« L’agriculture se meurt »: la lettre de Bruno Le Maire à François Hollande

Bruno Lemaire | Photo: Reuters
Face à l’ampleur et aux aveux d’impuissance du gouvernement dans la crise agricole, Bruno Le Maire, ex-ministre de l’Agriculture, écrit à François Hollande.

« Notre agriculture meurt », écrit Bruno Le Maire,  dans une lettre à François Hollande, cosignée par 93 parlementaires. « Elle meurt dans la colère et dans la souffrance, sans aucune réponse de votre part  », écrit l’ancien ministre de l’agriculture au chef de l’État, tout en lui demandant ce qu’il attend pour réagir.

« Comment pouvez-vous laisser faire cela »

Et d’énumérer les secteurs dans lesquels les agriculteurs ne tirent plus aucun revenu de leurs exploitations : le lait, l’élevage, les céréales, les betteraves, ainsi que dans les fruits et légumes.« Leur endettement est au plus haut. La plupart travaillent sept jours sur sept pour des revenus de misère. »

« Comment pouvez-vous laisser notre agriculture, ces milliers d’emplois directs et indirects, ces richesses, sa culture, disparaître ainsi ? », s’indigne Bruno Le Maire qui reproche à Stéphane Le Foll, de cumuler les fonctions de ministre de l’agriculture et de porte-parole du gouvernement.

Des propositions

Et Bruno Le Maire de proposer des mesures d’urgence et d’en appeler à une réunion de crise au niveau européen :

. Des mesures conjoncturelles pour soulager des trésoreries d’exploitations, faciliter le stockage en particulier dans la filière avicole touchée par la grippe aviaire, réduire les charges sociales des exploitants.

2) Des mesures contraignantes sur les distributeurs et les industriels pour les amener à une meilleure répartition des marges et une amélioration des revenus des producteurs.

3) Une accélération de la mise en œuvre des organisations des producteurs, pour permettre aux producteurs laitiers comme aux éleveurs de négocier leurs prix en position de force avec le reste de la filière.

4) La définition de tarifs préférentiels en matière énergétique pour les éleveurs, afin de développer le photovoltaïque et la méthanisation dans les exploitations.

5) Un gel de toutes normes supplémentaires qui entraîneraient des coûts insupportables pour les exploitants et un allégement des contrôles administratifs.

 Contenu de la lettre et liste des cosignataires

19 commentaires sur « L’agriculture se meurt »: la lettre de Bruno Le Maire à François Hollande

  1. à JP Delaisse,
    Votre observation sur « les partisans du fric en crèvent leur tirelire » est proche de ce quenous constatons depuis 3ans sur tous les marchés financiers : dès que l’on veut colmater les causes d’endettement par augmentation de subventions ou de prêts généreux par des pays qui eux-mêmes n’ont pas un sou de liquidité en poche et doivent emprunter pour « venir en aide  » on assiste à une envolée de la Bourse car les financiers savent qu’ils vont gagner du FRIC. 700 Millions d’aides sur trois ans pour les migrants débloqués par l’UE et hop les Bourses ont le sourire….hier 350 Millions pour la Grèce ,et hop les bourses s’envolaient, enfin si on débloquait un petit milliard pour nos agriculteurs…suivez les cours de la Bourse elle dépassera à Paris le seuil des 4500 points!!!!!
    Comme quoi c’est bien l’endettement qui crée le pognon pour les banques ou autres organismes financiers et non la vache laitière ou les épinards frais !!!!!

  2. Delaisse Jean-Paul // 28 février 2016 à 19 h 52 min //

    Au grand malheur de nous tous, la « corbeille » est maintenant partout ! le fric est au pouvoir, et nos gouvernants y ont participé très activement.
    Maintenant, les denrées agricoles sont à la bourse, implicitement ou explicitement. Or, rien n’est plus aléatoire qu’une récolte. Cela n’empêche rien ! le domaine du fric continuera sans complexes à spéculer sur ces éléments vitaux de la planète. Peu importe la faim dans le monde ! peu importe les suicides, en France, et sans doute ailleurs ! peu importe le malheur de tous, dès le moment où de nouveaux moyens de thésauriser sont devenus utiles et rentables. Que le tiers monde continue donc à crever de faim, les partisans du fric en crèvent leur tirelire !
    Remarquez…tant que les actionnaires sont contents….!
    Amer…? non, écœuré !
    De Gaulle, au secours !!
    Trop tard….??

