Les Vikings à l’assaut de Bruxelles
Copenhague, mercredi 11 mai 2011 : avec l’annonce par le Danemark du rétablissement permanent des contrôles douaniers à ses frontières avec l’Allemagne et la Suède, pour lutter contre l’immigration illégale et la criminalité organisée, c’est un véritable coup de tonnerre qui vient de se produire dans le landernau européen, à un moment où les institutions bruxelloises peinent plus que jamais à trouver la parade qui permettrait enfin aux Etats membres de l’espace Schengen de se protéger efficacement des arrivées massives de migrants provenant de partout, de l’Afrique du Nord à la frontière gréco-turque.
Vingt-six ans après la signature, le 14 juin 1985, des accords de Schengen, entre les cinq premiers États signataires (France, Allemagne, Belgique, Pays-Bas et Luxembourg), la patrie du poète et conteur Hans Christian Andersen vient ainsi de faire un pied de nez inattendu à Bruxelles en décidant unilatéralement de snober l’un des dogmes de la construction européenne : la liberté de circulation des biens et des personnes à l’intérieur des frontières de l’Union européenne.
Pour les observateurs attentifs de la vie politique danoise, cette initiative n’était guère surprenante venant de la part d’un gouvernement de minorité de centre-droit qui, à cinq mois d’élections législatives qui s’annoncent décisives, cherche pour l’heure à s’attirer les bonnes grâces du très influent parti populiste de droite Dansk Folkeparti (Parti du Peuple danois), dont les exigences, notamment sur la question centrale de l’immigration, obligent dorénavant le parti libéral du Premier ministre Anders Fogh Rasmussen à composer inlassablement avec une formation politique puissante qui dispose désormais de 25 députés au Folketin.
Aux yeux des partisans d’une Europe supranationale, qui ne tolèrent l’expression d’aucune forme d’indépendance politique, pareille mesure est à coup sûr intolérable : cette décision n’a-t-elle pas été annoncée sans la moindre concertation préalable avec les autres pays concernés, à l’initiative, de surcroît, d’un gouvernement appelé à présider l’Union européenne à compter du 1er janvier 2012…?
Ainsi donc, n’ayant que faire de la menace bruxelloise, le Danemark a décidé de faire cavalier seul en manifestant, une fois de plus, sa volonté opiniâtre de ne pas s’en laisser compter. A vrai dire, pour quiconque s’intéresse à l’histoire récente de ce pays, vue sous l’angle de son itinéraire européen, force est de faire l’éloge d’une nation exemplaire qui réalise la démonstration quotidienne de sa vitalité démocratique et de son esprit de résistance.
C’est en pleine euphorie économique des Trente Glorieuses que le Danemark avait décidé de rejoindre, le 2 octobre 1972, le traité de Rome, à l’issue d’un référendum qui devait recueillir une large adhésion de son peuple (56,7 % de «oui»). Depuis lors, c’est peu dire que le plus petit des pays scandinaves s’est toujours signalé par son peu d’enthousiasme à s’engager pleinement dans un processus de construction européenne qui devait, à partir de l’Acte unique, s’éloigner insensiblement des objectifs assignés à ses débuts, soit en l’occurrence une communauté économique et commerciale, pour y substituer irrésistiblement un modèle politique autoritaire qu’il a toujours farouchement repoussé. Toujours prudent, le Danemark a su préserver heureusement un précieux garde-fou dans le texte de sa Constitution : tout projet de loi autorisant un transfert de souveraineté à des autorités supranationales requiert l’organisation obligatoire d’un référendum.
