

Pour ceux-là, la chance de retrouver un emploi est bien maigre. Et rien n’annonce une éclaircie dans leur vie. Emporté par sa volonté de réduire les dépenses, le gouvernement a coupé dans les crédits affectés aux politiques de l’emploi. Les « petits boulots » maigres bouées pour ces naufragés de la recherche vaine de job vont donc se faire plus rares.

Dans le privé non plus l’avenir n’est pas rose : le gouvernement a beau répéter à tue tête sa prévision de croissance de 2% pour 2011, il ne convainc personne. Hors de Bercy, de l’Elysée et de Matignon, les économistes anticipent eux une croissance plus proche de 1,6 % que de 2 %, soit un rythme comparable à ce que le pays a pu vivre cette année, à peine de quoi créer 100 000 postes.

Surtout, l’hémorragie dans l’industrie hexagonale se poursuit. L’Insee prévoit une perte de 72 000 postes équivalent temps plein dans ce secteur en 2010, après – 171 000 en 2009.

Pour les ouvriers non qualifiés, la traduction est simple : cela signifie un risque accru de chômage.

Une récente étude de l’Insee permet d’en prendre toute la mesure. Jamais en 2009, le risque de chômage pour un ouvrier ne fut aussi élevé. Un  ouvrier en poste avait presque 9% de chance de connaître le Pôle emploi dans l’année qui venait, contre 3,6% pour l’ensemble des salariés. Quant au travailleur au chômage sa probabilité de le rester culminait à 62%.

Pis, cette dégradation du tissu industriel renforce les inégalités entre les salariés selon leur qualification. Ainsi la probabilité de chômage de 9 % pour l’ouvrier se compare désavantageusement à celle du cadre qui affiche elle 1,6 %. Résultat, jamais le rapport entre ces deux risques n’a été aussi important : le prolétaire a 5,6 fois plus de (mal)chance de se faire virer que le cadre contre 4,3 en 2005, soit une dégradation relative de 25 %. Merci la crise !

On comprend dès lors, le sentiment d’insécurité grandissant dans la population. Comment consommer, et encore quand les salaires le permettent, alors que le risque de chômage, et de déclassement qu’il induit, atteint des sommets ?

Les relativement bons derniers chiffres de la consommation sont à mettre au seul crédit de la précipitation des consommateurs à pousser les portes des concessionnaires d’automobile. À quelques jours de la fin de la prime à la casse, artificiellement maintenue en vie par le gouvernement, les ménages encore hésitant ont profité de l’aubaine… Cela n’aura évidemment qu’un temps. Cette mini relance est finie, reste le second terme de la rIlance le néologisme de Christine Lagarde : la rigueur.

