Le «Premier cercle», enquête sur les richissimes donateurs de l’UMP

Hoffenberg «C’est pas cher et ils apprécient.» Dans les enregistrements pirates des conversations entre Liliane Bettencourt et son gestionnaire de fortune, Patrice de Maistre, la formule revient en boucle. C’est ce dernier qui use de l’expression pour expliquer à la milliardaire les raisons pour lesquelles elle doit signer ce qu’il présente comme trois chèques, le premier au profit de Valérie Pécresse, à l’époque tête de liste de l’UMP aux élections régionales, le deuxième au profit d’Eric Woerth et le troisième au profit de Nicolas Sarkozy.

«C’est pas cher et ils apprécient.» Sans doute la formule résume-t-elle aussi l’état d’esprit de quelques très grandes fortunes françaises qui ont pris l’habitude de verser leur dîme à l’UMP au travers d’une structure qui joue, dans les coulisses du pouvoir et des milieux des affaires, un rôle clef: le «Premier cercle» des donateurs.

Car c’est l’autre onde de choc de l’affaire Woerth-Bettencourt: elle permet de comprendre que les relations entre Nicolas Sarkozy et les milieux des très grandes fortunes françaises ne se réduisent pas à ce qu’avait pu suggérer la célèbre soirée du Fouquet’s, le 6 mai 2007, au soir du second tour de l’élection présidentielle – une fête à laquelle n’avaient été conviés que les PDG-propriétaires les plus puissants, de Bernard Arnault jusqu’à Martin Bouygues, en passant par Vincent Bolloré, Albert Frère ou encore Paul Desmarais.

Non, les réseaux sarkozystes sont beaucoup plus amples que cela. Et surtout beaucoup mieux organisés qu’on ne pouvait le penser. Le «Premier cercle» est une organisation discrète, mais très efficace, qui rassemble le gotha de la très grande bourgeoisie et de la noblesse. Un organisme hybride, sorte de Rotary réservé pour les ultra-riches, qui tient des assemblées périodiques dans les hôtels très chic mais aussi des dîners privés plus confidentiels dans les hôtels particuliers de l’un ou l’autre de ces richissimes donateurs.

L’histoire commence à la fin de 2004, quand Nicolas Sarkozy, après avoir pris à la hussarde les commandes de l’UMP pour en devenir le président, commence à réfléchir à l’organisation du mouvement, dans la perspective de l’élection présidentielle. Celui qui est en passe de devenir le champion de la droite le sait: l’argent est souvent le nerf de la guerre. Et dans l’échelle de ses valeurs personnelles, c’est le critère absolu de la réussite.

C’est donc lui qui pense à organiser au sein de son parti une structure dédiée à la collecte de l’argent auprès des plus grandes fortunes, sur le modèle des «Charity dinners» qui ont prospéré aux Etats-Unis. Cette idée, il en confie la mise en œuvre à Eric Woerth, le seul proche d’Alain Juppé qu’il garde auprès de lui, et qui est le trésorier de l’UMP, ainsi qu’à une militante, Valérie Hoffenberg.

Valérie Hoffenberg deviendra conseillère de Paris et, par une décision de Nicolas Sarkozy, représentante spéciale de la France pour la dimension économique, culturelle, commerciale, éducative et environnementale du processus de paix au Proche-Orient. Elle est aussi la présidente du bureau français de l’American Jewish Committee (AJC) et militante active de Génération France, le club de Jean-François Copé.

Laurent Mauduit

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