En Allemagne, le refus d’une intervention armée fait consensus
Dans la presse, au Parlement…, le ministre des affaires étrangères allemand Guido Westerwelle a passé la journée de ce vendredi à se justifier. Jeudi dans la nuit, l’Allemagne s’est abstenue lors du vote de la résolution de l’Onu autorisant une opération armée en Libye et l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne. «Une décision difficile à prendre», a expliqué le ministre.
Alors que plusieurs pays, au premier rang desquels la France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis, se disent déterminés à agir contre le régime de Kadhafi, la figure de proue du parti libéral (FDP) qui détient depuis 2009 le portefeuille des affaires étrangères l’a pourtant martelé, dans un entretien accordé à plusieurs titres de presse européen: «Je n’enverrai aucun soldat allemand en Libye. Une intervention militaire est très risquée.»
Selon la Süddeutsche Zeitung, la chancelière Angela Merkel a estimé vendredi devant les parlementaires de son parti, la CDU, que les chances d’une opération aérienne contre la Libye n’étaient pas garanties. «Nous souhaitons à nos alliés beaucoup de succès, car nous poursuivons les mêmes buts politiques, mais sommes d’un autre avis en ce qui concerne les perspectives de succès de cet engagement.» Difficile de faire plus clair.
Depuis plusieurs jours, Berlin plaidait pour le renforcement des sanctions économiques et financières contre le dictateur libyen, plutôt que pour une escalade militaire dont nul ne peut prévoir l’issue, estime-t-on à Berlin.
La décision de la coalition au pouvoir va dans le sens de l’opinion. Selon un sondage publié il y a deux jours par le magazine Stern, 56% des Allemands sont pour une zone d’exclusion aérienne, mais 88% sont opposés à l’envoi de troupes en Libye. Pas franchement étonnant: depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, «les Allemands observent une attitude de retenue, et se voient davantage comme une puissance civile que militaire», explique Henrik Uterwedde, directeur adjoint de l’Institut franco-allemand (DFI).
«La politique étrangère allemande est par essence pacifiste, et son armée est conçue dans une optique défensive», renchérit Olivier Jehin, responsable à Bruxelles de l’Institut français des relations internationales (IFRI). Un dogme certes remis en cause à plusieurs reprises, dans le cadre des opérations militaires de l’Union européenne ou encore l’intervention en Afghanistan sous égide de l’OTAN. «Mais à chaque fois, l’Allemagne a été très réticente à s’engager. Et en Afghanistan, les Allemands font essentiellement de la stabilisation et de la reconstruction dans le nord du pays, la zone la plus calme.»
«Un engrenage qui peut être coûteux»
«L’Allemagne considère que s’engager en Libye, c’est mettre le doigt dans un engrenage qui peut-être coûteux en terme militaire, mais aussi en terme de sécurité pour l’Europe car nul ne peut en prédire l’issue», poursuit Jehin. Surtout après les épisodes afghan et irakien, soutient Asiem El Difraoui, chercheur de la Fondation économique et politique (SWP) et spécialiste du Maghreb. «La tradition antimilitariste ressort à l’occasion de la crise en Libye dans le contexte d’un malaise général par rapport à la présence allemande en Afghanistan, à laquelle l’opinion est désormais majoritairement hostile. L’issue de l’aventure irakienne n’a fait que renforcer l’antimilitarisme, car elle a montré combien il est hasardeux d’intervenir dans des zones que l’on connaît mal.»
Même si quelques voix se sont élevées parmi les sociaux-démocrates pour défendre avec émotion le principe d’une intervention, le chef du SPD à la chambre basse du Parlement, le Bundestag, a soutenu la position du gouvernement. «On peut à raison avoir des doutes quant au fait de savoir si des frappes militaires vont vraiment aider le peuple libyen», affirme Frank-Walter Steinmeier.
De leur côté, les Verts, divisés, ne savent sur quel pied danser. Certains (minoritaires) auraient souhaité une intervention franche, d’autres affichent un soutien timide à l’intervention, mais limitée à de stricts objectifs humanitaires. «L’imposition d’une zone d’exclusion aérienne pourrait conduire à des pertes importantes dans la population civile», a même mis en garde la chef du parti, Claudia Roth, dans un communiqué embarrassé publié sur le site des «Grünen».
