Un certain besoin de Gaullisme
Les élections, les sondages et les études d’opinion qui se suivent démontrent que s’intensifient la lassitude et le désarroi des Français. Cet état d’esprit était déjà sensible lorsqu’au deuxième tour des Présidentielles de 2002 Jacques Chirac s’est retrouvé face au candidat du Front National, bien que ces deux candidats arrivés en tête au premier tour n’ y avaient recueilli chacun que moins de 20% des voix.
En réalité, cette lassitude qui s’est emparée du peuple français a engendré un désarroi qui n’a pas cessé de s’amplifier depuis la fin des « trente glorieuses « Malgré un yo-yo permanent, suscitant espoir et déception, un chômage persistant n’est jamais sorti du tunnel où il s’est engouffré depuis le premier choc pétrolier. Après chaque élection présidentielle, l’attente, nourrie par des promesses électorales, n’a pas été satisfaite. C’est probablement pourquoi sont apparus, puis se sont installés dans le paysage électoral français, des extrémismes de gauche et de droite. Ce dernier est aussi en train de se répandre comme une tache d’huile dans de nombreux pays européens. Jamais, depuis la fin des années trente et du Pétainisme, tant de Français n’avaient été à ce point attirés par de tels populismes qu’ils se prétendent révolutionnaires ou qu’ils s’affichent xénophobes.
Malgré l’irréalisme de ces idéologies illusoires, sévèrement condamnées par l’histoire contemporaine, ces mouvements extrémistes recueillent régulièrement le soutien de près d’un quart de l’électorat national, et parfois plus. Ne sachant à quels saints se vouer, la majorité des électeurs s’est balancée de droite à gauche, se donnant à l’une puis déçue s’offrant à l’autre, avant de renouer le temps d’un scrutin avec celle que l’on avait la fois précédente délaissée. Si maintenant – c’est hélas l’abstention qui tient le haut du pavé – on se demande, non sans inquiétude, quelle pourrait être la prochaine étape ?« Changement », « nationalisation », « privatisation », «fracture », « rupture » tel fut le vocabulaire employé pour nous séduire par les candidats successifs à la Présidence de la République. Et l’actuel titulaire de cette haute fonction n’aura pas été le moins talentueux en sachant de façon convaincante faire rimer dans ses discours libéral avec social.
Certes, il serait injuste de faire porter à ce dernier la responsabilité des effets de la crise actuelle dont on sait que les méfaits ont été importés des pratiques spéculatives et des excès du système financier et bancaire d’outre Atlantique. Cette situation, plus quelques mésaventures et déceptions politiques et commerciales, auront eu au moins l’avantage, souhaitons-le, de lui faire perdre ses illusions sur la reconnaissance que lui apporterait sa proclamation en début de mandat d’un Atlantisme naïf. Il sait désormais, entre autres expériences, que c’est le capitalisme effréné de Wall Street, toujours protégé par Washington, qui a mis en grave difficulté l’économie mondiale, et en particulier celle de l’Europe.
C’est ainsi que nos entreprises voient s’accélérer leurs disparitions ou leurs délocalisations laissant en friche un chômage qui sème l’abattement, d’où germe en ce printemps 2010 une colère populaire que l’on sent poindre. Les raisons de cette colère naissante sont nombreuses. On connaît le goût prononcé des Français pour l’égalité, même s’ils sont plus attachés à sa manifestation ostentatoire qu’à sa réalité vécue. Alors pourquoi a-t-on laissé se creuser le fossé entre les plus fortunés et ceux qui le sont moins ? Chacun a compris depuis belle lurette que l’impôt sur la fortune n’était pas une juste réponse à cette impression largement partagée d’une injustice sociale qui s’accentue ? Le trop fameux bouclier fiscal n’aurait-il pas du être expérimenté avant d’être pérennisé pour s’assurer qu’il allait bien contribuer à faire revenir dans l’Hexagone les exilés fiscaux ? Etre exemplaire en matière environnementale, pourquoi pas, mais avant de tenter d’instituer précipitamment une taxe carbone incomprise, n’aurait-on pas pu commencer par surtaxer, pour les rendre dissuasifs, les bonus indécents des traders et les rémunérations inconvenantes de quelques dirigeants d’entreprises ? Réformer de fond en comble un vieux pays conservateur comme le nôtre, c’est d’autant plus courageux que les principales réticences au changement viennent de notre si nombreuse fonction publique, notamment des enseignants, et de la plupart des professions, tels les cheminots ou autres métiers du transport, qui sont généralement les mieux protégés socialement.