De l’Acte unique au traité de Maastricht
Cette défiance à l’égard de la construction européenne, les Danois devaient la marquer d’abord en se montrant fortement réservés à l’égard de l’Acte unique, adopté sans enthousiasme lors du référendum du 27 février 1986 (42 % de «oui» ; 32,7 % de «non» ; 25,3 % d’abstentions), mais c’est surtout avec le traité de Maastricht que ces lointains descendants des Vikings firent preuve de leur légendaire esprit d’indépendance : soumis au vote du peuple danois, le 2 juin 1992, le traité sur l’Union européenne fut rejeté avec 50,7 % des voix, alors que son Parlement l’avait adopté, un mois plus tôt, avec 125 voix pour et 25 voix contre…
La capacité de Bruxelles à réagir rapidement fut à la mesure du cataclysme politique produit par l’insolence danoise. Inaugurant, lors du Conseil européen des chefs d’État et de gouvernements d’Edimbourg de décembre 1992, une méthode qui devait faire florès par la suite, le gouvernement de Copenhague obtenait de ses partenaires un nouveau texte, taillé sur mesure, appelé pour le coup à ne s’appliquer à aucun autre État membre : ses réserves furent prises en compte en matière de politiques de défense, de citoyenneté, de justice et de sécurité intérieure, mais surtout, en ne participant pas à la création de la monnaie unique, le Danemark devait conserver ses compétences nationales en matière monétaire.
Le traité de Maastricht ayant fait de la sorte peau neuve, les Danois devaient se résigner à une séance de rattrapage, lors d’un deuxième référendum organisé le 18 mai 1993 : le traité fut alors largement accepté avec 56,8 % des voix.
La lancinante question de l’Euro
A ce stade de la construction européenne, la question de la monnaie unique et celle de la disparition corrélative de la couronne danoise ne pouvaient que cristalliser toutes les attentions ; à la suite de l’adoption par 11 États membres de la monnaie unique, le 1er janvier 1999, le gouvernement danois décida de consulter le peuple sur l’entrée du Danemark dans la zone euro, lors du référendum du 28 septembre 2000. Le revers fut cinglant pour la nomenklatura européiste : avec une participation de 86 %, 53,1 % des électeurs rejetèrent l’euro !
Avec le Royaume-Uni, le Danemark est donc le seul État de l’Union européenne à bénéficier en matière monétaire d’une clause dérogatoire qui lui permet de rester durablement en dehors de la zone euro et de conserver l’usage de sa monnaie nationale. Au vu de ses résultats économiques actuels, plutôt florissants, le pays ne s’en porte pas si mal…
Si le Danemark ne prévoit pas d’organiser dans l’immédiat un nouveau référendum sur l’adoption de l’euro, le Premier ministre Rasmussen a toutefois estimé devant le Parlement, en février 2011, que Copenhague pourrait changer d’avis à la faveur d’une proposition franco-allemande visant à renforcer la coopération économique au sein de la zone euro. Mais, selon les sondages actuels, les Danois restent majoritairement opposés à l’adoption de la monnaie européenne…
La mascarade de la ratification du traité de Lisbonne
Dûment vaccinés, lors des consultations électorales touchant aux questions européennes, par des précédents plutôt fâcheux, les gouvernements danois, de tendance libérale comme de sensibilité sociale-démocrate, s’étaient bien gardés de soumettre la ratification du traité de Lisbonne à référendum. Pour contourner toutefois l’obligation constitutionnelle de recourir en pareil cas à la consultation populaire, le Premier ministre actuel Rasmussen s’appuya, en décembre 2007, sur une expertise du ministère de la Justice suivant laquelle le texte final du traité de Lisbonne n’opérerait, contre toute évidence, aucun transfert de la souveraineté du pays, au grand dam de nombre de formations politiques, dont le Parti du Peuple Danois qui, non sans raisons, dénoncèrent, avec l’utilisation de ce procédé malhonnête, une indécente manipulation politique.