  3. « l’agriculture française dispose de l’essentiel, de ses atouts incomparables qu’elle peut faire fructifier : de ses hommes et de ses femmes, des terroirs, des espaces, des trésors de savoir-faire, des jeunes prêts à s’engager, d’une variété enviée de paysages et de climats, d’une industrie de transformation parmi les plus performantes au monde, de compétences scientifiques reconnues, de chambres d’agricultures innovantes… » NDA n’oublie qu’une seul facteur, le facteur essentiel : LE FRIC !
    Le sur-endettement chronique global de tous les acteurs, y compris l’Etat français et bon nombre de collectivités territoriales, plombe la compétitivité des exploitants, ajoute des surcoûts financiers extravagants pour tous, en conduit certains au suicide et ruine les efforts des plus raisonnables. Pourtant BLM semble avoir un zeste de lucidité en disant :
    « Leur endettement est au plus haut. »
    Alors comme toujours dans la bouche des politicards il est plus facile de désigner « l’Europe..l’Europe », l’Europe comme ironisait le Gl de Gaulle ou bien encore de faire porter la responsabilité des difficultés sur des tiers….souvent mal identifiés. La crise agricole n’est que le révélateur du mal profond qui ronge tous nos secteurs économiques l’ENDETTEMENT irraisonné et excessif de nos développements.
    Réfléchissons sur le coût de la part alimentaire des produits qui viennent dans votre assiette y compris le pain et alors nous constaterons qu’en dehors de la part alimentaire nous mangeons d’abord des frais financiers, des impôts ,des taxes sur l’énergie, les emballages les transports, la distribution etc. etc. etc et accessoirement le juste prix de revient d’accès à notre bonheur alimentaire…viandes, poissons, volailles, fruits et légumes etc,etc !
    Le désastre financier de politiques suicidaires de la grande cavalerie financière qui consiste à rembourser ses dettes par de nouveaux emprunts ruine la France et le monde agricole est en première ligne pour en subir les conséquences.

  4. @Delaisse Jean-Paul,

    « …mais qui donc est venu gouverner la France il y a 4O ans ? »

    Bonne question !

  5. @radoxalement la FRance qui a longtemps cultivé sa force Démocratique,

    Les agriculteurs qui le sont restés ont récupéré les terres de ceux qui ont abandonné l’agriculture et ils ont dû s’outiller pour travailler seuls toutes ces terres. À cette seule condition ils ont pu continuer leur activité. Ils se sont donc endetés, sinon, ils disparaissent comme les autres…
    Ils ont donc été obligés de pratiquer l’agriculture voulue par la CEE puis par l’UE avec les répercutions que l’on connaît en terme de santé, de chômage, et de coût social direct ou indirect…
    La dette des agriculteurs,comme une bonne partie de la dette française est le moyen qu’utilise le système pour nous contrôler. Dans un monde rural où « avoir des dettes » était encore il y a peu, une honte, c’est bel et bien l’application de la PAC depuis les années 50 qui est aujourd’hui responsable de la ruine des derniers exploitants. J

  6. Ouroboros

    Les discours se suivent et se ressemblent année après année. Les mêmes ritournelles passent et repassent et suscitent un profond ennui. C’est l’impasse en marche arrière ou en marche avant après l’enlisement.
    Le serpent se mord la queue dans un perpétuel cycle de règles imposées, d’indignations, de révoltes, de résignations, jusqu’au geste fatal.
    Mourir plutôt que souffrir, voilà qui tempère la devise générale des hommes « plutôt souffrir que mourir » au coeur même de leur berceau.
    L’hécatombe poursuit son tour de ronde.
    La décrépitude dans un monde désordonné participe à la tragédie globale.
    L’impuissance de l’homme marque la fin de son influence à se régénérer, à participer au sursaut vers un renouveau, à être une force de proposition.
    Aujourd’hui ce n’est plus « Le roi se meurt ! » puis « Vive le roi ! » mais la France qui se meurt, (et pas seulement l’agriculture),alimentée jadis, disait-on, par ses deux mamelles, labourage et pâturage qui faisaient les vraies mines et trésors du Pérou.

    Au final, un immense Sovkhoze (ferme d’Etat) à ciel ouvert à l’échelle européenne, est fabriqué par des technocrates favorables à la collectivisation des biens et productions, pour être destiné aux peuples du vieux continent, avec un nivellement par le bas, causant la disparition progressive du nombre de petites exploitations agricoles, poussées jusqu’aux extrêmes limites de la rentabilité et qui redécouvrent le servage. Plus de salaires décents mais en contrepartie des subventions. Plus de liberté de productions mais des quotas. Voilà aujourd’hui la réalité tragique sept jours sur sept, de ce qu’est la concurrence libre et non faussée normée par les textes supranationaux.

