La peur, dernier rempart de l’euro ?

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L’institut néolibéral Montaigne a frappé les esprits en publiant une « étude » affirmant que la sortie de l’euro provoquerait une catastrophe économique, qui enverrait pas moins d’un million de Français au chômage. C’est sans doute le dernier moyen pour défendre la monnaie unique dans l’opinion.

L’euro ou le chaos

Il y a encore un an, les partisans de la monnaie unique affirmaient de manière péremptoire que la monnaie unique nous protégeait. Mais devant l’évidence que l’euro ne nous protège ni des récessions ni de la spéculation, ils ont du se retrancher au printemps dernier dans une autre rhétorique, moins facilement attaquable, en affirmant que la sortie de l’euro provoquerait une grave dépression économique, une envolée du chômage et un défaut sur les dettes.

L’institut Montaigne amène sa pierre à l’édifice, en parlant d’une perte d’un million d’emploi à moyen terme, du fait d’une envolée des taux d’intérêt. Pas moins de 6 à 19% de la valeur produite en France serait détruite, « l’agriculture française s’effondrerait sous les coups de butoir des concurrentes espagnole et italienne, aux coûts moins élevés ». Ils prévoient une augmentation de la dette publique de 25% et une augmentation du prix des produits importés.

L’économie pour les nuls

Le problème de ces prévisions catastrophistes est que la réalité de ce qui nous est imposé pour rester dans l’euro finit par rejoindre ce qu’ils prévoient en cas de sortie de l’euro. Un million d’emplois perdus ? C’est à peu près la hausse du chômage depuis 2008. Le continent européen est en train de basculer dans la récession et la Grèce a déjà restructuré sa dette deux fois en six mois pour rester dans l’euro. Bref, c’est le maintien dans l’euro qui provoque un cataclysme économique.

D’ailleurs, le PIB de la Grèce aura baissé d’environ 15% à fin 2012. Mais surtout, ces scénarios sont totalement absurdes car ils ne prennent pas en compte les mesures d’accompagnement qui pourraient être prises. Il n’y aurait pas de hausse des taux d’intérêt s’il est demandé à la Banque de France de monétiser. La dette restera stable car le nouveau franc restera à parité avec l’euro. Et l’agriculture française peut parfaitement être protégée des importations étrangères.

Les cas étrangers

Il faut noter que la fin de l’union monétaire entre la Slovaquie et la République Tchèque n’a pas provoqué de cataclysme. Mais surtout, le cas de l’Argentine démontre qu’avec un bon plan d’accompagnement, malgré le fait d’être seul et petit, un pays peut parfaitement s’en sortir. Et qu’on n’évoque pas les exportations de soja pour expliquer son succès, l’agriculture fait moins de 10% du PIB, un peu court pour expliquer une croissance de 6 à 9% par an depuis 2003 !

Si, bien sûr, une sortie de la monnaie unique augmenterait le prix d’une partie des produits importés, c’est justement l’effet recherché pour favoriser les productions locales et rééquilibrer notre commerce extérieur, un puissant facteur de croissance du PIB. En outre, tous les pays du Sud de l’Europe profiteraient d’un immense bonus touristique. Le simple maintien des dépenses en devises en Grèce provoquerait une croissance de 15% du PIB en cas d’une dévaluation de 50%…

La stratégie de la peur est bien une des dernières lignes de défense des partisans de la monnaie unique. Il est malheureux que les avocats de ces théories aient un tel accès aux médias alors que tant d’économistes tiennent un discours bien différent sur la monnaie unique.

6 commentaires sur La peur, dernier rempart de l’euro ?

