Maurice Allais : un « protectionnisme raisonné »
Maurice Allais, seul lauréat français du prix Nobel d’économie, prône un « protectionnisme raisonné » dans le commerce mondial et qualifie de « méprise monumentale » la libéralisation des échanges prônée par l’OMC, dans une tribune à paraître ce samedi 5 décembre dans Marianne.
La dénonciation du protectionnisme est « absurde chaque fois qu’elle est exprimée sans nuances », estime cet ancien membre du CNRS primé en 1988, jugeant qu’il existe des protectionnismes « néfastes tandis que d’autres sont entièrement justifiés ».
Si le protectionnisme entre pays à salaires comparables « n’est pas souhaitable en général », celui entre « pays de niveaux de vie très différents est non seulement justifié mais absolument nécessaire », assure M. Allais.
Selon lui, la concurrence n’est ainsi « pas viable » face à des pays où les coûts de fabrication sont bien plus faibles, en Chine, en Inde mais aussi « au sein même de l’Europe ».
M. Allais propose un système alternatif: créer des ensembles régionaux plus homogènes, unissant des pays aux conditions sociales similaires, au sein desquels une « saine et réelle » concurrence s’exercerait mais qui pourraient se « protéger de manière raisonnable » contre les coûts de production pratiqués à l’extérieur de ces zones.
« L’absence d’une telle protection apportera (…) la destruction de toutes les industries de l’Europe de l’Ouest et celle des pays développés » et provoquera une croissance « dramatique » du chômage, prédit l’économiste.
Selon lui, Pascal Lamy, directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), commet « une méprise monumentale » en demandant l’accélération du processus de libéralisation des échanges. « Il faut de toute urgence délocaliser Pascal Lamy », ironise M. Allais.
Les 153 membres de l’OMC, qui étaient réunis cette semaine à Genève, ont réaffirmé leur souhait de conclure en 2010 les négociations dites du cycle de Doha sur la libéralisation des échanges
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