Le gaullisme n’est pas mort …

… il est en pleine renaissance.

Il ne se passe pas un jour sans que les médias, notamment la presse écrite, ne fassent référence au général de Gaulle, au gaullisme, à l’homme ou à son œuvre.

Ce constat confirme, une fois de plus, que Charles de Gaulle, l’homme du 18 juin et fondateur de la Vème République, est devenu, pour les Français, la norme à partir de laquelle ils apprécient les actions politiques et jugent leurs auteurs. Le personnel politique n’y échappe pas ; certains par honnêteté et conviction ; mais d’autres, beaucoup d’autres, par intérêt électoraliste.

Afin de m’appesantir sur ceux qui sont les plus suspects, réglons en quelques mots le cas de l’UMP.

Hormis quelques exceptions parmi ses élus nationaux où locaux, ses dirigeants affichent ouvertement leur ancrage dans la droite classique. C’est son droit et personne ne peut en blâmer l’UMP. Mais reconnaissons qu’elle a terminé un chantier commencé il y a déjà quelques années ; elle a bien tourné définitivement le dos au gaullisme. D’ailleurs, parmi ses responsables, peu s’en réclame, sauf occasionnellement lors des déjeuners champêtres estivaux qui ponctuent les rentrées politiques.

Pour la gauche, il convient d’être plus prolixe ;

Face à la proposition de Dominique de Villepin relative à l’apprentissage dès 14 ans, PC et PS y vont de leur couplet :

« Il [le premier ministre] n’a finalement qu’une idée en tête : rompre avec l’esprit de la réforme Berthoin/de Gaulle de 1958 d’élever au plus haut les ambitions des élèves que la nation lui confiait. » déclare « le professeur » Jack Lang au nom du PS.

Et le PC d’enchérir : « un premier ministre, qui aime à se poser en héritier du gaullisme, raye d’un trait de plume l’ordonnance du 6 janvier 1959 signée par le général de Gaulle, portant l’obligation scolaire à seize ans »

Au secours ! Reviens, De Gaulle, ils sont devenus fous !

Quant à l’Europe, le PC se sert du Général pour labelliser son NON au traité constitutionnel soumis à référendum et relativiser, à raison d’ailleurs, la mini-crise qui secoue la jet-set politique depuis le rejet majoritaire des Français.

« L’histoire de l’Europe est jalonnée de moments d’opposition entre les États, qui se sont conclus par des négociations et des compromis. Lorsque, en 1965, la Commission propose une révision de la politique agricole commune, De Gaulle dit non, et il pratique « la politique de la chaise vide » : il boycotte les institutions européennes. Tous les journaux écrivent alors : « C’en est fini de l’Europe. » En réalité, pendant trois ou quatre mois, les relations ont été un peu fraîches, puis les États ont négocié, cela a abouti au compromis de Luxembourg, et De Gaulle est revenu siéger. »

Alors, si de Gaulle l’a fait, pourquoi pas d’autres !

Le PS annonce régulièrement, avec des trémolos dans la voix, la fin du gaullisme, surtout du gaullisme social, comme si le gaullisme pouvait se débiter en tranches, alors qu’il est un et indivisible, tous les domaines se fondant en un ensemble cohérent.

« C’est donc la fin du gaullisme… La fin du gaullisme était souvent annoncée et le chiraquisme, dans une certaine mesure, en était l’anticipation. C’est maintenant proclamé. La fin du gaullisme dans notre histoire politique n’est pas un événement banal, surtout si elle s’accompagne -et c’est peut-être ce qui est en train de se produire-, de la fin du pluralisme à droite » s’exclame son premier secrétaire François Hollande.

Et de poursuivre :« On voit bien que la philosophie qui se dégage n’a plus rien à voir avec le gaullisme social qui était prêté à Fillon à son arrivée au gouvernement, rien qui le distingue d’un discours à la Thatcher il y a quelques années ».

« L’accession de Nicolas Sarkozy à la présidence de l’UMP … marque aussi une mutation dont nous aurions tort de minorer le caractère idéologique. Le gaullisme est définitivement mort au Bourget. La droite s’est enfin assumée comme telle » lance-t-il à ses militants.

STOP… Arrêtez vos jérémiades. Vous avez toujours combattu de Gaulle et le gaullisme.

Vous n’avez aucune compétence politique à défendre de Gaulle et sa politique. C’est une escroquerie indigeste. « Le coup d’État permanent » pour les uns, la « dictature » pour les autres… Nous n’avons pas oublié, nous les gaullistes de conviction.

Pour ne pas remonter trop loin, nous n’avons pas oublié que vous avez communié avec la droite la plus réactionnaire le temps d’un scrutin en 1969 pour « virer » de Gaulle, persuadés que vous étiez, et avec juste raison, qu’un NON majoritaire au référendum sur la décentralisation se traduirait inéluctablement par son départ. De Gaulle était réellement un démocrate. Jamais, parmi ses successeurs, un Président désavoué n’a eu le même courage !

Bien sûr, me direz-vous, les gaullistes de conviction n’ont pas le droit de s’accaparer le gaullisme. Certes, mais plus que vous, ne vous en déplaise !

En cette fin d’année 2005, 35 ans après sa mort, De Gaulle n’a jamais été aussi omniprésent au cœur des Français et du débat politique : l’État stratège*, la nation soudée et solidaire, l’indépendance nationale et la maîtrise de notre destin, la participation des salariés à l’enrichissement et à la vie de leurs entreprises, les services publics nécessaires à la cohésion sociale…, et même à l’étranger.

Que ceux qui l’ont abandonné, que ceux qui l’ont toujours combattu sachent que le gaullisme n’est pas mort ; il est en pleine renaissance, notamment auprès des jeunes.

Et « Puisque tout recommence toujours, ce que j’ai fait sera, tôt ou tard, une source d’ardeurs nouvelles après que j’aurai disparu » aimait à rappeler de Gaulle. Formons le vœu pour l’année nouvelle que tous les Français qui trouvent en de Gaulle et dans le gaullisme une raison d’espérer de la France manifestent concrètement leur enthousiasme en occupant la place qui est la leur.

 

* C’était de Gaulle (tome I, p.523-524)

« Le marché, Peyrefitte, il a du bon. Il oblige les gens à se dégourdir, il donne une prime aux meilleurs, il encourage à dépasser les autres et à se dépasser soi-même. Mais, en même temps, il fabrique des injustices, il installe des monopoles, il favorise les tricheurs. Alors, ne soyez pas aveugle en face du marché. Il ne faut pas s’imaginer qu’il règlera tout seul les problèmes. Le marché n’est pas au-dessus de la nation et de l’État. C’est la nation, c’est l’État qui doivent surplomber le marché. Si le marché régnait en maître, ce sont les Américains qui régneraient en maîtres sur lui ; ce sont les multinationales, qui ne sont pas plus multinationales que l’OTAN. Tout ça n’est qu’un simple camouflage de l’hégémonie américaine. Si nous suivions le marché les yeux fermés, nous nous ferions coloniser par les Américains. Nous n’existerions plus, nous Européens ».

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