  1. nostalgie1789 // 22 décembre 2011 à 16 h 39 min //

    L’avenir de la France mérite autre chose que des affirmations péremptoires non étayées qui sont le lot des démagogiques et autres bateleurs de foire relayant « le prêt à penser politiquement et économiquement correct « distillé par de puissants groupes médiatiques et politiques qui sévissent dans le monde entier contre la souveraineté des peuples.
    Oui, l’idéologie est nécessaire pour construire un avenir prenant en compte tous les paramètres de remise en marche d’une économie abandonnée jusqu’ici aux seules lois du marché, donc à la loi de la jungle.
    Oui, l’idéologie gaulliste et républicaine peut constituer le fondement d’ une politique qui prend en compte l’être humain dans sa globalité citoyenne et sa situation dans une société jusqu ‘ici uniquement appréhendée par des concepts économistes réduisant l’Homme à une dimension ultra-libérale de producteur -consommateur .
    Bien sûr, ces conceptions humanistes peuvent apparaître désuètes après des décennies de propagande atlantico-euro-libérale relayée en boucle dans et par tous les média appartenant à ces groupes financiers qui pillent la planète , mais c’est par ces avancées philosophiques et politiques que la France a rayonné dans le monde pendant deux siècles, en prouvant qu’il était possible de proposer une alternative concrète et viable à la fois au fascisme , au nazisme au collectivisme totalitaire et à l’impérialisme financier US. C’est là le génie de notre peuple..Ne le bradons pas à coup de slogans vides et incantatoires déshonorant l’avancée d e l’Humanité vers plus de lumière.

  2. Si l’euro comme je le pense, s’éffondre MARINE a toutes les chances de gagner l’élection, et NDA ferait un excellent ministre.

  3. Mugniéry Didier // 19 décembre 2011 à 18 h 19 min //

    La première erreur, dans l’argumentation ci-dessus, réside dans la phrase : le franc restera à parité avec l’euro. Non, il sera nécessaire, très rapidement, de dévaluer, probablement de 20 à 25%, taux semblable à celui consécutif au passage de l’ancien franc au nouveau franc. La deuxième consiste à considérer le montant de la dette comme immuable, voire augmenté en cas de dévaluation car la solution du défaut partiel n’est pas envisagée! Or, étant donné l’état de cette dette et des intérêts accumulés, il est évident que la France devra faire défaut. Est-ce un crime ? Non, c’est une absolue nécessité.
    En conséquence, une solution raisonnable est i) de se retirer de l’euro, ii) de dévaluer instantanément (ce qui implique que la sortie de l’euro ne doit pas être aménagée et discutée avec nos partenaires de la zone euro, iii) de faire défaut selon un pourcentage à marchander avec nos créanciers, iiii) d’abolir la loi de février 1973 empêchant l’État d’emprunter à la Banque de France (ressuscitée dans ses droits et prérogatives par la sortie de l’euro).

  4. Aveuglement et démagogie. L’Euro a sauvé la France. Le nier, c’est de l’aveuglement ou de l’idéologie.

    Je vous laisse imaginer la sortie de l’Euro: dévaluation idéologique. Et que veut dire dévaluation ?
    Cela veut dire que vous signifiez à vos créanciers que vous ne leur devez plus rien et que vous refusez de payer ce que vous leur avez emprunté.

    Il n’y a pas si longtemps, cela s’est terminé par la visite des créanciers en panzer division. Les armes économiques modernes sont peut etre moins spectaculaires, mais plus efficaces. Mais il faudra payer !!!;

    La seule reflexion intelligente sur ce site est la proposition de reindustrialisation de la France.

    Quant aux déclarations de dupont gnangnan, vous feriez mieux de les jeter à la poubelle des arrivistes et incompétents.

  5. N. Sarkozy et l’oligarchie médiatico-politique qui fait bloc avec lui ne se gêne pas pour brandir la peur depuis de longs mois avec des arguments extrêmement courts car cet attelage indigne veut avant tout se retrancher dans des apparences évitant ainsi une confrontation loyale entre les économistes des deux bords.
    Je garde au chaud cette étude de cette organisation nommée Montaigne pour répondre aux citoyens désirant connaître les versions qui s’opposent.
    L’argument de bon sens est bien le REFUS ANTI DEMOCRATIQUE de cette oligarchie d’accepter une opposition transparente des version,s proposées…

  6. Depuis Maastrick (le traité qui a muselé les peuples),j’espère la fin de cette Europe là. Je souhaite que ça finisse rapidement et que l’on retrouve la liberté de mener notre pays et notre économie comme La France n’aurai jamais du en être privée.

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