Malika Sorel : «Les partis de gouvernement ont abandonné au FN la question de l’immigration»

FIGAROVOX/TRIBUNE – La spécialiste des questions d’intégration Malika Sorel-Sutter regrette que droite et gauche, de peur d’être accusés de «braconner sur les terres du FN», n’osent plus assumer une politique en matière d’immigration.


Malika Sorel-Sutter a été membre du collège du Haut Conseil à l’Intégration et de sa mission Laïcité. Elle est administrateur de l’association de Défense et de géopolitique Géostratégies 2000. Elle est notamment l’auteur d’«Immigration, intégration: le langage de vérité». (Fayard/Mille et une nuits, 2011)


Stupeur et tremblements dans la «France d’en haut»: un sondage Ifop pour Le Figaro donne la présidente du Front national vainqueur de l’élection présidentielle à venir dans l’hypothèse où elle affronterait François Hollande au second tour. En juillet dernier, un sondage Ifop la donnait déjà devançant Nicolas Sarkozy et François Hollande au premier tour. Voici donc le Front national «aux portes du pouvoir», comme s’en est alarmé le premier ministre Manuel Valls.

La créature qui avait été introduite dans l’arène politique par François Mitterrand en 1984, et qui avait été depuis lors utilisée par les partis de tous bords pour éviter de traiter les sujets qui se rapportent à l’immigration et à l’intégration, est en passe de pouvoir dévorer les apprentis sorciers. Le personnel politique persiste cependant dans son refus de reconnaître qu’il paie là son incapacité chronique à traiter les causes profondes des problèmes d’intégration qui angoissent de plus en plus les Français. Si ces angoisses n’avaient pas été avant tout d’ordre identitaire, ceux-ci auraient aussi bien pu se tourner vers le Front de gauche.

L’espoir placé en Nicolas Sarkozy qui est, tout comme Manuel Valls, quasiment seul dans son parti à oser traiter des fondements de l’identité des Français, fut lourdement déçu. Sitôt élu, il fit l’exact inverse de ce qui était attendu de lui.

Manuel Valls, qui dégringole dans les sondages, devait sa popularité à son langage de vérité sur l’immigration et l’intégration ; à ses prises de position en faveur des principes républicains, en particulier la laïcité ; à l’autorité et au courage politique qui émanaient de lui. Mais lorsqu’il passe de la théorie aux travaux pratiques, les Français déchantent. Devenu ministre, il impose le port d’un matricule aux policiers ; les régularisations bondissent ainsi que les naturalisations – il promet même d’en faire davantage. Le pays vit à crédit et s’enfonce dans le chômage ; l’intégration culturelle ne se fait plus qu’à la marge. Qu’importe! L’État poursuit sur sa folle lancée, continuant d’accueillir des centaines de milliers de nouveaux entrants chaque année.

À même cause, mêmes effets: c’est l’écart entre les paroles et les actes qui avait entraîné la chute de Nicolas Sarkozy. Ce dernier avait été élu sur la promesse de restituer aux Français le droit qui leur avait été confisqué d’être fiers de leur culture et leurs traditions. L’espoir placé en Nicolas Sarkozy qui est, tout comme Manuel Valls, quasiment seul dans son parti à oser traiter des fondements de l’identité des Français, fut lourdement déçu. Sitôt élu, il fit l’exact inverse de ce qui était attendu de lui: diversité culturelle érigée en dogme ; nominations à raison des origines ethno-raciales, donc rupture avec la méritocratie républicaine pour laquelle le peuple français avait pourtant déclenché la Révolution ; nomination d’un ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale qui s’empresse de soutenir que «la France n’est ni un peuple, ni une langue, ni un territoire» ; bousculant par ailleurs des codes de savoir-être auxquels les Français attachaient grande importance.