Pourtant, les principales victimes de la crise restent elles sans défense et sans la possibilité de se faire suffisamment entendre par les pouvoirs publics et les médias. Elles sont dispersées dans la multitude des PME fragilisées, parmi les artisans, les commerçants, les professions libérales, les petits agriculteurs ou tout simplement elles se trouvent depuis longtemps sans emploi. On les rencontre le plus souvent parmi les jeunes, les femmes ou les plus de cinquante ans. L’idée d’instituer au sein de l’entreprise un plus juste partage entre les fruits du travail et ceux de l’investissement s’est ébauchée à travers le projet Gaulliste de participation, dont la mise en application reste insuffisante. Le Président de la République s’est déclaré prêt à persévérer dans cette voie. Pourquoi ne pas s’y atteler sans attendre ? Des sommes considérables ont été investies dans les cités socialement difficiles. Comment se fait-il qu’elles soient de plus en plus invivables ? Pourquoi n’arrive-t-on toujours pas à faire face avec sérénité et parfois avec fermeté, non à la population immigrée qui s’est majoritairement insérée dans la communauté nationale, mais à la partie qui se réfugie dans un communautarisme contraire à nos principes républicains d’intégration et d’assimilation et à celle qui s’est engagée dans une dangereuse et violente marginalisation ?
Dès la guerre d’Algérie terminée de Gaulle en redonnant lustre et influence à la France dans le monde lui a fait jouer un rôle respecté et souvent entendu, sinon toujours apprécié par nos amis les plus proches, mais indiscutablement à la hauteur d’« une certaine idée » qu’il s’en faisait. L’Europe à laquelle nous appartenons et qui est seule en mesure de nous donner la dimension complémentaire qu’exige le monde multipolaire actuel, auquel nous sommes confrontés, a besoin du sursaut français, dont a pu apercevoir une amorce lors de la présidence française de l’Union Européenne. En se mobilisant pour atteindre l’objectif d’une Europe, forte de ses cinq cent millions d’habitants, devenant une puissance indépendante, souveraine et solidaire, la France renouerait avec sa mission de pionnier et de guide, en s’efforçant d’y entraîner l’Allemagne et d’en convaincre ses vingt cinq autres partenaires. De presque tous les horizons politiques revient l’écho qui s’amplifie ces derniers temps d’un certain besoin de Gaullisme. Nostalgie dira-t-on, peut-être chez les plus anciens, mais constatons que chez eux on y découvre des ouvriers de la vingt cinquième heure, et non des moindres ! En revanche pourquoi tant de références au mythe du Général chez les plus jeunes ? Certes, l’année s’y prête en ce soixante dixième anniversaire de l’Appel du 18 juin. Mais ce désir de Gaullisme qui se répand comme le feu dans une traînée de poudre, ne serait-il pas tout simplement et logiquement la conséquence du désarroi français qui n’a que trop duré ?
Chez un peuple aussi traditionnellement politisé que le nôtre, un tel niveau d’abstention aux élections devrait nous faire réfléchir et nous amener à changer dans la politique de la France et la façon de la traiter ce qui a pu conduire à une telle démission. Cessons d’amender en permanence les institutions de la Ve République qui ont fait la preuve depuis cinquante deux ans de leur adaptation aux spécificités françaises et surtout prenons garde d’en modifier l’équilibre entre les pouvoirs. Enraciné dans une longue histoire et une riche culture le génie français est impatient de renouer avec une ambition mobilisatrice. Pour cela il demande qu’on lui fixe les objectifs, qu’on lui trace la voie et qu’on soit exemplaire dans la gouvernance.
Pour peu que l’effort nécessaire demandé soit accompagné d’équilibre et de justice dans sa répartition, nous verrons « ce cher et vieux pays » reprendre sa place et renouer avec sa mission séculaire.
Alain Terrenoire,
Président de l’Union des Anciens Députés Gaullistes
Alain Terrenoire est le fils de Louis Terrenoire, ancien MRP devenu secrétaire général du RPF sous la IVe République, puis sous la Ve République député UNR (gaulliste de gauche) de l’Orne, co-directeur politique de Notre République et ministre de l’Information en 1960-1961. Alain Terrenoire fut élu député gaulliste de la Loire (5e circonscription) en 1967. Né en 1941, il était le benjamin de l’Assemblée en Mai 68 et siégeait à la commission des lois.
pas de commentaires pour un grand homme avec un grand H majuscule qui a soulever la france et qui continue a la soulever grâce au hommes qui a laisser derrière lui (ce grand monsieur était ami a mon pere MR Baouya mohamed ancien députe au parlement français