Les Français plébiscitent le chamboule-tout et la fin du cumul des mandats
Une réalité à prendre en compte !
Après une année politique sans précédent, la Fondation Jean Jaurès fait le point sur le rapport des Français à la démocratie. Plusieurs mesures institutionnelles fortes sont plébiscitées comme la reconnaissance du vote blanc et la limite du cumul des mandats dans le temps.
Un tableau impressionniste bienvenu après le chamboule-tout présidentiel et législatif de 2017. Dans une enquête de la Fondation Jean-Jaurès, réalisée par l’institut de sondages ViaVoice pour la Revue civique, le think tank classé au centre-gauche de l’échiquier politique fait un point sur le sentiment démocratique des Français et sur les réformes institutionnelles auxquelles ils aspirent.
Une démocratie régénérée
Premier enseignement de cette grande enquête publié le 12 janvier dernier : les Français estiment que la démocratie est très ou assez importante à 93%. Plus précisément, l’étude explique qu’ »au cours de l’année 2017, la démocratie française aura progressé voire se sera régénérée après plusieurs années de crises économiques et politiques majeures. »
Les personnes interrogées sont en effet 54% à juger que la démocratie » fonctionne bien » contre 36% en 2016 et 30% en 2014. Une confiance dans la démocratie qui se ressent particulièrement chez les 18-24 ans (61% en 2017, en hausse de 35 points en un an) et les plus de 65 ans (61%, en hausse de 18 points depuis un an).
Les macronistes ne sont pas les seuls satisfaits
Si les catégories populaires restent moins satisfaites du fonctionnement de la démocratie que les classes les plus aisées (45% de satisfaction contre 58%), ce clivage est nettement moins marqué qu’en 2016 avec une progression de 19 points pour les plus modestes contre 11 points pour les plus favorisés.
Loin de se limiter à l’électorat macroniste – 80% des électeurs d’Emmanuel Macron au premier tour sont satisfaits de l’état démocratique du pays –, c’est également le cas pour 66% des électeurs de François Fillon, 64% des électeurs de Benoît Hamon et 48% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon. Ce sont les électeurs de Marine Le Pen (31%) qui restent le moins satisfaits quant à la situation de la démocratie.
Un renouvellement qui n’empêche pas le sentiment d’une coupure démocratique
Comment expliquer une telle » régénérescence démocratique » comme la nomme la Fondation Jean Jaurès ? D’abord par le fait de » faire travailler élus de gauche et de droite pour prendre les meilleures décisions pour la France et au niveau local » qui suscitent l’adhésion de 75% des personnes interrogées. Mais aussi par » le rejet des partis traditionnels et des personnalités politiques qui étaient au pouvoir » à 66%.
Une ombre au tableau subsiste pourtant : les citoyens ne se sentent toujours pas mieux représentés. Ils ont beau être 75% à juger que les élections législatives ont permis de renouveler le profil des députés, seuls 39% d’entre eux ont le sentiment d’être mieux représenté à l’Assemblée nationale.
Le renouvellement politique, à la faveur d’une nouvelle génération de députés, est donc reconnu mais demeure insuffisant. Un état d’esprit qui n’empêche pas de saluer l’une des grandes nouveautés de cette législature, le non-cumul des mandats.
La fin du député-maire est applaudie
La fin du cumul des mandats, votée sous la présidence Hollande et mise en place pour la première fois lors des dernières législatives recueille ainsi un assentiment très fort. 60% des personnes interrogés estiment ainsi qu’elle a eu » un impact positif sur le travail des députés et leur présence à l’Assemblée nationale « .
Alors que les réfractaires prédisaient un affaiblissement du lien entre ancrage territorial et fabrique de la loi, les sondés sont dans leur majorité en désaccord avec ce point de vue. Ils sont en effet 51% à répondre non quand on leur demande si le non-cumul » crée de la distance entre citoyens et députés car ceux-ci sont moins connus sur le plan local qu’auparavant « .
Vers la fin du non-cumul dans le temps ?
Les personnes sondées veulent même encore aller plus loin. Alors que la loi permet toujours de cumuler plusieurs mandats locaux, 68% des personnes interroges » veulent interdire tout cumul de mandat quel qu’il soit « . Ils sont même 70% à vouloir » limiter le nombre de mandats dans le temps « . Exit donc, dans l’esprit des citoyens interrogés du moins, le maire en place depuis plusieurs décennies ou l’élu qui cumule poste de conseiller départemental et régional.
Les personnes interrogées se disent d’ailleurs globalement favorables à une grande réforme de l’Assemblée nationale, à commencer par la réduction du nombre de députés (79%), l’une des promesses de campagne du candidat Emmanuel Macron. Autre réforme qui séduit largement : la possibilité d’ »obliger les élus à débattre d’un sujet ou à étudier une proposition de loi si une pétition a recueilli un nombre très important de signatures » (77%) ou encore à intégrer le vote blanc dans les suffrages exprimés (72%), deux serpents de mer de la vie politique.
