Dominique de Villepin, l’homme qui dérange

 

 

 

4367f0ac-1bac-11df-96b7-640fa815b8be A coup d’interventions médiatiques, Dominique de Villepin démonte jour après jour la politique menée par le gouvernement. Retraites, fiscalité, sécurité… tous les sujets y passent. Décryptage de cette stratégie d’opposant n°1 à Nicolas Sarkozy.

Villepin, le donneur de leçons. C’est le rôle adopté depuis plusieurs mois l’ancien Premier ministre. Celui qui avait dû retirer le CPE en 2006 face à la pression de la rue entend tirer profit de son expérience, pour commenter jour après jour dans les médias, l’action du gouvernement. « Nous entrons dans une zone à risque où il est très important de calmer le jeu et d’essayer de trouver de justes compromis », préconisait-il mercredi 13 octobre sur France Info. Dominique de Villepin n’hésite pas non plus à toucher au point crucial de la réforme, en suggérant au gouvernement de renoncer au passage de la retraite sans décote de 65 à 67 ans.

Un opposant à l’intérieur de la droite? « Il n’a pas la côte de popularité classique d’un homme de droite. Il n’est pas très populaire chez les personnes âgées mais en revanche, il est apprécié chez les jeunes (60% de bonnes opinions chez les moins de 25 ans, ndlr) », détaille pour leJDD.fr Frédéric Dabi, directeur du département Opinion de l’Ifop. « Il se maintient à un très haut niveau chez les sympathisants de gauche comme de droite », note-t-il. Villepin, nouveau centriste? « Il fait partie des politiques qui font la course au centre. On peut dire qu’il adopte le positionnement de ceux qui ne se disent ni de gauche, ni de droite. Un peu comme Bayrou en 2007 », confirme le sondeur.

Du côté des députés villepinistes, on tempère davantage la position de Villepin. « Il est clair qu’il n’approuve pas ce que fait Nicolas Sarkozy mais il ne s’agit pas de dire que tout est mauvais, comme le fait le PS », assure le villepiniste François Goulard. « Il est dans une logique du compromis », nuance aussi Marie-Anne Montchamp, porte-parole de République Solidaire, le mouvement lancé par l’ancien Premier ministre en juin dernier. Pourtant, Dominique de Villepin s’attache à démonter point par point la politique du gouvernement, à coup d’interventions médiatiques. « Il est frontal mais on peut y voir une contribution originale et particulière, une forme d’alternative », explique encore la députée UMP de Seine-et-Marne. « La politique actuelle est bourrée de contre-signaux. Il s’agit de démontrer qu’on peut l’envisager sur d’autres bases que celles de l’affrontement », suggère-t-elle.

« Nicolas Sarkozy conduira à la défaite en 2012 »

« Depuis cet été, ses réserves et ses nuances se sont transformées en profonds désaccords », résume François Goulard. « C’est vrai qu’il est plus facile de critiquer quand on n’y est pas », concède le député UMP du Morbihan, qui estime toutefois que « la matière à critiquer augmente chaque jour ». Et selon lui, Dominique de Villepin n’est pas le seul à contester la politique du locataire de l’Elysée: « Je peux vous dire qu’il y a plus d’un député UMP qui ne font aucune critique publique, mais en privé, ils ne se privent pas de dire ce qu’ils pensent! », lâche-t-il, avant d’enfoncer le clou: « C’est Nicolas Sarkozy qui les conduira à la défaite en 2012 ». Une contestation grandissante au sein de la majorité? « Je ne vois pas comment, à droite, il pourrait y avoir une pensée unique. Ça me semblerait une machine à perdre », tranche Marie-Anne Montchamp.

En attendant, celui qui n’hésite pas à multiplier les attaques contre la majorité possède toujours sa carte à l’UMP. « Il n’est pas question de quitter l’UMP pour la simple raison que le parti n’appartient pas à Nicolas Sarkozy », justifie François Goulard. A défaut de s’imposer comme un véritable opposant, Dominique de Villepin pourrait en tout cas être un adversaire gênant à droite pour Nicolas Sarkozy en vue de la présidentielle. Selon le baromètre Ifop Paris Match du mois d’octobre, Dominique de Villepin est crédité de 53% de bonnes opinions. Seuls 3% des sondés disent ne pas le connaître. Signe, selon Frédéric Dabi, qu’il « fait partie intégrante du paysage politique français ». « Auprès des sympathisants de droite déçus de l’action de Nicolas Sarkozy, ou encore des sympathisants de gauche déçus de Martine Aubry, il y a un vrai espace politique pour lui ».

« La popularité ne suffit pas »

Pour le député morbihannais François Goulard, il n’y a pas de doute: « Dominique de Villepin peut constituer une alternative dans la perspective de 2012 ». Marie-Anne Montchamp, elle aussi, voudrait y croire: « Il peut représenter une offre politique. La démocratie aurait tort de s’en priver », ose-t-elle, alors que le principal intéressé se refuse pour l’heure à évoquer une éventuelle candidature. Même ses proches ne semblent pas connaître sa décision, en témoigne la porte-parole du parti: « Y aller ou pas? Seule la décision de l’homme face à lui-même peut permettre de trancher cette inconnue ».

Une question à laquelle Dominique de Villepin a encore quelque mois pour répondre: « Il est trop tôt pour dire s’il pourrait être vraiment gênant pour Nicolas Sarkozy. Tout dépend de l’offre présidentielle en 2012 », analyse Frédéric Dabi. D’autant que « la popularité d’une personne ne fait pas son élection. Être populaire est nécessaire mais pas suffisant. Si on se fiait uniquement à ce critère, Simone Veil ou Bernard Kouchner auraient été président ».

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