Henri Guaino: «Le terrorisme des bien-pensants est une calamité»

INTERVIEW Par Charles Jaigu – Coorganisateur de la journée de travail des Républicains sur l’islam, le député des Yvelines affirme qu’« il n’y a pas de place pour la reconnaissance des minorités et pour le multiculturalisme » en France.

 

LE FIGARO – Pourquoi avoir organisé à huis clos la réunion des Républicains sur l’islam ?

Henri GUAINO – C’est un sujet qui doit être traité dans la sérénité avec sérieux, avec gravité, loin des jeux de rôles et des postures de la politique spectacle.

Pour la sérénité, c’est raté : il y a eu beaucoup de polémiques…

Une fois de plus, la bêtise à front de bœuf s’est mêlée au débat. En entendant les commentaires de certains responsables politiques et de certains éditorialistes, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à Voltaire lorsqu’il disait des juges de l’ancien régime: «Bêtes comme des bœufs, féroces comme des tigres.»

Qu’est-ce qui vous a le plus choqué ?

Le porte-parole du gouvernement qui a déclaré : «Je porte un regard extrêmement inquiet sur cette réunion sur l’islam à huis clos.» Ce gouvernement a perdu toute retenue démocratique. Il est entraîné dans une dérive autoritaire : il ne supporte plus la moindre critique, la moindre divergence. Il ne répond plus que par l’invective, les mouvements de menton, l’intimidation. Des participants à notre réunion ont fait l’objet de pressions inacceptables.

Quel genre de pressions ?

Des pressions politiques venant des sphères gouvernementales comme il y en a eu lorsque Nicolas Sarkozy a été invité à déjeuner à la Grande Mosquée de Paris et des pressions de la part des extrémistes qui se montrent menaçants à chaque fois que se profile une possibilité de dialogue. J’observe aussi que certains médias se sont régalés à relayer les tentatives d’intimidation manifestes contenues dans les propos outranciers émanant de personnes connues pour ne représenter qu’elles-mêmes.

Vous critiquez aussi les médias…

Ils ont annoncé que les représentants du Conseil français du culte musulman ne viendraient pas. Ils sont venus. J’ai trouvé au cours de ces derniers jours que les bœufs tigres de Voltaire étaient particulièrement bien représentés dans la caste des commentateurs qui donnent à tout le monde des leçons qu’ils ne s’appliquent jamais à eux-mêmes. Un peu plus de rigueur morale et d’honnêteté intellectuelle : est-ce vraiment trop demander ?

Faire passer en priorité la question de l’islam n’est-ce pas courir après le Front national et nourrir l’islamophobie ?

Toujours la même rengaine: parler de l’immigration c’est être xénophobe, de la sécurité c’est être facho, de la filiation c’est être homophobe, de la nation c’est être nationaliste, de l’identité c’est être raciste… Le terrorisme des bien-pensants est une calamité de notre époque. Ces gens bouffis d’arrogance et de prétention feraient mieux de se taire: ils abîment les causes qu’ils prétendent servir!

La bonne conscience, c’est l’ennemi ?

La bonne conscience, c’est terrifiant. C’est l’autojustification, le contentement de soi, l’absence totale de doute, la négation de la dimension tragique de la vie, de l’Histoire, de la politique. Elle enfante la pire des politiques: celle de l’autruche. La dignité de l’homme est dans le cas de conscience.

Ya-t-il un problème avec l’islam ?

Il y a eu un problème avec le judaïsme, avec le protestantisme, avec le catholicisme. L’islam est en France un fait religieux et un fait culturel nouveau. Et il n’y aurait aucun problème, aucun sujet? Faire émerger un islam de France, ce n’est pas un sujet? Les laïques font la chasse aux crèches, les catholiques se sentent méprisés, les juifs menacés, les musulmans rejetés. Pas de sujet? Des jeunes Français partent faire le djihad, pas de sujet? On ne peut pas enseigner la Shoah dans certaines écoles. Pas de sujet? Le rapport du spirituel et du temporel, le statut de la femme, les lieux de culte, la formation des imams, pas de sujet? Une partie de la jeunesse ne croit plus à l’égalité des chances, pas de sujet? Et ne pas reconnaître que, sur fond d’insécurité économique et sociale, l’insécurité culturelle, éducative, morale, identitaire crée un contexte particulier est une lâcheté et une folie.

Les Républicains sont divisés sur l’assimilation. Alain Juppé estime que l’idée «d’assimiler les gens, d’effacer les différences, n’a pas de sens»…

Dans la conception française de la nation, il n’y a pas de place pour la reconnaissance des minorités et pour le multiculturalisme. La République ne veut exproprier personne de sa propre histoire, mais elle fonde le sentiment d’une destinée commune sur le partage d’une histoire, d’une civilisation, d’une politesse: c’est l’assimilation. C’est Senghor ou Césaire: une identité propre et le partage d’une identité commune. C’est une terrible faute d’avoir laissé le multiculturalisme prendre le pas sur l’assimilation. Résultat: chacun s’enferme et se durcit. Si la régression communautaire se poursuit dans les esprits, nous le payerons très cher en divisions et en affrontements. Refaire une nation, c’est le grand défi.

