Cette gauche qui fascine Sarkozy

 

sarkozy-charasse Didier Migaud nommé à la présidence de la Cour des Comptes : bon choix. A la fois intelligent et malin. L’homme, tolérant et ouvert, mais fidèle à ses convictions, a fait l’unanimité à la présidence de la commission des finances de l’Assemblée et la nomination d’un socialiste à la tête de l’organisme qui contrôle les finances publiques est peut-être – pourquoi pas ? – un coup tactique à la veille des élections régionales, mais n’en va pas moins dans le bon sens. Sarkozy a, cette fois, bien joué. Il serait stupide de ne pas le reconnaître.
Au demeurant, cette propension à recruter systématiquement et compulsivement à gauche ne relève pas seulement de la ruse stratégique visant à déstabiliser l’adversaire. D’ailleurs, ça ne rapporte pas une seule voix au chef de l’Etat et, au contraire, ça déstabilise son propre camp.
En fait, cela dénote également le véritable mépris, que Nicolas Sarkozy affiche volontiers en privé, que lui inspire, à quelques exceptions près, le personnel politique de droite dont il ne cesse de proclamer à qui veut l’entendre qu’il est « nul ». Aucun leader de gauche n’a jamais parlé de Chirac, d’Alain Juppé, de Giscard, d’Alliot-Marie, de Méhaignerie ou de Douste-Blazy, de Jean-Pierre Raffarin, comme en parle – avec quelle agressive brutalité ! – Nicolas Sarkozy. Et longtemps, Christine Lagarde fut également l’une de ses cibles.
Il exècre Villepin et déteste Bayrou par exemple, mais toute une fraction de la gauche le fascine.
Le problème c’est que, à un Migaud près, la gauche qui le fascine est de très loin la pire. Et souvent, bien pire que la droite. La plus exécrable. Celle de la frime et du fric. De l’affairisme et des paillettes. On pourrait fort bien, d’ailleurs, imaginer que le président de la République rêve d’un gouvernement dans lequel pourraient figurer, à côté de sa garde rapprochée (Hortefeux et autres), des stars du CAC 40 qu’il affectionne, des Eric Besson et autres Pascal Lamy, un Bernard Tapie, un Jacques Séguéla, un Michel Charasse, un Georges-Marc Benamou, un Stéphane Fouks, un André Glucksmann, un Tony Dreyfus, un Jean-Luc Mano, etc.
A cet égard, le choix de Charasse pour le Conseil constitutionnel serait significatif : les médias alignés le présenteront, évidemment, comme un sénateur de gauche (encore l’ouverture !), alors que, de gauche, il n’est pas sûr qu’il l’ai jamais été et que, de toute façon, il est rallié à Sarkozy depuis 2007. En revanche, il ne contredira pas plus Sarkozy qu’il ne contredisait Mitterrand dont il fut un peu le bouffon. Hélas, il n’est pas seulement d’une irrésistible drôlerie, il est aussi cynique, brutal, vulgaire, violent, facilement méchant, procédurier, et n’aurait pas hésité, selon certains journalistes, quand il officiait aux Finances, à injurier ou à menacer de contrôles fiscaux ceux-là même dont les écrits le défrisaient.
Sarkozy aime cette gauche-là.
Personnellement, tout compte fait, je lui préfère largement la droite quand elle est compétente et qu’elle défend des valeurs

JEAN-FRANCOIS KAHN

 

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*