Le résultat de cette grossière manœuvre de contournement du vote populaire était attendu par tous : largement acquis à la cause européiste, le Parlement devait massivement ratifier le traité de Lisbonne par 90 voix contre 25, le 24 avril 2008…
En vérité, la messe n’est pas dite car le dossier pourrait connaître, dans un proche avenir, d’intéressants rebondissements juridiques. Le 11 janvier 2011, la Cour suprême a reconnu en effet, à l’unanimité de ses membres, l’intérêt à agir de 35 ressortissants danois à poursuivre le Premier ministre Rasmussen, au motif que le chef du gouvernement aurait violé la Constitution en ratifiant le traité de Lisbonne par un vote parlementaire plutôt que par voie référendaire : la plus haute juridiction danoise va devoir désormais examiner le fond de l’affaire et dire si le traité de Lisbonne a bien été ratifié selon la légalité constitutionnelle. Chacun mesure ici l’enjeu considérable d’une procédure constitutionnelle qui pourrait désavouer la ratification danoise, par voie parlementaire, d’un traité de Lisbonne dont la parfaite entrée en vigueur suppose qu’il ait été ratifié définitivement dans l’ensemble des pays membres de l’Union européenne. Affaire à suivre…
Des prétentions bruxelloises visant à se procurer coûte que coûte des ressources budgétaires propres, en mettant à contribution les peuples européens, à l’obligation désormais imposée aux Vingt-sept de soumettre leurs budgets nationaux au crible pointilleux de la Commission, de la modification en cours du traité de Lisbonne destinée à mettre en place un mécanisme permanent de stabilité pour la zone euro, sans la moindre consultation référendaire, à la suggestion récente du Président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, de doter l’Union européenne d’un ministre des finances, l’offensive totalitaire des institutions supranationales de Bruxelles contre les souverainetés des Etats membres de l’Union européenne s’intensifie chaque jour un peu plus.
Devant pareille actualité, plus alarmante que jamais, quels enseignements peut-on tirer, au bénéfice de la France, de la singulière expérience danoise ?
1. Lorsque, à la faveur d’une consultation référendaire portant sur les questions européennes, la parole est occasionnellement donnée au Peuple et qu’il exprime alors un message discordant qui place ses oligarchies en porte-à-faux vis-à-vis de la doxa européiste, celui-ci est aussitôt bâillonné, par tous moyens, et, à défaut de pouvoir le contraindre à se déjuger à l’occasion d’un second référendum, le recours à la voie parlementaire est alors la méthode la plus communément employée pour mieux contourner le vote populaire, : comme les Français, les Néerlandais ou les Irlandais, les Danois en ont fait pareillement l’amère constat. Si, pour mieux s’en défendre à l’avenir, nos compatriotes avaient pleinement conscience de la réalité de ces pratiques douteuses, aujourd’hui notoirement méconnues, l’entreprise européiste y perdrait assurément de son emprise idéologique sur les esprits.
2. Aucun combat n’est perdu d’avance s’il est mené avec lucidité et détermination. A défaut de pouvoir avoir recours à l’action contentieuse, faute de cadre juridique possible, pour faire échec à une initiative qui mettrait en péril l’indépendance et la souveraineté d’un pays, l’expérience danoise nous enseigne, avec l’épisode récent de la suspension des accords de Schengen, que l’action unilatérale est une option politique qui demeure toujours ouverte, quelles que soient les rigueurs des rapports de force en présence, pour peu que l’opinion publique, aussi bien que les formations politiques soucieuses de l’intérêt supérieur de la nation, s’attachent dans un même élan vital à se gendarmer courageusement.
3. Quitte, pour un pays, à composer tactiquement avec le système européiste, autant lui arracher dès à présent l’octroi de traitements particuliers qui préservent avantageusement l’essentiel de ses intérêts primordiaux ! A l’instar, par exemples, du Danemark ou du Royaume Uni qui ont tout lieu de se féliciter de fonctionner aujourd’hui avec des systèmes monétaires domestiques qui échappent aux travers tragiques de la zone euro, la France serait bien inspirée de cultiver cette méthode prudente de gestion des affaires publiques et de renégocier, partout où le besoin impérieux pour ses intérêts se fait le plus sentir, des statuts dérogatoires au droit commun, en attendant de pouvoir se libérer définitivement du carcan rigide d’une Union européenne si peu réformable.
4. Tous les peuples européens, surtout parmi ceux qui sont les plus réfractaires à l’idéologie européiste, à l’exemple du Danemark ou de la France, doivent à présent en convenir : plus aucune décision politique, qui serait prise au plan national ou à l’échelle européenne et dont l’objectif ou l’effet serait de conduire à la dépossession de leurs souverainetés, ne doit désormais échapper si peu que ce soit à leurs assentiments. Pour ce qui la concerne, la France ne fera assurément pas l’économie à l’avenir d’une réforme constitutionnelle qui gravera demain dans le marbre de la Constitution l’ardente l’obligation de soumettre systématiquement tout nouveau transfert de souveraineté à un référendum, dont l’initiative et la mise en œuvre, ainsi préservées de toute emprise politicienne, relèveront de la compétence sanctuarisée du seul Conseil constitutionnel, dans le sillage de la pratique vertueuse inaugurée outre-Rhin par la Cour constitutionnelle de Karlsruhe, à la suite de son arrêt fondateur rendu le 30 juin 2009.