Mais personne ne fait campagne contre la nation !

Entre ceux qui confondent le libre-échange avec une religion qui interdit de défendre les intérêts économiques de la nation, les adeptes d’une Europe supranationale gouvernée par les juges et les bureaucrates, la réforme territoriale qui prépare le retour des principautés, le projet de ratification de la charte des langues régionales et minoritaires qui pour la première fois dans l’histoire de la République reconnaîtrait des droits juridiques particuliers aux minorités, la dévastation de l’école, la prolifération des zones de non droit, les revendications communautaires, vous trouvez que la nation est à l’honneur ? Le premier secrétaire du PS tweete: «Je ne connais pas l’identité de la France, je connais l’identité de la République.» À part ça, tout le monde aime la France et il n’y a pas de sujet. Mais chut! Ne dérangeons pas les bonnes consciences !

 

8 commentaires sur Henri Guaino: «Le terrorisme des bien-pensants est une calamité»

  1. Gilles Le Dorner (Bourges) // 21 juin 2015 à 7 h 22 min //

    alors comme cela , on gèlerait à Bruxelles les avoirs , et même les avoirs orthodoxes ? des pères de leur Europe , selon leur expression , d’ un bloc ou d’ un empire ou d’ un système de directives et de banque ou de quelque forfaiture ou des alliances de l’ Otan , cette Europe subie qui fait honte , qui manipule et qui étouffe et qui méprise et de tout son poids de non-sens allant jusqu’à attiser ou conforter les schismes comme les nationalismes qui guettent ou les régionalismes qui voudraient décomposer et allant , de ses invocations de racines ou de paix , mais se raidissant dans une attitude du seul bon-droit et de guerre froide aussi , jusqu’à omettre ou falsifier ou mystifier du mot liberté le sens possible d’ être libre et de respect et de choisir , tout pères contraires à d’ autres volontés exprimées en souverainetés constitutionnelles comme d’ en France , en France et gaulliste et gaullienne et DLF pourquoi pas et de ne pas se servir des cultes ni mélanger religion et Etat . En incartade ou en rappel ou en bémol , et dans le respect des limites , quand il ne faut pas invoquer il est vrai ni utiliser religion pour justifier quelque politique ou Etat , « rendez à « 

  2. Michel Chailloleau // 12 juin 2015 à 11 h 55 min //

    Je suis désolé de ne pas comprendre pourquoi Mr Guaino serait le meilleur candidat gaulliste?

  3. Gilles Le Dorner (Bourges) // 11 juin 2015 à 6 h 52 min //

    N’ étant ni prêtre ni imam ni archimandrite ni rabbin ni pasteur protestant mais toutefois et de ma ou mes paroisses et d’ Assise il est vrai et mémoire de journées d’ Assise aussi , en liberté de choisir , en liberté de croire , en liberté respectée de ne pas croire , en liberté même de prier et d’ Espérer , en liberté de choisir et de respecter , en liberté en tout respect de dire ou écrire et faire et parfois omettre et se tromper dans les limites du respect , et liberté du oui restant oui et du non restant non , variation ou application aussi de l’ intitulé-résumant « Fides et ratio » . Il n’ est pas de civilisation ou de l’ Orient ou de l’ Occident . Le Bon Dieu , expression qui fait peut-être sourire ou ricaner mais qu’importe c’ est déjà cela quand par delà le vinaigre ou les moqueries peut-être se dessine en Espérance aussi un Sourire de Dieu , n’ est pas une civilisation ni une religion ni un Etat . Opposer une civilisation de l’ Orient à celle de l’ Occident ou une civilisation de l’ Occident à l’ Orient , c’ est revenir en somme , sous l’ évocation d’ échanges souhaités fructueux et remettant souvent à plus tard , à l’ époque de « la terre des deux rois » quand le monde se partage et divise du fait du diviseur . Commencer déjà par le droit , en droit et respect d’ existence , et respect de coexistence des religions et sans anathèmes ou pire . Refuser l’ acceptation cachée de la notion d’ un Orient ou d’ un Occident qui ne serait ici ou là que la base ou le berceau exclusif ou la racine d’ une religion voire son utilisation en commerçants géopolitiques , et le retour insidieux aux empires ou quelques noyaux de plombs durcis en religions . Et puisqu’il faut accepter les réalités et défendre de nos droits et votes déjà d’ici déjà d’en France le respect des nations comme de la coexistence des religions , res publica ou bien commun et depuis le socle constitutionnel et comme garde-fou des chaos et pertes de repères et dilutions et effacements des mémoires et blocs et empires et spirales , accepter et cultiver , de la Sagesse et du bon sens puisé aussi de l’ histoire de nos histoires , la sage prudence en l’ échelle humaine d’ un pays et pays-nation . Méditations et lectures , entre autres , et lire ou relire aussi « Les clés essentielles de l’ édit de Nantes » ou  » Entre empire et nations » . De la nation et des nations . Liberté , Fraternité , Liberté d’ Espérance aussi

