La régression sociale par le néolibéralisme

les ordonnances d'Emmanuel Macron

par Louis Saisi,

Juriste, Docteur en sciences de l’Education, Ingénieur de recherche


Les ordonnances en gestation visant à modifier le Code du Travail ne sont pas de simples mesures techniques mineures. Elles constituent, bien au contraire, un bouleversement formidable de la philosophie du droit du travail.

Le droit du travail est né pour corriger des rapports inégalitaires entre le salarié et l’employeur en se présentant comme la contrepartie du rapport de subordination originel. On en trouve la trace, au lendemain de la Libération, dans le préambule de la Constitution du 27 octobre 1946 intégré dans celui de la Constitution de 1958.

Le droit du travail n’a jamais eu pour objet d’être au service d’une politique économique, plus ou moins contingente et fluctuante, visant à établir la relance économique, ce à quoi on veut l’asservir aujourd’hui, comme le montre l’exposé des motifs des ordonnances en cours de gestation.

Ce glissement du Juridique vers l’Économique – qui tourne le dos à tous nos principes hérités de la Révolution française de 1789 prônant le primat du Droit sur toute autre considération – montre la prégnance de la dictature d’une forme rudimentaire d’économisme qui ne voit dans l’Homme qu’un instrument économique et soumet toute l’organisation de la société à la doxa* économique libérale, au détriment d’un projet de société humaniste et social.

Or le droit du travail a toujours été conçu, quelles que soient les majorités politiques qui s’étaient jusqu’alors succédées au pouvoir, comme un droit correcteur au service des plus faibles.

Le raisonnement ne partait pas du niveau de l’entreprise ni de sa taille : il considérait seulement la condition salariale (contrat de travail) et visait à corriger juridiquement un rapport de domination économique pour en limiter les effets et les excès éventuels en accordant des droits, les mêmes, à tous les travailleurs.

Les ordonnances qu’on nous propose introduisent un droit du travail fondamentalement inégalitaire au gré de la situation et de la taille des entreprises, quelles que soient les qualifications et compétences des salariés.

Ce n’est pas une « réforme », c’est une « contre-réforme », ou plutôt une « restauration », celle de la domination économique brute du premier tiers du 19ème siècle en France avant l’essor du syndicalisme et des partis ouvriers.

La France est définie dans notre constitution comme une « République démocratique et sociale » (article 1er).

Avec ces ordonnances, elle ne sera plus une République « sociale », elle sera désormais une République « libérale ». Ce sont, en effet, ses fondements économiques qui, comme au sein de l’Union européenne, se substitueront désormais à sa nature politique et à son pacte social.

C’est une régression au nom d’une idéologie offensive et agressive : celle du néolibéralisme qui veut restaurer des formes passées de domination économique au profit des détenteurs des moyens de production et d’échanges.


* Ensemble des opinions communes aux membres d’une société et qui sont relatives à un comportement social.


 

2 commentaires sur La régression sociale par le néolibéralisme

  1. Jean-Dominique GLADIEU // 5 septembre 2017 à 15 h 08 min //

    Comme le rappelle Louis Saisi, l’article I de la Constitution stipule, entre autre, que la France est une République démocratique et sociale.
    Avec la « réforme » Macron, elle deviendra une république social-démocrate !

  2. La doxa économique libérale….allez donc parler de ce sujet aux sinistrés intellectuels précoces de notre territoire !!!!!

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