Karim Ouchikh
Le peuple Français consulté a précédé, accompagné, poursuivit l’exemple Danois. Mais sa classe politique UMP PS le maintient sous soporifique. La FRANCE en matière de contrôle de l’accès à ses frontières doit suivre l’exemple Danois, elle doit reprendre sa souveraineté monétaire, elle doit remettre en question sa soumission à la commission de Bruxelles. Bref elle doit se libérer de la dictature d’un olligarchie et retrouver les chemins de l’indépendance nationale…
Face aux prétentions impériales exorbitantes de l’UE et de ses grands prêtres appointés de Bruxelles, il est vrai qu’Allemands et Danois nous montrent paradoxalement la voie où nous devrions caracoler en tête…
Est-ce pour autant à un « gaulliste » estampillé ou autoproclamé de s’emparer de la cause ? Je répondrais : « qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse » !
Depuis 1998 (TREIZE -13 !! ans), NDA tente de « percer ». Force est de constater que cela ne fonctionne pas.
Par ailleurs, il se trouve qu’aujourd’hui, à la tête d’un parti créé par son père, sur d’autres bases, il a longtemps, « Marine » permet de rêver à un score de deuxième tour sur NOS idées face à l’UE.
Le tout est de savoir comment l’aider, sans forcément rallier sa formation.
Or, pour ceux qui le souhaitent, il est désormais possible de le faire en se posant en allié, dans le cadre d’une petite formation qui, d’une part, maintient des positions gaullistes (son Président a soutenu Chevènement en 2002) mais, d’autre part, ne veut pas laisser passer l’occasion d’une victoire.
Ceux qui le souhaitent savent où me contacter !
Ch. LECHEVALIER
Anciennne Tête de Liste DLR aux Européennes
La Décision du DANEMARK de protéger ses frontières ne va pas l’encontre de l’EUROPE, bien au contraire c’est un décision de sagesse que l’Union Européenne devra suivre si nous ne voulons pas faire l’objet d’un aflux d’immigrés . Le taux de la tolérance imposéée par les sociologues est très…très… largement dépassé . Nous avons nos familles.Nous sommes confrontrés à des budgets sociaux responsables de tous nos déficits de la Sécurité Sociale . La FRANCE a dépassé depuis longtemps ses capacitésfinancières sociales dont nos concitoyens payent les frais .Nos élus refusentd’aborder les sujets tabou . Question … Pourquoi ?…..Qui souhaite aborder le dossier du financement de la dépendance des personnes âgées ?……..
On voudrait vous croire Mr.Ouchikh !
Cette réforme constitutionnelle -qui nous prémunirait contre tout nouveau transfert de souveraineté- par qui pourrait-elle être portée ? Citez moi un gaulliste, ou proclamé tel, ayant une certaine stature, en dehors de M Dupont-Aignan, mais le moins qu’on puisse dire, hélas, est qu’il peine à trouver l’oreille du pays profond….
Et puis, comment revenir sur les transferts -délétères- déjà consentis ?
Franchement, voyez vous un homme, une femme, qui ait la stature d’un homme d’Etat, qui aurait le courage de proposer au pays de dénoncer tout ou partie des Traités européens ?
Il faut cesser de rêver !
La résolution (s’il y en a une !) du drame que nous vivons, ne pourra surgir que d’une violente commotion de l’Histoire!
L’Euroland court à l’abîme. Comme jadis la 4ème République. Tous les acteurs, tous les témoins le voient, le savent, et sont impuissants à enrayer le processus. Et bien je dis : tant mieux ! C’est de l’explosion de ce carcan que nous pourrons espérer (à condition de redevenir vertueux) la reconquête d’une LIBERTÉ qui est LA condition de notre renouveau!