  4. Libres dans un monde éclairé

    En marge de la journée de travail des « Républicains » sur l’islam, tenue à huis clos , le député des Yvelines H.Guaino déclare que « Le terrorisme des bien-pensants est une calamité ».

    Le terrorisme traque, espionne, intimide, menace, bâillonne, fait du chantage, tyrannise, terrorise, torture, tue.

    Le terrorisme d’Etat à commencer par lui existe dans bien des pays, sous toutes les latitudes, c’est une première évidence.
    Aucun individu n’est totalement à l’abri du terrorisme d’Etat qui peut revêtir diverses formes même s’il vit sous un régime politique proclamé officiellement démocratique et censé garantir les libertés individuelles.

    Qui sont alors en définitive les terroristes avec leurs méthodes parfois criminelles dans un monde ou même le sens des mots a de quoi décontenancer les « bonnes consciences » ? Le champ des possibles est vaste à tous les étages d’une société pyramidale.

    Le fait ensuite que le terrorisme soit l’oeuvre féconde de bien-pensants est une seconde évidence. La vision mondialiste idéaliste imposée idéologiquement par des bien-pensants, peut se transformer en tyrannie. Qui sème le vent récoltera la colère d’un peuple !

    Autre terrorisme, celui par exemple de la grande criminalité organisée, parfois en relation avec les bandes mafieuses attirées par le butin, le pouvoir de décision et de contrôle dans de nombreuses sphères économiques et financières bien juteuses avec la complicité d’un pouvoir centralisé ou décentralisé.
    C’est une calamité pour tous les pays touchés par cette lèpre.

    Il existe aussi un terrorisme religieux, objet d’une vive actualité, pratiqué aussi par des bien-pensants, comme celui qui règne actuellement en Irak ou en Syrie, qui inflige les pires sévices sur certaines populations et qui se propage sur le pourtour méditerranéen, aux portes de nos côtes.
    Les mêmes qui osent s’attaquer à des vestiges de civilisations anciennes à Ninive, Nimroud, Mossoul, Hatra, Palmyre. Ne s’agit-il pas là également de crimes commis contre l’humanité, le beau, le sacré, l’intelligence, le savoir, les siècles d’histoire sur des terres foulées par leurs ancêtres.
    Ce terrorisme est également bête et féroce, justifié par ses auteurs par une « bonne conscience » révélée.
    On dépasse là le summum de l’arriération mentale pendant que les « grandes consciences » elles, sont réduites au silence de gré ou de force. Mais le silence apparent comme l’eau stagnante peut se révéler être une stratégie de guerre. Ne jugeons donc pas hâtivement des situations malgré les impatiences justifiées des pays qui appellent à l’aide !
    Ce terrorisme de feu et de sang s’exporte y compris sur notre sol comme ce fut le cas en janvier 2015.

    Ces actes sont indignes et l’homme devra en répondre devant le créateur, l’humanité toute entière et devant la justice des hommes même si elle restera toujours imparfaite pour des puristes.

    Un autre terrorisme sévit aussi dans nos contrées européennes. Le terrorisme intellectuel qui est pointé du doigt en France au travers de lois considérées comme liberticides avec cette circonstance aggravante que parmi nos dirigeants politiques certains ont parfois cette fâcheuse outrecuidance de vouloir faire la morale à leurs voisins du même continent. Malheureusement, on se contente simplement de dénoncer le terrorisme intellectuel pour défendre la liberté de penser, la liberté d’expression, la liberté d’opinion, qui se transforme très vite en délit d’opinion. Au final rien ne change après une nouvelle alternance politique tout aussi malléable que la précédente. Les griffes du code pénal restent tout autant acérées imprégnées qu’elles sont par l’encre des lobbies.
    Ce terrorisme intellectuel, inodore, incolore et sans saveur mais qui ne manque pas de sel cependant pour ses auteurs, est insidieux, hypocrite et peut s’avérer à terme être mortel pour une société, même s’il est distillé par petites doses homéopathiques le plus innocemment du monde et parfois sans laisser forcément d’indices.
    Ce poison de notre démocratie, est même enseigné dans toutes les promotions au sein de nos plus prestigieux établissements sans être forcément remis en cause par nos futurs cadres dirigeants qui s’empressent une fois au pouvoir de l’appliquer dans les diverses sphères de la société qu’elles soient publiques ou privées.
    Les mêmes causes produisent forcément les mêmes effets. Les remèdes sont bien trop tardifs lorsque le mal est diagnostiqué. La société manipulée devient amorphe incapable de réagir.
    Et on s’étonne ensuite qu’un peuple devienne sourd aux discours politiques ! Soit son électro-encéphalogramme est plat, soit parce qu’il a cette certitude d’être abusé par l’abus de pouvoir et la manipulation, qu’il est désabusé. On ne discute plus dans ce pays, on impose !

