Le Brexit, je n’y crois pas !
Le peuple britannique a décidé d’entamer une instance de divorce avec l’Union européenne[1]. La procédure annoncée est lourde et son terme est annoncé à 48 mois environ.
Après une valse-hésitation, David Cameron annonce sa démission pour cet automne. Mais quoi de plus logique puisque la majorité du corps électoral s’est exprimée à l’inverse de sa propre conviction.
Sauf que …
Pour ma part, je n’exclus pas, pendant cette période, « un tour de prestidigitation » coutumier de la classe « politiquement correcte ».
Nous l’avons-nous-même vécu en 2005 suite au référendum[2] relatif au projet de « Constitution européenne » chère à Valéry Giscard d’Estaing.
Nous l’avons nous-même vécu en 2007 lors de la signature en catimini du fameux « traité de Lisbonne[3] » qui reprenait l’essentiel du traité constitutionnel Giscardien.
Chacun y va de son commentaire…
Le Brexit[4] fait l’objet de beaucoup de commentaires. Mais j’ai voulu en retenir un qui manifestement montre un esprit tortueux.
Christophe Barbier, directeur de la rédaction de l’Express a souhaité la victoire du Brexit afin que nos gouvernants (qui ne gouvernent plus !) puissent orienter l’Europe vers plus de fédéralisme, alors que la majorité des peuples ambitionne une Europe différente, puisque celle qui découle de Lisbonne débouche sur une intégration excessive et ingouvernable. Mais Christophe Barbier, régulièrement invité à l’émission d’Yves Calvi C dans l’air en profite pour suggérer une VIe république débouchant sur la suppression de l’élection présidentielle et revenant au « régime des partis » dont notre histoire a pu mesurer l’inefficacité de l’exécutif jusqu’au retour aux affaires du général de Gaulle en 1958.
L’avenir de l’Union Européenne est entre nos mains
Il convient, dans un premier temps, de tordre le cou à un cliché largement répandu par les « bobo pro Europe ». Vouloir une organisation européenne différente de celle qui est la nôtre aujourd’hui, est-ce être un anti-européen ?
La question du fédéralisme ne se pose pas aujourd’hui. Il n’y a pas de demos européen. La souveraineté reste donc nationale. Les Britanniques viennent d’en faire la démonstration. Simplement, il y a des compétences qui peuvent être déléguées à certaines institutions à condition d’être démocratiquement contrôlées. (JP. Chevènement)
La leçon qu’il nous faut tirer du Brexit conforte ce que beaucoup réclament : mettre à plat la nébuleuse Européenne, totalement déconnectée des réalités, pour l’orienter vers une organisation ne mettant nullement en cause le « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ».
Mais pour y parvenir, un gouvernement stable et déterminé est impératif, ce qui n’est absolument pas le cas aujourd’hui. Il nous faut attendre (encore attendre !) 2017 avec l’espoir que la voix du peuple de France soit réellement entendue.
Alain Kerhervé
Les réactions en France
Légende des émoticônes :
Ça m’énerve | C’est bien | Mieux vaut en rire | Dire çà ou rien, c’est pareil |
Manuel Valls : Le brexit est « révélateur d’un malaise trop longtemps ignoré ». Par Qui ?
Alain Juppé : « Un choc historique…. Il faut écrire une nouvelle page ».
François Hollande : « Un choix douloureux qui met l’Europe à l’épreuve… L’Europe ne peut plus faire comme avant ».
Jean-Marc Ayrault, ministre des affaires étrangères : « L’Europe doit se ressaisir et avancer »
Harlem Désir : « L’Europe doit se ressaisir et avancer ». Mais il copie Ayrault ! »
Emmanuel Macron : « Nous devons entendre ce message pour construire une Europe démocratique, efficace, ambitieuse et protectrice ». Il faut donc admettre que l’Europe d’aujourd’hui n’est ni démocratique… !
Jean-Christophe Cambadelis : « Maintenant que la Grande-Bretagne est sortie de l’Europe, il serait temps que l’Europe sorte de sa torpeur ».
Bruno Le Roux, président du groupe PS à l’Assemblée Nationale : « Ce qu’il faut reconstruire, c’est une Europe concrète, protectrice ». Le réalisme de la rue de Solférino !!!
Jean-Luc Mélenchon : « L’UE, on la change ou on la quitte ». Il dénonce la caste des eurocrates et la politique d’austérité.