Emmanuel Lévy – Marianne

3 commentaires sur Chômage : le pire est à venir pour les ouvriers

  1. Je ne sais si vous avez remarqué mais les trois principaux artisans de la mise en oeuvre des mesures pour l’emploi dictées par le couple NS Fillon, Mr Borloo,Monsieur Bertrand (revenu récemment aux affaires) et Monsieur Devedjan ont pris la poudre descampette sans avoir osé présenter leurs calamiteux bilans. Selon les envolées de Mr Borloo 20000 maisons à 100000€ étaient prévues d’ici 2010 et on allait voir l’emploi décoller dans l’artisanat..On en a compté environ 600 sorties de terre….et on aussi noté la qualité de ces constructions. Quant au marché des éoliennes ,l’Etat à l’iniative du même ministre a plongé EDF et les finances de l’Etat dans le quasi rouge au point d’une part de revoir les primes et rémunération des kwh achetés aux particuliers à compter de 2010. Que dire du photovoltaïque prôné par un grenelle d’écoeurement remis en cause maintenant? .Quant aux emplois de service à la personne…..encore une idée Borloo qui n’a pas redressé l’emploi des non qualifiés mais surtout tiré les finances des collectivités locales à la baisse.Selon Monsieur Devedjan, par les avances de crédits d’engagement sur de nombreux chantiers publics il y allait avoir une offre d’emploi exceptionnelle dans le BTP. Reste que tout ce qui a été engagé …ne pourra plus lêtre !!!!!!
    Que dire de cette TVA ramenée à 5,5% qui allait contribuer à la création de 30000 emplois dans la restauration et l’hôtellerie. Que nenni à l’évidence on s’est moqué du monde !
    Dans le même temps, les mesures à tuer le temps des chomeurs se sont multipliées et sans les activités souterraines,le travail au noir ,les stages parking,, bon nombre de foyers seraient dans une situation encore bien pire qu’elle ne l’est.
    Nous constatons par ailleurs la faillite des différents plans d’aménagement du territoire qui mettent les employés d’industries qui ferment en devoir d’investir dans un camping car pour se déplacer là où les offres qui correspondent à leurs qualifications,talents et savoir-faire existent !
    Reste que les 35h,une idée stupide que n’a pas voulu remettre au placard NS pour des raisons qui demeurent encore aujourd’hui des plus qu’obscures,oui ces 35h n’ont pas permi la création des millions d’emplois annoncés par Madame Aubry, ni même les 300000 emplois revus et corrigés à la baisse par l’INSEE.
    Reste que la réorganisation à la hussarde des services de l’emploi n’a pas facilité la performance des fonctionnaires en charge d’épauler les demandeurs d’emploi…Pis ,cette réorganisation mal ficelée a surtout créé de nouveaux désordres au sein même de cette administration (grèves) et contribué à l’allongement des files d’attentes des demandeurs d’emploi.
    Quand on constate que Monsieur le Président de la Tunisie,pour faire taire la Rue a subitement annoncé la création de 300000 emplois d’ici 2012 , on est bien obligé d’admettre qu’en France on est vraiment « à la ramasse ».A moins que, en France comme en Tunisie, les politiques disent et fassent vraiment n’importe quoi en matière d’emploi.
    Ainsi donc fort bien constaté dans l’article de Marianne,l’inécurité gagne du terrain.
    En cette ère du c’est go l’haine de banlieues aux tours devenues inhospitalières, de croissance partie chez les autres, de files d’attente aux minimas sociaux, d’attentes de stabilité dans tous les actes de la vie courante, politique, économique, sociale, en ces débordements médiatiques de candidats qui se disputent la candidature à la primaire pour la gloire d’une histoire qui ne sera que la leur, dans un monde de fric, de frime et de triche, il n’échappera à personne que ,si nous examinons ce monde rationnel où toute chose s’analyse et s’éclaire sous le regard de l’évidence scientifique et technique, force est de constater que ce monde politique cyberbranché sollicite de plus en plus difficilement ces parts de nous-mêmes forgées au long de nos études, de nos expériences et de nos vies quotidiennes.
    Passer du futile à l’utile, voilà le dilemme posé à la France en matière d’emploi !

  2. il est exact qu’en l’état il n’y aura pas d’issue; mais aprés les ouvriers viendra celui des cadres (lorsque toute notre technologie aura disparue (10 ans!!) sans salarie du primaire (bientôt les paysans aprés les ouvriers) le secondaire n’aura plus de raison d’être et le tertiaire suivra. pour qu’un commerce fonctionne il faut des acheteurs. qu’elle frayeur me saisit lorsque je constate qu’aprés avoir accepté le libre échange sans règles (souvenez vous rocard: on vendra des ordinateurs aux chinois et nous leur achèterons des parasols!!) , nos hommes politiques n’ont pas compris qu’un état communiste est en train de conquérir la planète avec des règles (douces en apparence), mais ensuite ce sera la main de fer et nous serons( nos enfants ) des esclaves teng siao ping (pardon pour l’orthographe du nom que je ne connais pas), l’avait clairement expliqué. Mon dieu que nos hommes politiques sont bêtes: dans ce concert les us ont compris et envisagés le monde sous cet angle, mais aveuglé par leur suffisance et leur puissance (héritée de 39/40) mais qui ne durera pas ils ont lancé les dés; de même les allemands ont pariés sur leur technologie et leur industrie manufacturière, (ils ont d’ailleurs à l’inverse des français préservé celle ci), mais eux aussi en seront victimes, avec retard mais c’est inéluctable: un cerveau chinois vaut un cerveau occidental et leur habileté au travail est bien connue. triste destin que nos ancêtres ne verront pas , je l’espère; seul le repli avec des partenaires loyaux pourra nous sauver

  3. Pierre Bellenger // 30 décembre 2010 à 11 h 47 min //

    Nous nous gaussions du collectivisme; système économique aberrant ! Mais nous ne voyons pas que la Pensée-Unique est un système économique encore plus aberrant, et lui, il fabrique systématiquement du paupérisme, et pour les Etats et pour le peuple ! Un système économique qui donne la primauté du pouvoir à la Finance ? Charles de Gaulle ne l’aurait jamais supporté. Qu’attendent les gaullisyes pour dénoncer un tel système économique ? Si les gaullistes ne le font pas, qui le fera ?
    Pierre.Bellenger@wanadoo.fr

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*