milliards d’Euros, l’Europe a de l’argent, utilisons-le !
Une cagnotte de 347 milliards d’euros a été découverte à Bruxelles. C’est l’occasion de lancer les grands travaux pour nourrir la croissance et préparer l’avenir. Il ne faut pour cela que de la détermination au niveau de l’Union européenne.
Depuis Jacques Delors, c’est-à-dire depuis Mathusalem, l’Union européenne butte sur la question des « grands chantiers européens ». Non que les Européens manquent d’idées en matière d’équipements (au contraire, elles pullulent : autoroutes de la mer, autoroutes de l’information, projets de recherche sur les économies d’énergie, les énergies renouvelables, le système satellitaire Galileo, le livre numérique…). Mais à chaque fois, les Européens se heurtent au mur de l’argent. Il n’y aurait pas de crédit européen pour les grands travaux, et l’Union est interdite d’emprunt.
En fait l’argent existe, mais on ne le voit pas. Le Financial Times , lui, a trouvé la cagnotte cachée de l’UE : 347 milliards d’euros, qui correspondent aux fonds structurels non dépensés de la campagne 2010-2013!
Ces 347 milliards sont en fait le produit de la crise : les fonds structurels ne peuvent être engagés qu’en co-financement avec les Etats membres. Une règle à priori saine, « aide toi, l’Europe t’aidera ! ». Mais avec la disette budgétaire, les Etats ont réduit leurs investissements, et donc l’argent européen demeure inemployé.
On voit déjà les anglo-saxons exiger le retour du pognon (c’est le sens du papier du FT), du genre : « i want my money back » de Margareth Thatcher. Mais au contraire, il faudrait dépenser cet argent pour de grands projets communs, dans le but d’équiper le continent en infrastructures, de faire travailler les entreprises et les laboratoires, de réduire les inégalités entre les pays; 347 milliards, c’est 10 fois le « grand emprunt » de Nicolas Sarkozy. Si l’UE le décide, elle peut modifier les règles d’emploi de ces crédits. Un Etat ne peuvent pas suivre ? Tant pis, on réalisera quand même les équipements dont il a besoin. Ensuite, l’Union peut enjoindre la Banque européenne d’investissement de lever de l’argent sur les marchés, la somme pourrait aisément doubler. On passe à 20 fois le Grand emprunt.
Pour sortir l’Europe de l’ornière, nourrir la croissance par l’investissement, l’argent existe. Il ne faudrait pas que la volonté fasse défaut !
Hervé Nathan
Actuellement rédacteur en chef économie et social à Marianne,
après avoir appartenu successivement à La Tribune et à Libération.
A écrit, en commun avec Nicolas Prissette du Journal du Dimanche,
un livre intitulé “Les bobards économiques”,chez Hachette Littérature.
347 Milliards d’Euros subitement découverts ?
Personnellement je me méfie de ce genre de découverte ,car ,au mieux, elle révèle une défaillance de contrôle de gestion des fonds européens, une singulière absence de consommation de projets d’investissements et ,au pire ,une opacité dans la disponibilité réelle des fonds.
C’est hélas une constante en matière de prévisons budgétaires de nos états : jongler à quelques milliards d’euros près . Comme si l’échelle même sur laquelle travaillent nos argentiers autorisait de plus grands écarts que pour le citoyen ou l’entreprise habitués à gérer leurs comptes au centime d’Euro près.
IL est évident qu’agir de cette manière est politiquement plus confortable. Si la majorité ne veut pas d’un projet ou faire face à des demandes de la population ,elle dira que les caisses sont vides. Si au contraire on désire faire plaisir à ses supporters on piochera dans une caisse plus grosse que prévue.A ce petit jeu de l’opacité des comptes il est évident que seuls les initiés peuvent déposer des dossiers de projets en temps et en heure.
Dire que l’argent existe mais qu’on ne le voit pas est ainsi d’une gravité extrème et laisse supposer que les citoyens laissent faire n’importe quoi avec les finances publiques .
Dans tous les cas ce genre d’information mériterait un audit financier poussé sur le fonctionnement des organismes concernés et c’est peut-être bien cela que recherchent nos amis d’outre manche afin de retarder ce que certains parlementaires européens réclament : l’instauration d’un impôt européen.