Seul un électeur sur deux votes à toutes les élections
Dernier enseignement de l’étude qui minore d’une démocratie française réenchantée : seuls 49% des électeurs ont voté systématiquement ces dix dernières années à tous les types d’élections (présidentielle, législatives, municipales, départementales, régionales…). Ils sont 33% à se dire plutôt assidus, c’est-à-dire à voter pour une élection sur deux ou trois sur quatre.
Enfin, un chiffre qui fera plaisir aux élus locaux : 66% des personnes interrogées voudraient » donner plus de pouvoir aux collectivités « , trois points de plus depuis septembre 2016.
Flamant rose: il me semble que c’est aux électeurs de savoir si un élu peut être à la fois maire et député, sénateur et maire et ce n’est pas à la loi de décider. De plus, limiter le nombre de mandat dans le temps c’est priver les électeurs du libre arbitre et de leur souveraineté.
Je ne crois pas que l’Assemblée Nationale actuelle avec sa cohorte de nouveaux députés donne une image très séduisante du parlement.
L’argumentation des cumulards est très connue et très utilisée, cela leur permet disent-il « d’être ancrés dans la vie quotidienne de leurs concitoyens. » C’est une argumentation fausse car il est très rare de voir un député qui avant de l’être n’a pas déjà exercé un mandat local, donc un député élu connaît déjà le terrain et, d’autre part une circonscription comme une mairie c’est aussi un ancrage local. Par ailleurs, moi qui n’est jamais voulu m’engager plus que je ne l’ai fait en politique, je peux témoigner que l’ancrage local ne passe forcement par un mandat politique. J’ai administré et présidé une association pendant 18 ans et cela m’a permis d’avoir un réseau certainement plus important que celui de certains élus locaux.
Par ailleurs la fondation Jean Jaurès ne relève pas un paradoxe dans l’esprit de nos concitoyens. Les études d’opinions semblent en effet montrer que les Français sont dans leur ensemble largement favorables au non cumul des mandats. En revanche dans les mêmes études quand on leur demande leur avis sur celui ou celle qui serait le meilleur candidat pour les représenter à l’Assemblée nationale, ils citent dans une grande majorité leur maire.
En fait la seule et vraie question que pose le cumul des mandats c’est celui de la professionnalisation de la vie politique. Au fil du temps on en a transformé l’esprit. Ce qui au départ était et devrait être encore une « mission de service public » à mener dans l’intérêt général est devenue une profession à part entière. La vie politique est devenue un métier, une carrière où l’on peut rester toute sa vie. Ces gens là vivent de la politique, vivent pour la politique, s’enferment dans la politique et finissent par vivre dans un monde irréel.
« Une ombre au tableau subsiste pourtant : les citoyens ne se sentent toujours pas mieux représentés. » Tout à fait d’accord mais nullement étonné quand on considère que plus d’un électeur inscrit sur deux se fait porter pâle le jour du vote et que les critères de sélection des candidats par les citoyens se forgent toujours sur le coefficient angulaire facial des candidats ,leur « grande gueule », leur capacité à la saturation médiatique et, enfin ,vraisemblablement à l’inculture politique d’une grande partie d’électeurs en état de sinistralité intellectuelle.
Ce pauvre Henri est le seul exemplaire du Français courageux et qui plus est le seul lucide. Lire pareille prose est des plus enrichissant, croyez-moi. Et merçi à notre modérateur de nous laisser « instruire » par cet excellent contributeur !!!
Le non-cumul coûte beaucoup plus cher à la collectivité car l’indemnité n’est plus écrêtée !!! Encore un manque de communication des élus ,comme pour la réserve parlementaire !! Le député va embaucher sa maîtresse au lieu de son épouse !!! Vous voyez l’ânerie !! Ensuite , l’imbécile Mitterrand en 1981, passe les députés de 484 à 577 !! Pourquoi ?? ! Je vous le demande Fondation Jean Jaurès classée centre-gauche !! Donc le retour probable (?)à 400 corrige une des bêtises de la gauche ! Enfin les Français étant pathologiquement flemmards et très jaloux , méfions-nous des » applaudissements » des flemmards et des jaloux !!! ça va encore se retourner contre le peuple !!!
Je crois qu’il est bien trop tôt pour tirer les leçons politiques de l’année 2017.
La fin du cumul des mandats, la limitation du nombre de mandats dans le temps, et même la réforme de l’exercice parlementaire qui sont plébiscités ne sont, à mon sens, que les conséquences d’un antiparlementarisme qui sévit depuis des années.
Les analyses tronquées de la Presse (béate devant Macron) et qui ne mettent pas en balance avantages/inconvénients ne permettent pas aux Français de se faire une opinion éclairée.
La fin du député-maire comme celle du sénateur-maire auront des conséquences néfastes dans le temps. Les élus nationaux seront coupés de la réalité du terrain. Lorsqu’un député ou un sénateur ayant la faveur des électeurs sera atteint par la limite des mandats dans le temps, les électeurs mesureront les conséquences.
Les lois prises à ces sujets sont une limitation de l’exercice démocratique.
Mais cela est encore trop abstrait pour les électeurs.