France ! Lève-toi et brandis le poing bien haut…

Le 13 décembre dernier, le traité modificatif européen a été adopté par la conférence intergouvernementale réunie à Lisbonne ; par tous les Etats, mais avec certains égards pour les Britanniques et les Polonais.

Le 4 février prochain, le parlement réuni en congrès sera appelé à modifier l’article 88.1 de notre Constitution qui fait expressément référence au Traité Constitutionnel Européen. La ratification par voie parlementaire du traité de Lisbonne interviendrait vers la mi-février. 

  • Une photocopie de l’original

Le traité de Lisbonne est la copie conforme, présentée sous forme de puzzle pour longues soirées d’hiver, du traité constitutionnel européen rejeté le 29 mai 2005 par 55% des Français. Personne ne le nie, notamment parmi ceux qui l’ont défendu alors.

« Je me suis livré au travail de comparaison de la rédaction du nouveau traité de Lisbonne avec la Constitution, sur les « neuf points essentiels » publiés sur mon blog » admet Valéry Giscard d’Estaing. « A ma surprise et, à vrai dire, à ma grande satisfaction, ces neuf points sont repris mot pour mot dans le nouveau projet. Il n’y a pas une virgule qui change ! Simplement il faut bien les chercher puisqu’ils sont dispersés dans les textes auxquels renvoie le nouveau Traité, à savoir aux Traités de Rome et de Maastricht. La seul différence : le vote à la majorité qualifiée est remis au 1er novembre 2014, alors qu’il aurait, d’après la Constitution, pu entrer en vigueur dès l’aboutissement de la ratification. »

  • Impossible d’avoir un aveu plus explicite !

Il devient donc évident que la tentative actuelle est bien une revanche fomentée à l’encontre des 16 millions de Français qui ont dit NON en 2005. Pierre Lefranc, ancien chef de cabinet du général de Gaulle et gaulliste historique, l’a qualifiée pour sa part de « coup d’Etat » et de « viol de la Nation », avant d’appeler à la « résistance ».

Par ailleurs, le NON de 2005 ne peut être débité en tranches. C’est l’ensemble qui a été rejeté après un débat de bonne qualité. Il est donc méprisable de discriminer les NON(s), ceux de droite et ceux de gauche, ceux portant sur la structure organisationnelle de l’Europe ou ceux gravant dans le marbre les orientations économiques et sociales. La malhonnêteté de certaines élites politiques atteint aujourd’hui des dimensions insupportables pour tous les démocrates et républicains. 

  • L’élection de Sarkozy n’est pas un mandat impératif, contrairement à celui du 29 mai 2005

L’élection de Nicolas Sarkozy ne l’autorise nullement à faire l’économie de l’exercice de la démocratie entre deux scrutins présidentiels.

« La politique, c’était de proposer aux Français qui avaient voté non de négocier un traité simplifié pour débloquer l’Europe et de faire ratifier ce choix par le Parlement, comme je l’avais dit lors de la campagne présidentielle. J’ai été autorisé par le peuple français à faire ratifier le traité simplifié par le Parlement. » a cru bon préciser Nicolas Sarkozy le 13 novembre dernier devant le parlement européen.

Cette théorie du mandat prétendument conféré par le suffrage universel est irrecevable et mensongère. Ceux qui défendent cette thèse ne méritent aucunement notre confiance, ni aujourd’hui, ni demain.

En votant pour le candidat Sarkozy, les Français ont fait un choix par adhésion pour certains, mais aussi par défaut pour d’autres. Les Français n’ont pas validé tout ce qu’a proposé le candidat UMP pendant la campagne.

La logique démocratique aurait due se traduire par le respect du mandat impératif donné ce 29 mai 2005. La constitution européenne étant rejetée par une majorité de Français, il convenait alors d’en tenir compte et de proposer une autre vision de l’Europe.

Pour le moins, comme l’ont clamé clairement les autres candidats à la charge suprême, seul le peuple de France peut défaire ce qu’il a fait. La logique d’une nouvelle consultation par référendum est donc irréfutable. 

  • Aujourd’hui Lisbonne, demain l’Otan, bientôt la Turquie

Aujourd’hui, il s’agit du traité européen. Mais demain, au nom du même principe, les princes qui nous gouvernent n’hésiteront pas à utiliser les mêmes fourberies pour atteindre leurs objectifs : la constitution française sera modifiée par la seule voie parlementaire. Mais qu’importe admettent d’avance les plus dociles ! Que restera-t-il en effet de notre Nation, une fois que le rouleau compresseur européen aura défait la souveraineté de la France ?

Et demain, au nom du même principe, l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne s’imposera à la France ; Nicolas Sarkozy, reniant ses promesses, propose aujourd’hui de supprimer le référendum obligatoire pour toute nouvelle adhésion.

Et demain, au nom du même principe, et avec autant de soumission, la France réintègrera toutes les instances de l’Otan, mettant un terme à 40 ans d’indépendance nationale initiée par le général de Gaulle, jusqu’alors globalement respectée par ses successeurs et avec un incontestable succès dans l’affaire irakienne.

Face au « non » du peuple français, le « oui » bien pâle des parlementaires qui s’apprêtent à trahir ne représente rien et ne pèsera pas bien lourd lorsque la colère, en guise de réaction, grondera.

Aujourd’hui, j’ai mal à ma France !

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