L’inconsistance pathétique du message présidentiel

Au-delà de la confirmation de François Fillon comme premier ministre, l’allocution du Président de la République du 31 décembre n’a rien apporté de fondamental.

La crise est là, avec ses incontournables conséquences sur l’emploi, la pauvreté, la baisse du niveau de vie, l’insécurité professionnelle et l’incohésion sociale.

Nicolas Sarkozy confirme qu’il est de son devoir d’agir. On ne peut pas moins attendre du chef de l’État qui a le pouvoir légitime de changer les choses. 

Comment ?

La présente crise financière puis économique et sociale est une opportunité. La critique de Nicolas Sarkozy relative aux dérives du capitalisme est pertinente. D’autres l’ont fait aussi. Mais certains, notamment les gaullistes de conviction, ont déjà, depuis bien longtemps, porté l’estocade à ce capitalisme ultralibéral. Ainsi, ces gaullistes authentiques qui assument l’œuvre inachevée du Général, proposent une approche différente du capitalisme. Elle permettrait de développer, dans le cadre d’un réel patriotisme financier, une économie libre et responsable, donnant aux salariés tous les droits de leur implication dans l’entreprise. La participation gaullienne qui peut déboucher sur la mise en copropriété des entreprises par l’accès à l’actionnariat salarié, aurait dû être le chantier fondamental de cette législature. Mais Nicolas Sarkozy en a décidé autrement.

Affirmer, « de cette crise va naître un nouveau monde », et confirmer que les réformes initiées bien avant seront menées à terme, c’est admettre que les mêmes remèdes répondent à des diagnostics différents. Comprenne qui pourra. 

Il en est de même pour l’Europe.

Nous faire croire que la présidence française de ces six derniers mois a donné naissance à une nouvelle orientation de la construction européenne est un leurre. Nicolas Sarkozy a fixé un objectif : le 2 avril à Londres, le prochain sommet européen nous promet des changements significatifs. Soyons bons joueurs ! Attendons.

Et l’indépendance de l’Europe qu’il dit promouvoir ?

Ce n’est certainement pas en cautionnant la politique américaine en Afghanistan ni en décrétant la réintégration de nos forces militaires dans l’OTAN que la voie est tracée. Ce n’est pas non plus en proposant au peuple Irlandais de s’exprimer, une fois encore, sur le traité de Lisbonne jusqu’à que « Oui » s’en suive qu’il donne à l’Europe l’onction démocratique qui lui manque tant.

Alors que dans toutes les sensibilités politiques des femmes et des hommes se réfèrent de plus en plus souvent au général de Gaulle, et aux valeurs qu’il incarne encore près de 40 ans après sa disparition, Nicolas Sarkozy tourne le dos à l’héritage du général de Gaulle.

Certes, beaucoup affirment ne pas savoir ce qu’aurait dit le Général face aux problèmes de ce 21e siècle. Mais tous savent ce qu’il n’aurait jamais accepté : l’allégeance de la France à une puissance étrangère, quelle qu’elle soit, même amie, ni même une Europe intégrée qui débouche à terme sur la disparition des États-Nations.

 Alain KERHERVE

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