12/06/03

 

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Charles de Gaulle pendant la Grande Guerre

  

  • Les quatre frères de Gaulle sous l'uniforme au cours de la Grande Guerre 1914-1918.

  • De gauche à droite : Charles, Jacques, Xavier et Pierre

Reçu à Saint-cyr en août 1909, Charles de Gaulle doit faire d’abord, selon le nouveau règlement, un an de service militaire. A l’école, où il entre le 1er octobre 1910, il ne passe pas inaperçu. « Le grand Charles » a déjà sa légende ; on le croit fier ; on ne sait pas qu’il est timide. Il se montre à la fois laborieux, discret et distant, emporté bien que maître de soi. Le 1er octobre 1912, il sort de Saint-Cyr avec le grade de sous-lieutenant. Il entre au 33e régiment d’infanterie, à Arras, sous le commandement du colonel Pétain.

Quand survient la guerre, Charles de Gaulle, qui n’a pas vingt-quatre ans, est déjà lieutenant. Le 1er août 1914, il reçoit sa première blessure devant Dinan ; le 20 janvier 1915, il est cité à l’ordre de la 2e division. Nous le retrouvons, sitôt rétabli, sur le front de Champagne où le lieutenant colonel Claudel, frappé de sa valeur, le choisit comme adjoint. Là, le 15 mars 1915, Charles de Gaulle, à peine guéri de ses blessures, est nommé capitaine à titre définitif. Le 33e occupe alors la « Ferme du Choléra » (cote 108), près de Berry-au-Bac, où sa bravoure devient légendaire. Le 30 octobre 1915, il obtient d’être appelé au commandement de la 10e compagnie. En février 1916, le 1er corps d’armée est envoyé à Verdun. Le lieutenant-colonel Boudhors écrit alors : « Le 33e a été splendide devant Douaumont, il ne le doit à son colonel qu’en raison de la clairvoyance du capitaine de la 10e compagnie. »

Le 2 mars 1916, la 10e compagnie est presque entièrement anéantie : après un bombardement meurtrier de Douaumont, les rares survivants sont faits prisonniers. Le capitaine de Gaulle se trouve lui-même dans la mêlée : il a la cuisse percée par un coup de baïonnette. Ramassé par une patrouille ennemie, il est conduit en captivité dans un camp d’Allemagne. La conduite héroïque du capitaine de Gaulle avait eu des témoins : le général Pétain lui décernait la citation suivante : « Le capitaine de Gaulle, commandant de compagnie, réputé pour sa haute valeur intellectuelle et morale, alors que son bataillon, subissant un effroyable bombardement, était décimé et que les ennemis atteignaient la compagnie de tous côtés, a enlevé ses hommes dans un assaut furieux et un corps-à-corps farouche, seule solution qu’il jugeait compatible avec son sentiment de l’honneur militaire. Est tombé dans la mêlée. Officier hors de pair à tous égards. »

Prisonnier, Charles de Gaulle n’est pas homme à demeurer dans l’oisiveté. Il lit, perfectionne son allemand, mais ne se console pas d’être éloigné du front. A cinq reprises, ses tentatives d’évasion lui valent la forteresse et le camp de représailles. Il parvient un jour à creuser sous terre un tunnel : le voici en pleine campagne ; sa taille le désigne, hélas ! à l’attention : il est repris par ses gardes et interné à Ingolstadt, en Bavière, dans la citadelle du Fort IX réservée aux irréductibles. Il y a pour compagnons le commandant Catroux, Rémy Roure et le futur maréchal Toukhatchevsky. Au tableau noir, Charles de Gaulle parle de l’offensive de Champagne de 1915 et montre les difficultés d’une percée. Le jeune capitaine cherche le secret des offensives, l’emploi rationnel des chars blindés, dont il sera un jour le théoricien. Toukhatchevsky l’écoute. Quatre années plus tard, Charles de Gaulle se trouvera aux côtés de Weygand, devant Varsovie, en face de l’Armée Rouge sous les ordres du même Toukhatchevsky, général en chef de vingt-six ans.

Vient l’armistice : Le capitaine de Gaulle, libéré, rentre parmi les siens, en Dordogne. Pour peu de temps. En mai 1919, nous le retrouvons en Pologne : il a obtenu d’être affecté à la 5e division des chasseurs polonais, organisée en France, à Sillé-le-Guillaume. Au cours de la défense de Varsovie, en 1920, il est cité à l’ordre du jour par Weygand : c’est sa quatrième citation. En octobre 1921, il est rappelé en France afin d’y enseigner, à Saint-Cyr, en qualité d’adjoint, l’histoire militaire.