Paul Laurent, Secrétaire national du PCF : « C’est un nouveau choc révélateur de l’ampleur du désaveu populaire vis-à-vis de l’UE néolibérale … Le temps est venu de construire une union de peuples et de nations libres, souveraines et associées ».
Gérard Larcher, Président du Sénat : « Bye Bye England, relançons le projet européen « .
Nicolas Dupont-Aignan : « Notre pays doit reprendre sa liberté et proposer des coopérations intelligentes avec nos partenaires…. Un traité d’esprit « gaullien » pour retrouver notre liberté nationale tout en travaillant avec nos amis européens sur différents projets. »
François Fillon : « C’est le fonctionnement bureaucratique de l’UE qui est condamné… la sanction aurait pu venir d’ailleurs car l’idéal européen tourne à vide depuis plusieurs années ».
Bruno Le Maire : « Ma proposition est responsable et positive… D’abord on réinvente le projet (…) et on le soumettra au peuple français ».
François Bayrou : « C’est une onde de choc qui appelle des réactions d’hommes d’États, pas de gens qui veulent suivre l’opinion ». En d’autres mots, exit le peuple.
Nathalie Kosciusko-Morizet : « Pour nous, le moment n’est pas à se lamenter. Et moins encore à faire des référendums risqués ». C’est vrai qu’il vaut mieux faire des référendums non risqués. Exit le peuple.
Nicolas Sarkozy : « Il faut refonder le projet européen »… autrement dit (c’est sous-entendu) un nouveau traité de Lisbonne ! « Je propose, dit-il, que soit créé un euro-Schengen… un gouvernement de Schengen composé des ministres de l’intérieur des pays membres ». Nicolas Sarkozy est opposé à un référendum sur la question européenne. Exit le peuple !
Jacques Myard : « Tout est désormais à reconstruire car si cette Union européenne a conduit l’Europe à l’échec, nous avons besoin de coopération entre Européens – La France, l’Allemagne, l’Angleterre ont des intérêts et besoins communs – sans pour autant tomber dans l’idéologie intégriste et aliénante. »
[1] Le traité d’adhésion du Royaume-Uni (mais aussi Danemark, Irlande et Norvège) a fait l’objet d’un référendum en France en 1972. Participation 60,24% et 68,32% de oui.
[2] 69,37% de participation. Le non l’emporte à 54,67%. [3] Signé le 19 décembre 2007 et appliqué le 1er décembre 2009. [4] 72,2% de participation, et un résultat en faveur du out (51.9%)
Si le Brexit a lieu, on pourra dire que Messieurs les Anglais se sont tirés les premiers !
Et si après avoir fait « délirer » le monde entier les British renonçaient à invoquer l’art 50 auprès de l’Union Européenne au prétexte que ce Référendum n’était que consultatif ?
Attendons ce que le parlement Britannique fera de ce résultat car c’est à lui que revient la charge de valider ou non cet avertissement populaire et d’en tirer les conséquences en nommant un autre pilote à la place du locataire actuel du 10 Downing Street.
Pourquoi ne pas citer la réaction de François Asselineau sur le site de l’UPR (https://www.upr.fr/actualite/europe/historique-royaume-uni-choisit-liberte-sonne-debut-de-leffondrement-de-construction-europeenne) ?
« Non seulement le Royaume-Uni va reprendre sa liberté mais tous les peuples d’Europe, les uns après les autres, vont désormais exiger d’avoir aussi la même possibilité.
En sortant leur pays de l’infâme piège tendu par Washington depuis 1951, les Britanniques viennent de rendre au monde un service comparable à celui de 1940.
En ce 24 juin 2016 au matin, la prétendue « construction européenne » vient de commencer son effondrement final. »
(y)
Le peuple britannique, solide et déterminé. Malgré les menaces, les chantages, les intimidations, malgré le jeu de pyromane des marchés financier, le peuple britannique a tenu bon.
Comme pendant le « Blitz », en 1940-41.
Honneur aux peuples qui ne se couchent pas.