Totalement absorbé par la résorption de la crise économique et financière, il ne vit rien venir: François Hollande fut l’instrument qu’utilisèrent les électeurs pour le faire disparaître de leur quotidien. Les Français se sont comportés tels des enfants qui repoussent leur assiette sans s’inquiéter au préalable de ce qui leur sera servi à la place. Cette fois-ci, ils semblent vouloir jeter leur dévolu sur Marine Le Pen afin qu’elle les débarrasse d’une classe politique devenue insensible à leurs angoisses. 87 % des Français estiment désormais que les politiques se préoccupent peu ou pas du tout de ce que pensent les gens comme eux (Cevipof, janvier 2014). La force de Marine Le Pen a été de le sentir et d’inventer le slogan UMPS qui lui permet d’amalgamer l’ensemble des partis de gouvernement. Ces derniers lui ont grandement facilité la tâche en désertant de concert la défense des principes républicains et en taxant, dans un réflexe quasi pavlovien, de lepéniste quiconque osait aborder de face les questions d’immigration, d’intégration culturelle, de nation, d’identité. Le Front national n’a pas besoin de travailler ; les autres partis le font pour lui. C’est ainsi que dans l’esprit des Français, ils ont établi une sorte d’équivalence entre le Front national et la patrie, terme qui est presque devenu tabou.

Si les Français se tournent vers le Front national, c’est principalement en raison de son positionnement sur le sujet de l’immigration-intégration. En effet, les enquêtes montrent qu’ils n’adhèrent pas majoritairement au reste de son programme.

Depuis l’accession au pouvoir de François Mitterrand, les partis politiques n’ont eu de cesse d’abandonner, les uns après les autres, tous les domaines qui touchent de près ou de loin à l’identité des Français. Ainsi en est-il de la laïcité, qui au fil du temps est devenue une jauge à l’aune du respect de laquelle les Français identifient ceux qui sont aptes à vivre selon leurs normes et ceux qui ne le sont pas, n’hésitant pas à déserter certains territoires. Plutôt que de se pencher sur les raisons du malaise, les élus ont répliqué en instaurant la loi SRU.

Si les Français se tournent vers le Front national, c’est principalement en raison de son positionnement sur le sujet de l’immigration-intégration. En effet, les enquêtes montrent qu’ils n’adhèrent pas majoritairement au reste de son programme: 60 % se déclarent hostiles à toute sortie de l’Union européenne, 59 % se déclarent attachés à la monnaie unique (Viavoice, avril 2014).

À l’expression d’une insécurité culturelle grandissante, les hommes et femmes politiques persistent malheureusement dans leur aveuglement et répondent par des calculs d’appareils, des combines entre individus, des appels au centre (traduisez: bannissement du sujet de l’identité nationale), quand ils devraient regarder la réalité en face et privilégier à tout instant l’intérêt supérieur de la nation.

3 commentaires sur Malika Sorel : «Les partis de gouvernement ont abandonné au FN la question de l’immigration»

  1. Analyse que partage de nombreux français , ainsi que le gaulliste que je suis . Nous aurons , s il n y a pas un sursaut patriotiques , des lendemains qui déchanteront

  2. LA CIBLE FN

    Malika Sorel affirme que « les partis de gouvernement ont abandonné au FN la question de l’immigration ».

    Il serait juste de rappeler quand même que Jean-Marie Lepen, Président du Front National, n’obtint même pas les 500 parrainages nécessaires pour participer à l’élection présidentielle de 1981 et tout fut fait pour que son parti soit écarté du pouvoir aussi longtemps que les digues d’une entente cordiale rose et bleue pouvaient tenir afin d’assurer ainsi alternativement le pouvoir aussi longtemps que possible.

    Pour un pays comme la France qui se veut d’être toujours à la pointe du modèle démocratique par excellence, qui implique notamment la pluralité des partis, la liberté d’expression, la liberté d’opinion, la liberté d’association et j’en passe, qu’est ce qui justifie qu’un premier ministre socialiste, en l’occurrence M.Valls puisse distiller la peur aux Français en affirmant que le Front National est « aux portes du pouvoir », condamnant du même coup des millions de Français au silence et à la relégation §

    Cette expression subliminale de M.Valls laisse à penser que le front national, c’est le retour des chemise noires de Benito Mussolini membre du parti socialiste italien lors de la marche sur Rome en octobre 1922 ou celle d’Adolf Hitler chef du parti ouvrier allemand national-socialiste qui lance en novembre 1923 sa marche vers le Feldherrnhalle à Munich.