    Les producteurs locaux redécouvrent grâce aux kolkhozes (coopératives agricoles) de nouvelles formes de transactions entre producteurs locaux et consommateurs pour éviter les pressions des marges des intermédiaires et distributeurs.
    Globalement pour notre pays, c’est moins d’emplois directs et indirects dans de nombreuses filières , une désertification de certaines régions, un appauvrissement du lien social, des friches en augmentation, un patrimoine délabré, une culture et des modes de vie imposés par des fast-food, à terme une politique agricole dépendante dictée directement par Bruxelles, Washington, l’OMC, et le projet TAFTA.

    La logique de Monsieur Bruno Le Maire c’est de prendre des mesures conjoncturelles par exemple pour sauver de petits éleveurs de la grippe aviaire et de les soulager de leurs difficultés de trésorerie. L’intérêt général et La santé publique nous y obligent déjà au départ. Au final ça reste toujours l’argent du contribuable. Pour le reste, il raisonne sur un plan purement financier comme pour n’importe qu’elle entreprise qui veut survivre face à ses charges, aux nouvelles normes, aux contrôles administratifs et fiscaux tatillons. Produire plus, produire mieux comme il le suggère pour mieux lutter contre les lois du marché, il y a là aussi des limites. Pour les grandes exploitations céréalières peut-être, jusqu’au jour où elles aussi connaîtront un nivellement mais cette fois-ci par le haut, sachant qu’elles sont par ailleurs tributaires des cours des matières premières et des ressources naturelles comme l’eau qui deviendra une denrée rare et pour laquelle le monde se battra demain comme pour la conquête du pétrole.
    Si la solution immédiate consiste à provoquer une nouvelle réunion exceptionnelle des chefs d’Etat européens comme le préconise M. B.Le Maire, qu’il nous dise déjà s’il souhaite plus ou moins d’Europe et avec quelles conséquences à la clé pour nos producteurs et pour nos consommateurs.

    Monsieur B.Lemaire fait partie des nombreux ouroboros. Son discours est bien connu et participe comme un leitmotiv dans une oeuvre musicale globale. Qu’il nous dise franchement qu’elles sont ses véritables pensées sans se mordre la langue.
    Il ne peut pas ménager éternellement la chèvre et le choux sans désigner un jour les prochaines victimes de ses choix politiques où ceux qui lui seront dictés et qu’il soutiendra.

    René Floureux 31.01.2016

  7. radoxalement la FRance qui a longtemps cultivé sa force Démocratique // 31 janvier 2016 à 8 h 40 min //

    A Frémondière..et aux autres intervenants
    Un accès de lucidité remarquable sur le rôle joué par les politicards, avec cependant un oubli: le surendettement chronique des exploitations agricoles,( malgré subventions et conditions de prêts avantageuses), qui pèse LOURD sur la rentabilité ,donc la compétitivité des exploitations. Rembourser ses dettes quand on ne gagne pas assez, le gouvernement de la France est certainement de ce point de vue le plus mauvais conseiller ou interlocuteur pour l’ensemble du monde agricole.

  8. GENTY Jean Claude // 30 janvier 2016 à 20 h 13 min //

    Un seul commentaire, inspiré par le merveilleux Michel Audiard :
    <>.
    Amen !!!

  9. Delaisse Jean-Paul // 30 janvier 2016 à 17 h 47 min //

    Avec Michel Chailloleau : 40 ans….j’évoques ce délai depuis plusieurs semaines ici, (et de nombreuses années en privé…)…mais qui donc est venu gouverner la France il y a 4O ans ? le début des déchéances, des renoncements et des aliénations….toutes choses qui n’ont jamais cessé depuis !

  10. Cette lettre est un chef d’œuvre de Tartufferie.

    Lemaire, ancien ministre de l’Agriculture,et adepte des dogmes européistes, est co-responsable de la situation.

    Comment ose-t-il s’exonérer de sa responsabilité…politique ? Ce culot…

  11. M. Lemaire a une pleine responsabilité gouvernementale. Qu’a-t-ll fait pour que les agriculteurs vendent au juste prix ? Qu’a-t-il fait pour que les consommateurs français aient assez de ressources pour acheter la qualité française ? Qu’a fait M. Lemaire contre la concurrence déloyale ? Les socialistes sont nuls mais ils ne sont pas les seuls Zéros.

  12. Michel Chailloleau // 30 janvier 2016 à 12 h 47 min //

    C’est un ancien ministre de l’Agriculture, il n’y a pas si longtemps, qui ose dire cela. Comment peut-on changer à 180° d’idée?
    La responsabilité de la crise agricole incombe à tous les gouvernements qui se sont succédés(gauche et droite) depuis environ 40 ans. Ils ont accepté de subir la loi de la commission de Bruxelles, de l’Europe, l’embargo contre la Russie, etc… Par pitié, un peu de sérieux Mr Bruno Lemaire!!