Comme je l’avais annoncé précédemment, les « commentaires stériles »(Bien vu les binettes) ,la plupart basée sur la confusion entre Europe (Territoire géographique) et l’Union Européenne, sorte de club d’affaires, vont s’amplifier au point que certains doutent déjà de la suite qui sera donnée à cette expression démocratique. Certains vont même jusqu’à solliciter un nouveau vote, d’autres font circuler des pétitions pour que la demande officielle de recours à l’article 50 du traité d’adhésion à l’UE ne soit pas transmise à Bruxelles et enfin, là où le « scandale s’est fait jour », certains verraient bien que ce Référendum qui aux yeux de la Loi britannique n’était que consultatif ne donne lieu qu’à un remaniement ministériel en Grande Bretagne, ce qui rassurerait tous les politicards européens et mettrait un terme à une panique financière globale.
Par ici la sortie , mais pour déboucher sur quoi ? That is the question !
La sortie de l’UE par l’article 50, c’est 24 mois maximum et non pas 48…
Et je pense que personne n’a intérêt à compliquer la sortie des Britanniques… Cela les obligerait à invoquer la Convention de Vienne et entraînerait la nullité de l’article 50 et peut-être celle du traité de Lisbonne…
Non ! Dès demain, les affaires reprendront leurs droits et les Anglais sortiront sans qu’on leur mette des bâtons dans les roues. Nos échanges sont excédentaires avec la GB et celui de l’Allemagne bien plus encore…
Et à nous, nos technocrates vont vouloir imposer un autre traité, une autre constitution… C’est tout ce qu’ils leur reste pour sauver les meubles…
Vous en reprendrez bien une petite louche ?…
Ça ne peut que mal finir…!
Désolé…mais mes idées se bousculement (le début du grand âge…?) :
J’espère que ce référendum ne va pas réveiller l’IRA, ni les mouvements autonomistes écossais…avant la prochaine photo !
Là serait réellement un très gros problème intérieur britannique. Je ne suis pas sûr que la Royauté, malgré l’attachement que lui porte l’ensemble du Commonwealth, arriverait à maintenir la cohésion du Royaume Unis.
J’oubliais également, pour abonder dans le même sens (était-ce bien nécessaire ?) : j’écoutes bien sûr les divers commentaires, de droite de gauche (au sens littéral, donc, de tout le monde) sur une radio bien connue. Quelle navrance !!! C’est pitoyable…
Chacun y vas de sa petite opinion éternellement mesquine, persuadé que ses paroles vont être retenues par l’Histoire…
Seuls arrivent à décrire l’événement sont les observateurs politiques chevronnés, attentifs aux événements et pas aux personnes, aux conséqunces immédiates et aux prospectives. J’ai parfois l’impression que ces observateurs sourient (intérieurement ?) quand ils entendent les inepties de ces « pitoyables »….
Alain Kerhervé : bien évidemment ce que vous dites émane directement de la vision du Général (et nien sûr, j’y suis également attaché). Je conserve de cette aventure britannique la vision suivante : ce référendum fait bien sûr apparaitre une scission entre le peuple britannique et la politique menée (d’ailleurs pas spécialement par David Cameron) en Angleterre. Il n’empêche qu’il s’agit seulement d’une photo de l’opinion actuelle. Certes, cette photo est stable puisque figée depuis plusieurs années, mais photo quand même. Qu’en sera -t’il si les britanniques effectuent un autre référendum dans 4, 5, 6 ans ?? Nous aurons alors une autre photo. C’est valable d’ailleurs pour tous les référendums. Je suis persuadé que si nous avions fait sérieusement des photos similaires en France, le résultat serait probablement différent actuellement. Je vous rejoint également sur toutes les « interventions » émises par nos « gouvernants » et « responsables » actuels, propos que les français (j’espère) pourrons considérer de la même façon que Coluche les commentais, avec beaucoup d’humour, mais également beaucoup de réalisme.
Quant à M. Barbier (dont j’ignorais totalement l’existence), je pense que ses analyses sont à placer au même rang, en parodiant encore Coluche, « quand on a rien de particulier à dire, on n’a qu’à fermer sa g… », faute de quoi, le ridicule peut tuer.
Et pourtant….la solution serait tellement simple…avec des dirigeants conscients, mais pas opportunistes…je dis bien « dirigeants », pas « politicards » !!
A la fois, une Europe moins comité Théodule, et une Europe de Brest à l’Oural et de Reykiavic à Stamboul.Pas de 6e république des partis et la perspective vers la grande et belle route… Dignité de la Nation et de l’individu. De plus en plus gaulliste, moi!
rien à ajouter analyse très pertinente ,proche de celle de jean LASSALLE ce matin