    Que je sache, le Front National n’est pas un parti interdit qui viendrait d’essuyer une dissolution par le ministère de l’Intérieur pour des activités contraires à nos lois républicaines, à notre régime démocratique,aux intérêts vitaux de notre pays. Arrêtons cet enfumage permanent ! Identifions plutôt les réelles menaces qui pèsent sur la France, intérieures et extérieures ! Soyons sérieux !

    Impressionnés et inquiets par les sondages favorables au FN, on peut comprendre de la part d’adversaires politiques, cet acharnement médiatique pour barrer la route au populisme et aux concurrents (es)FN bien encombrants à l’occasion de chaque élection.

    Les partis de gouvernement de gauche comme de droite au pouvoir depuis 1981 endossent la responsabilité collective sur la question de l’immigration mal maîtrisée avec ses désastreux corollaires pour des raisons multiples, parmi lesquelles, l’incompétence, l’idéologie castratrice, la bien-pensance, le politiquement correct, la lâcheté, la peur, l’irresponsabilité,l’incurie, la quête du pouvoir avec comme mère nourricière le clientélisme, les intérêts immédiats, sans se soucier des conséquences lointaines positives mais surtout négatives : les coups de canif répétés contre la laïcité, l’identité, l’intégration qui devient finalement la désintégration et même la déflagration dans des zones urbaines surtout, où les politiques de la ville successives ruineuses financièrement pour les contribuables ont même fabriqué et c’est un comble, les nouveaux djihadistes qui constituent aujourd’hui les cellules terroristes de réserve de l’Etat islamique en Irak et au Levant et demain une armée entraînée vivant sur nos terres.

    Les partis de gouvernement ont non seulement abandonné au FN la question de l’immigration mais ont délégué leurs pouvoirs régaliens à Bruxelles, incapable aujourd’hui d’assumer la protection des frontières extérieures. Les exemples sont quotidiens, avec les épisodes à répétition de Lampedusa, de Calais, de Vintimille, des enclaves espagnoles au Maroc, des frontières greco-turques. Schengen montre ses limites et l’agence européenne Frontex sans moyens efficaces pour garantir une politique migratoire digne de ce nom est une grosse blague, un pis-aller grotesque. Quant aux demandeurs d’asile déboutés, dans plus de 90 % des cas ils se volatilisent dans la nature avec toutes les conséquences désastreuses que cela implique pour un pays au point même que l’Allemagne se plaint auprès de son voisin français considéré trop laxiste.

    Se focaliser ensuite sur la question de l’immigration pour expliquer la montée en puissance du  FN c’est trouver un prétexte tordu pour faire oublier l’échec cuisant des gouvernements successifs mais aussi des institutions européennes sur les questions qui touchent à l’économie, à l’emploi, aux finances, surtout quand on songe aux déficits publics abyssaux, véritable menace sur notre indépendance à moyen et long terme en particulier pour nos générations futures.

    Les partis traditionnels qui se sont succédés au pouvoir ont démontré eux aussi les limites de leurs compétences à résoudre les problèmes primordiaux qui gangrènent notre pays.

    Tout reste à faire.

    Le discours de vérité toujours trop tardif dans bien des domaines manque à ce pays pour créer les conditions d’une mobilisation des esprits, une saine émulation.

    Comme le dit la chanson « le premier qui dit la vérité, il doit être exécuté ». En attendant les coupables courent toujours !
    On en paye le prix aujourd’hui sans le FN au pouvoir et ce n’est que le début.

    René Floureux 14 Septembre 2O14

  3. Grande dame… une des rares à oser parler de « l’intérêt supérieur de la nation » !

    Les Juppé, Copé, Fillon, Sarkozy et seconds couteaux devraient avoir ce courage.

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