Traité européen : charivari et portes qui claquent chez les écolos

(FACELLY/SIPA)Réuni en conseil fédéral, samedi 22 septembre, Europe Ecologie Les Verts s’est prononcé contre la ratification du traité européen. Une décision inacceptable pour Daniel Cohn-Bendit qui, à deux semaines du débat parlementaire sur ce texte, claque la porte du parti et questionne la légitimité gouvernementale de Cécile Duflot et Pascal Canfin. Après deux jours d’un silence pesant, la ministre du Logement a fini par déclarer, lundi, qu’elle ne «démissionnerai ni du gouvernement, ni d’EELV».

 

Dany se met au vert. Le vote, samedi 22 septembre, du conseil fédéral d’Europe Ecologie Les Verts contre la ratification du traité européen l’a gonflé : 77 voix contre, 24 pour, et huit abstention… Résultat : le député européen met sa «participation à ce mouvement entre parenthèse», mais garde la parole.

Tôt dimanche, Daniel Cohn-Bendit a tiré sa première salve contre le conseil fédéral «dramatiquement nul», noyé dans les « incohérences totale » d’un parti, à ses yeux dévitalisé depuis longtemps.

La décision de « se prononce[r] contre la ratification du TSCG (traité budgétaire européen) dont une lecture stricte ne répondra pas durablement aux crises auxquelles est aujourd’hui confrontée l’Union européenne et constitue un obstacle à la transition écologique », ne passe pas. Dans un entretien au site du Nouvel Observateur publié dimanche dans la soirée, Cohn-Bendit remet le couvert : « On a éliminé l’écologie pendant la présidentielle, aujourd’hui, on élimine l’Europe… Je n’arrive pas à imaginer comment rester dans cette organisation. »

« Qu’ils disent tout haut ce qu’ils pensent tout bas ! »

Daniel Cohn-Bendit qui était absent du conseil fédéral peut pousser un coup de gueule et annoncer sa mise en retrait, reste que les opposants au traité au sein d’EELV ont gagné une bataille politique importante, marquée notamment par l’intervention de leur secrétaire national, Pascal Durand, contre la ratification du TSCG : « la politique des petits pas est en train de séparer les populations européennes de ses pratiques ».

Le 2 octobre, les parlementaires se prononceront sur le projet de loi sur le traité de stabilité budgétaire européen. Si tous ne suivront pas nécessairement la ligne du parti, reste qu’une autre question commence à pointer son nez, celle de la présence de deux ministres écologistes au sein du gouvernement : Cécile Duflot et Pascal Canfin. « Je ne demande pas leur démission. Cela ne me regarde pas. Ils sont grands, à eux de faire leurs choix. Ils vont voter des choses que personne ne comprendra… », dit Daniel Cohn-Bendit.

Sur un autre ton, le député EELV, Yannick Jadot, a estimé qu’il était « évident que si les parlementaires devaient voter contre le traité, devaient voter contre la loi organique et donc probablement contre le budget, les bases d’un accord de participation gouvernemental n’y [seraient] plus. »

Un argument aussitôt relativisé par le président du groupe écologiste au Sénat, Jean-Vincent Placé, qui balaie d’un revers de main l’hypothèse d’une démission des ministres : «Le gouvernement gouverne, il ne vote pas ce traité », a déclaré celui qui votera contre le texte, ajoutant que c’était très positif qu’il y ait une diversité (au gouvernement, NDLR) sinon nous aurions en plus un gouvernement monocolore du parti socialiste.»
Soit, mais lundi matin, c’est le patron du groupe PS à l’Assemblée, Bruno Le Roux, qui
a pris le micro sur Eupope 1 affirmant que lorsqu’on «est ministre, on doit partager les orientations les plus essentielles à la réussite du quinquennat», dont celle prise sur l’Europe. Aussi Bruno Le Roux a-t-il invité les deux ministres écologistes qui brillent par leur silence à clarifier leur position : «Je souhaite qu’ils se fassent entendre».

Dans sa marche pour faire adopter le projet de loi, le gouvernement peut néanmoins être serein : même si les élus écologistes décident de voter contre, il passera sans eux… avec les voix de la droite. Une situation qui doit passablement agacer Jean-Marc Ayrault, en première ligne dans la campagne de promotion du TSCG et en plein exercice d’affirmation de son autorité de chef du gouvernement.

Dans un long entretien au site Mediapart (article payant ) réalisé vendredi 22 septembre, soit la veille du conseil fédéral de ses « alliés » écologistes, le premier ministre, déclarait d’ailleurs : « Je le dis à ceux qui nous reprochent de ne pas avoir obtenu assez, notamment à une partie de la gauche. Qu’ils disent tout haut ce qu’ils pensent tout bas ! Pour l’instant, ils n’osent le dire car ils savent que l’opinion ne les suivrait pas. La conséquence logique de leur démarche c’est la sortie de l’euro! » La mise en garde n’a pas pris.

Mathias Destal – Marianne

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1 commentaire sur Traité européen : charivari et portes qui claquent chez les écolos

  1. Jacques des Ecrins // 28 septembre 2012 à 21 h 32 min //

    Le régime des partis s’est réinstallé.
    Presque aussi ignoble, irresponsable et lamentable que sous la IVème.

    Merci Jacques Chirac, Villepin et consorts d’avoir, avec le quinquennat, grandement favorisé sa réinstallation !

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