Un évènement majeur
Du 2 au 8 juillet 1962, à l’invitation du général de gaulle, le chancelier allemand Konrad Adenauer effectue une visite officielle en France. Le 8 juillet, en témoignage de réconciliation entre les deux pays, il conclut son voyage à Reims, où il assiste, dans la cathédrale Notre-Dame, aux côtés du président français, à un Te Deum présidé par Monseigneur Marty, archevêque de Reims.
Monseigneur Marty écrit ainsi dans ses mémoires :
Curieusement, dès les vacances qui ont suivi, les Allemands ont affluée à Reims, car, en Allemagne aussi, cette cérémonie avait eu un grand retentissement. Je crois que la réconciliation avec les Allemands a fait un pas important ce jour-là… Cette visite a été un signe, beaucoup plus efficace que de longues conversations ou de longs entretiens et, je le crois aussi, de longs discours sur la paix.
Dans ses Mémoires, le général de Gaulle expliquera le choix de Reims, «symbole de nos anciennes traditions, mais aussi théâtre de maints affrontements des ennemis héréditaires depuis les anciennes invasions germaniques jusqu’aux batailles de la Marne. A la cathédrale, dont toutes les blessures ne sont pas encore guéries, le premier Français et le premier Allemand unissent leurs prières pour que, des deux côtés du Rhin, les œuvres de l’amitié remplacent pour toujours les malheurs de la guerre.»
Un évènement solennel.
Importance que vont souligner les deux hommes à la fin du repas servi à l’hôtel de ville. «Pour animer la grande tâche européenne et mondiale qu’ont à accomplir en commun les Germains et les Gaulois, déclare le général de Gaulle en s’adressant au chancelier allemand, il était essentiel que l’âme populaire manifestât son approbation de ce côté-ci du Rhin. Pour que votre rôle à vous, dans les relations nouvelles qui sont celles des deux pays, fût reconnu et célébré comme il convient, il fallait que chez nous le sentiment public vous rendit hautement hommage. Cela est fait d’une manière éclatante.»*
Konrad Adenauer répond : «Nous sommes persuadés que les dangers provoqués par la situation de par le monde ne seront surmontés qu’au moment où les peuples libres seront unis et solidaires. Cela dans une mesure toute particulière pour ces deux peuples qui se trouvent placés l’un près de l’autre au cœur de l’Europe. Pour la France et pour l’Allemagne… Il y a peu d’années encore ces deux pays vivaient en opposition, en discorde, en conflit, en âpres luttes. Au cours du dernier siècle, des millions de Français et d’Allemands ont versé leur sang dans de terribles combats, y ont perdu leur vie à cause de ces discordes qui n’ont cessé de régner entre leurs peuples…» Après avoir affirmé sa détermination de consacrer ses dernières forces à la paix et tout particulièrement à la paix entre la France et l’Allemagne, le chancelier conclut : «Je rentre en Allemagne plein de bonheur.»*
Une plaque commémorative, installée à l’entrée de la cathédrale, rappelle d’ailleurs cet évènement.
*Extrait de Reims 1900-2000 de Daniel Pellus. © Éditions Fradet, 2001
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