Sarkozy à des journalistes: «Amis pédophiles, à demain»
Les «nouveaux habits» du président Sarkozy n’auront pas tardé à se déchirer en lambeaux. Pourtant, cette fois, après son intervention télévisée du 16 novembre, c’était sûr, c’était la bonne. «Plus calme», «plus modeste», «assagi», «au-dessus de la mêlée»: l’homme se fondait enfin pleinement dans la fonction.
La fiction aura duré trois jours, le temps que l’affaire Karachi le rattrape. Vendredi 19 novembre, en déplacement à Lisbonne pour le sommet de l’OTAN, une trentaine de journalistes français attendent que le conseiller diplomatique de l’Elysée, Jean-David Levitte, vienne leur parler en off. Mais c’est le président de la République lui-même qui se présente. «Approchez, approchez», le président use d’un micro pour se faire mieux entendre, et commence à discourir de l’OTAN, des otages français, de la situation économique. Puis un journaliste ose poser une question sur Karachi.
Le président commence relativement calmement, reprenant presque mot pour mot le communiqué de presse envoyé précédemment par Claude Guéant dans lequel il est dit que « Nicolas Sarkozy est victime d’une rumeur malveillante et d’allégations calomnieuses qui ne reposent sur aucun commencement de preuves». Le président ajoute que «la presse raconte n’importe quoi». Mais quand il lui est rappelé que son nom figure notamment dans des documents montrant qu’il a donné son aval à la création d’une société-écran luxembourgeoise par laquelle transitaient les commissions, il «pète les plombs» selon de nombreux journalistes présents en s’adressant à celui qui a osé lui poser la question.
«Qui vous a dit ça ? Vous avez eu accès au dossier ? Charles Million a une intime conviction. Et si moi j’ai l’intime conviction que vous êtes pédophile ? Et que je le dis en m’appuyant sur des documents que je n’ai pas vus…»
«Survolté», «hors contrôle», le président ne s’arrête plus. Sa diatribe dure une dizaine de minutes, pendant lesquelles, à plusieurs reprises, il reprend la comparaison. Finalement, il clôt son intervention, tourne les talons et s’en va en déclarant: «Amis pédophiles, à demain.»
Les journalistes français se regardent interloqués, notamment les «journalistes diplomatiques», qui n’ont pas l’habitude des dérapages du président. Dix minutes plus tard, l’entourage de Nicolas Sarkozy revient, conscient de l’énormité du discours, et insiste lourdement: «C’était du off, rien que du off.» Le micro du président était toutefois branché à une console. Plusieurs journalistes ont la possibilité de faire fuiter les sons, ils préféreront «les écraser»: «Tout le monde est off ou personne n’est off», nous ont expliqué certains d’entre eux.
Le lendemain, lors d’une conférence de presse officielle, Nicolas Sarkozy répondra de façon plus posée à la question d’un journaliste sur le sujet.
Mais sans apporter de réponses précises. Ni dissiper le malaise apparu dès sa première intervention publique sur le sujet, le 19 juin 2009, à Bruxelles.
C’est triste.
On a les amis qu’on peut, quand tout s’écroule, compris la simple dignité !
André Vianès
Rien d’étonnant, sarkozy peut être comparé au Beaujolais nouveau : il ne peut pas se conserver longtemps !
Il est sans doute plus charitable de ne pas laisser de commentaire … On a comme une sensation d’ « empêchement » …