«Le gouvernement allemand n’a cependant pas l’intention de trop s’isoler sur la scène internationale», décrypte Henrik Uterwedde. Vendredi, le ministre de la défense a d’ailleurs fait savoir qu’il pourrait davantage s’engager sur le front afghan, histoire de soulager militairement les Américains.
Mais de toute évidence, Berlin a estimé qu’il ne pouvait pas faire plus que ce geste minimal. «La coalition est sur une pente dangereuse et n’a pas pas voulu s’engager dans un autre dossier qui risquait d’être très controversé», poursuit Uterwedde.
De fait, le gouvernement est sous pression. Il y a deux semaines, le ministre de la défense, étoile montante du parti de Merkel, a dû démissionner pour avoir plagié sa thèse de doctorat. Dans un pays très hostile à l’atome, la catastrophe nucléaire au Japon a contraint la coalition à annoncer un moratoire, alors qu’il comptait prolonger la durée de vie des centrales. Et le week-end prochain, la coalition conservatrice-libérale pourrait bien perdre les élections dans deux Etats-régionaux de l’ouest, le Bade-Wurtemberg et la Rhénanie du Nord-Westphalie.
«La Libye est arrivée au pire moment. Pour Merkel, c’était injouable», résume Asiem El-Defraoui. D’autant que la Libye, comme le reste des pays d’Afrique du Nord – à l’exception notable de l’Egypte –, est très mal connue en Allemagne, et ne suscite donc pas d’immenses élans de sympathie.
Finalement, c’est dans la presse, de gauche comme de droite, qu’on retrouve les critiques les plus sévères. «L’échec catastrophique de la diplomatie allemande», titrait vendredi après-midi le site Internet de la Süddeutsche Zeitung (centre-gauche), dénonçant le «comportement honteux et désastreux» de Berlin dans l’affaire libyenne. «Le gouvernement plie devant Kadhafi, c’est honteux», déplore le magazine Cicero (droite), favorable à l’intervention en Afghanistan. «L’image internationale de l’Allemagne est ternie», estime le très conservateur quotidien Die Welt, désolé que l’Allemagne se retrouve dans le camp des abstentionnistes à l’ONU avec la Chine et la Russie.
Ce n’est pas pour autant que les médias applaudissent la façon dont Paris et Londres, en pointe sur le dossier libyen, ont bataillé pour obtenir le vote de la résolution à l’ONU autorisant une intervention en Libye. Il y a quelques jours, le Handelsblatt dénonçait ainsi l’attitude de Nicolas Sarkozy, digne de «Rambo». «L’Union européenne doit agir de manière plus efficace au Mahgreb. La pression ne peut se créer que par une action commune des Européens, et non par des mises en scène médiatiques», critiquait le journal économique.
Or la façon dont Nicolas Sarkozy a tenté de forcer la main de Berlin en exigeant des frappes aériennes aux côtés du premier ministre britannique David Cameron a «vexé» le gouvernement allemand, explique Olivier Jehan de l’IFRI. Selon Asiem El-Defraoui, l’activisme de Nicolas Sarkozy dans la crise libyenne avait aussi pour but de «faire oublier le désastre scandaleux de la diplomatie française en Tunisie». Une diplomatie du biceps et des «coups» que Berlin n’a jamais appréciée
Je pense que les élections présidentielles 2012 .Sarkozy veut une victoire personnelle ,pour mieux contrer Juppé , donc il y a jamais eu aucune amitié entre eux ,depuis 1993 ;mais aussi de Villepin ,avec qui ,il est mal d’entente cordiale depuis 2002 .Sans oublier les Souverainiste Gaulliste Dupond-Aignan le Souverainiste Patriote,de Villiers ou la Nationale-Populiste ,Le-Pen .Mais aussi ,sans négliger les centristes , ,le social-Libéral ou social-démocrate Morin ,ni la démocrate-chrétienne Boutin ou le radical-valoisien (républicain-radical) Borloo ,ni même le social-chrétien Jean Arthuis , ça fait beaucoup de monde contre lui ! J’ai du mal a croire qu’il soit reélu président de la république !
Les Allemands ont vu juste !
Il est triste que des gens qui se disent gaullistes n’aient pas adopté le point de vue des Allemands
Recevoir une leçon des Allemands…triste. G.