    Le pays attendra encore à se réformer, à faire sa révolution culturelle aussi longtemps que l’homme restera vipère, cobra, python constricteur, plante ou champignon hallucinogène.

    Alors refaire la nation comme le réclame H. Guaino, certainement car nous allons droit devant de très graves déconvenues à laisser ce pays se déliter sans réagir. De là à s’imaginer que le multiculturalisme, le communautarisme, le repli sur soi, soient la solution de repli idéale pour compenser un Etat moribond est une erreur fondamentale que nous paierons très cher. Si la solution à cet état de fait passe par une simple révolution de palais c’est nous faire prendre des vessies pour des lanternes.
    Dans ce cas, les tigres pourraient bien changer de camps et s’en prendre aux bœufs bien trop placides et bien trop installés dans leur conformisme douillet.

    René Floureux 08.06.2015

  5. Flamant rose // 7 juin 2015 à 10 h 15 min //

    Guaino reprend verbalement ce que dit Philippe Némo dans  » La régression intellectuelle de la France  » , livre dans lequel l’auteur parle des problèmes sociétaux que connaît aujourd’hui la France et qui, dit-il, ne sont pas insolubles. Cependant, ils ne peuvent être réglés parce qu’ils ne peuvent même pas être expressément posés et discutés. En effet, au pays de Voltaire et de Beaumarchais règne désormais une « pensée unique » de nature néo-religieuse, qui bénéficie du monopole qu’une certaine famille idéologique est parvenue à établir sur l’école et les médias, et aussi d’un dispositif de censure (loi Gayssot, loi sur la HALDE, lois dites « mémorielles »…) car ces lois exposent à l’amende ou à la prison ceux qui osent dire certaines vérités contraires à l’orthodoxie régnante ou seulement aborder certains sujets tabous ce qui peut être comparé dans son principe à l’Inquisition. On ne raisonne plus dans le pays en termes de vrai et de faux, mais, comme dans les sociétés primitives, de pur et d’impur. En conséquence, la France connaît ces années-ci une situation de régression intellectuelle caractérisée, dangereuse en ce qu’elle empêche le pays de penser rationnellement son avenir.

  6. Le terrorisme intellectuel des bien pensants est une calamité. Henri Guaino parle en orfèvre !

  7. Guaino pense juste.
    Gauino a une réflexion globale, articulée sur les conséquences des actes à long terme des actes publics, et non sur des postures électorales.

    Parmi ceux qui ont une expérience du pouvoir, Guaino est la seule tête vraiment pensante et cohérente de ce que qui reste de la mouvance gaulliste.
    Henri Guaino , avec sa belle intelligence, sa forte personnalité et sa perception globale des réalités nationales et internationales, devrait être le candidat des gaullistes, et plus largement de tous les patriotes soucieux de reconstruire notre nation… notre candidat à l’élection présidentielle de 2017.

    Je regrette qu’il se croit tenu à une fidélité à l’égard de N. Sarkozy.
    C’est une impasse.
    Quand bien même celui-ci sortirait victorieux d’un duel avec Marine Le Pen, ce ne serait que de justesse, avec une très forte abstention et sans base populaire solide.

    Il y a toujours une surprise dans l’élection présidentielle. La surprise vient toujours du peuple.Car notre peuple , si fin politique, a depuis longtemps compris que l’élection du Président est vraiment la seule où il peut exercer un choix d’orientation général.

    Dans l’état de fragmentation où est le pays, qui de lucide ne voit, qui ne sent que l’heure a sonné pour un candidat authentiquement gaulliste , seul capable de rassembler dans toutes familles politiques, seul capable d’enclencher une dynamique d’unité nationale et de reconstruction du tissu national.

    Henri Guaino a la carrure.
    Il peut devenir cet « homme de la nation » dont notre pays a tant besoin.

    A nous de vouloir l’y aider.

  8. LAINÉ Bernard // 6 juin 2015 à 12 h 51 min //

    Comme disait l’ « AUTRE »: Ayez pitié, ils ne savent pas ce qu’ils font … !
    De doux dingues plutôt plus méchants que ça .!

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