  13. Le Rouméliote // 29 janvier 2016 à 19 h 42 min //

    Et dire, en plus, que cet escroc a bien décrit dans son livre Jours de pouvoir, son incapacité à changer quoi que ce soit sur la PAC !

  14. Delaisse Jean-Paul // 29 janvier 2016 à 19 h 20 min //

    Belle tentative ! est-ce que son écho franchira le portail de l’Elysée ? Notre président actuel me semble tout à fait en dehors de la réalité, qu’elle soit française et nationale, ou extérieure. Quand on ne veut pas, on se met inconsciemment des boules Quies, remettant à plus tard les problèmes qui dérangent (voir les taxis, qui ont poireauté plusieurs jours -avec tous les désagréments que l’on sait- pour que, finalement, on accède à des revendications qui, pour ma part, ne sont pas recevables en l’état.), qui dérangent, donc, ou pour lesquels on n’a aucune solutions réfléchies. Or, mes parents m’ont toujours appris que « gouverner, c’est prévoir ». Si manifestement tout ces gens là n’ont rien prévu, ils n’ont rien à faire à la gouvernance.

  15. J’ajoute que pour modifier la Politique Agricole Commune, il faut l’UNANIMITÉ des 28…
    Un seul état-membre peur s’opposer à toute modification des traités : art 48 du TFUE (Lisbonne)…
    …Et il existe parmi les 28 de nombreux états à qui la PAC convient très bien telle qu’elle est définie dans les traités…
    B.Lemaire nous enfume !… Une nouvelle « autre Europe » agricole ne peut émerger des réglementations actuelles de l’UE car les textes sont verouillés par l’article 48.
    On en sort où on crève…

  16. Je fais mien ce commentaire de Fifi Brind_acier sur :
    http://www.agoravox.fr/auteur/pilou-camomille
    Il s’applique parfaitement à Bruno Lemaire…

    « Normal, la « fameuse concurrence libre et non faussée », est faussée par le fait que l’ Allemagne et l’ Espagne n’ont pas de SMIC agricole, donc moins de charges liées à l’emploi de salariés. 
Fin de partie pour la production des fruits, des légumes et de l’élevage français. 

    • 

    Définition et objectifs de la P A C, articles 38 &39 :
    ** Accroître la productivité de l’agriculture « ( fermes industrielles)
    ** »en développant le progrès technique« (en automatisant)
    ** »en assurant le développement de la production agricole« ( rien sur la qualité des produits, ni le bien être des animaux)
    ** »ainsi d’un emploi optimum des facteurs de production, notamment de la main d’oeuvre ».
    En clair, produire beaucoup, le moins cher possible en automatisant, en industrialisant les process, et avec le moins de salariés possible, payés ( en dehors de la France) le moins cher possible. 

    • 

    L’agriculture française de qualité, familiale et de terroir n’a aucune chance de subsister dans la logique de la PAC, et encore moins avec TAFTA… La meilleure solution pour sauver l’agriculture française, les agriculteurs français, sortir de la PAC, éviter TAFTA et la malbouffe, c’est de sortir de l’ UE par l’article 50.
    • 

    L’auteur devrait peut-être mettre de l’ordre dans ses idées. On ne peut pas à la fois refuser de sortir de l’ UE et se plaindre de l’application des Traités européens…
    « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes… » disait Bossuet. »

  17. J’ajoute que l’embargo idéologique de l’UE à l’égard de la Russie a privé nos producteurs de débouchés commerciaux à l’exportation.

  18. Dans cette lettre il y a un oubli majeur que l’oligarque ultralibéral qu’est Bruno Le Maire ne peut envisager c’est la règle de la concurrence libre et non faussée de l’UE notamment des producteurs allemands en matière laitière et porcine avec des travailleurs, polonais entre autres, sous-payés, la déréglementation salariale en Allemagne. Il manque donc totalement de crédibilité et ce qu’il propose ne sont que des mesurettes, des soins palliatifs à une agriculture française qui se meurt.

  19. fremondiere // 29 janvier 2016 à 13 h 02 min //

    il y a des moments, ou je me demande , si les irresponsables de Droite et de Gauche, nous prenne vraiment, pour des IMBECILES quand, il gouverne, il n » on aucune solutions, dans l »oppositions, il retrouve des idées , LE problème est simple , L.EUROPE; la libre circulations des Marchandises ,comme CHEZ nous ; 5.7 Millions de Fonctionnaires , le trains de vie de nos politiciens , des dettes énormes, des grandes surfaces, qui achète, LA. Ou le prix est ,il sont FOUTU

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