Une Europe qui s’enlise, se technocratise, s’anti-démocratise

… Avec l’accord de la classe politique

europe-animDans l’éditorial de l’édition du 17 août 2009 du journal Ouest-France Christian Lequesne, Directeur du Centre d’études et de recherches internationales (CERI) à Sciences.Po affirme que l’Europe a bien changé en 20 ans.

Il rappelle, et s’en réjouit à juste titre, que Polonais, Tchèques et Roumains se sont libérés du joug communiste ; l’Europe centrale est de retour dans l’économie de marché. Les gouvernements sont issus d’élections libres.

Il insiste aussi, et surtout, sur l’adhésion de ces pays à l’Union Européenne : « L’Union européenne et l’Otan ont gagné de nouveaux membres. Les anciens pays de l’est voient ainsi leur sécurité garantie par leurs voisins occidentaux et par les Etats-Unis ».

La vérité ne sort pas que de la bouche des enfants. Ce constat est un aveu.

Le lien entre la construction européenne et le renforcement de l’Otan devient pour certains une évidence. Plus, une stratégie à long terme. Dans ce schéma, la sécurité locale peut échoir à l’UE, celle plus large étant de la responsabilité des Etats-Unis. Bien entendu, nous n’avons rien à craindre de nos amis d’outre-Atlantique. Ce qui est en cause, n’est rien d’autre que notre indépendance, celle de la France, mais aussi celle de l’Europe.

50 ans de politique gaullienne oubliée, contredite, désavouée.

Cet aveu exprimé par l’éditorial d’Ouest-France, quotidien militant zélé de l’Europe supranationale et supporter aveugle de Jean Monnet – lequel « s’opposa avec acharnement à l’homme du 18 juin, pour qui la souveraineté des Etats était une condition absolue et non négociable de la démocratie »* – est aussi celui d’une classe politique qui se couche, d’un pays qui se renie, d’une Europe qui se vassalise.

Les « chefs » de l’UMP, du PS, des Verts et centristes multi-enseignes ont une même vision de cette Europe qui s’enlise, se technocratise, s’anti-démocratise, avec le risque d’implosion qui en découle. Trop d’Europe tue l’Europe.

Le NON de 2005 aurait dû ouvrir une voie nouvelle pour une Europe respectant les Etats-Nations, une Union organisée autour de projets communs, dans le cadre de délégations contractuelles et non de transferts irréversibles de certains pans de notre souveraineté nationale.

La ligne de démarcation droite-gauche est bien mince. Ghettoïser les Français à droite ou à gauche : un leurre très pratique pour ceux qui vivent de la politique. « Un coup, c’est moi, après c’est toi ». De la politicaillerie !

La réelle rupture est ailleurs : sur la conception même de l’Europe et l’indépendance nationale.

 Alain KERHERVE
* Eric Branca (De Gaulle – Monnet ou le duel du siècle)

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