Crise : les économistes «atterrés» se rassemblent le 9 octobre

 

rubon6 Les économistes français sont de plus en plus nombreux à se dire «atterrés» : plus de trois ans après l’éclatement de la bulle des subprime, les politiques à l’origine de la crise sont toujours à l’œuvre. Un manifeste d’économistes atterrés , lancé le 1er septembre par quatre économistes de haut vol, a d’ores et déjà recueilli plus de 600 signatures, des universitaires pour la très grande majorité, dont Mediapart publie la liste en exclusivité.

C’est tout un pan de la discipline économique qui s’élève ainsi contre les politiques d’austérité aujourd’hui menées en Europe, mais aussi contre l’insuffisance des mesures prises au G-20 et à Bruxelles pour en finir avec «une forme de dictature des marchés».

A l’origine du manifeste, Philippe Askenazy, de l’Ecole d’économie de Paris, Thomas Coutrot, co-président de l’association Attac, André Orléan, directeur de recherche au CNRS, et Henri Sterdyniak, de l’OFCE, ont vite été rejoints par d’autres pointures du milieu académique, pour dénoncer ensemble le «logiciel néolibéral» toujours en vigueur dans l’Union.

Parmi les signataires figurent des tenants de la théorie de la régulation (Robert Boyer, Bruno Amable), des penseurs du «bien-être» (Jean Gadrey, Alain Caillé, Marc Fleurbaye ou encore la sociologue Dominique Méda) et des spécialistes des relations Nord-Sud (Denis Cogneau, Pierre Salama). Mais aussi Frédéric Lordon (CNRS), Jacques Sapir (EHESS), Xavier Timbeau et Eric Heyer (OFCE), Michel Husson (INRES), Laurent Cordonnier (Lille-1), Gabriel Colletis (Toulouse 1) ou encore Michel Devoluy (Strasbourg).

«Le logiciel néolibéral est toujours le seul reconnu comme légitime, malgré ses échecs patents», lit-on dans le manifeste. «Fondé sur l’hypothèse d’efficience des marchés financiers, il prône de réduire les dépenses publiques, de privatiser les services publics, de flexibiliser le marché du travail (…) En tant qu’économistes, nous sommes atterrés de voir que ces politiques sont toujours à l’ordre du jour

Un colloque à Paris

Pour ces hétérodoxes, l’austérité mise en place en Europe, en réaction à la crise grecque, menace jusqu’à l’avenir de l’Union européenne. «L’économie y est censée être au service de la construction d’un continent démocratique, pacifié et uni. Au lieu de cela, une forme de dictature des marchés s’impose partout, et particulièrement au Portugal, en Espagne et en Grèce, trois pays qui étaient encore des dictatures au début des années 1970 (…)»

A un peu plus d’un an et demi de l’élection présidentielle, ce manifeste pourrait s’imposer comme un texte de référence dans le débat économique français. Il démonte dans le détail dix «fausses évidences» qui continuent d’inspirer les pouvoirs publics en Europe – l’idée, par exemple, que l’envolée de la dette des Etats résulte d’un excès de dépenses, ou encore cette autre idée selon laquelle la crise grecque a permis d’avancer vers un gouvernement économique européen.

Dans le même temps, le texte décline une vingtaine de contre-propositions (qui ne font pas toute l’unanimité parmi les signataires), soumises au débat. Exemples parmi beaucoup d’autres: accroître fortement l’imposition des très hauts revenus «pour décourager la course aux rendements insoutenables», réduire la dépendance des entreprises vis-à-vis des marchés financiers en développant une politique publique du crédit, ou encore contraindre les agences de notation à rendre publics leurs calculs économiques, lorsqu’elles décident de dégrader la note d’un Etat.

La prochaine étape aura lieu à Paris, samedi 9 octobre : un colloque ouvert au public sera organisé à Paris. Trois tables rondes sont prévues, sur la régulation financière, les politiques d’austérité, et la redéfinition d’un modèle économique européen. De quoi prendre le pouls d’une dynamique qu’il va falloir suivre de très près.

http://economistes-atterres.blogspot.com/

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