Nucléaire : Arnaud Montebourg fustige l’«accord de coin de table» signé entre le PS et EELV en 2011

Comme d’autres, l’ancien ministre a été auditionné par la commission d’enquête de l’Assemblée visant à «établir les raisons de la perte de souveraineté et d’indépendance énergétique de la France».

Arnaud Montebourg s’était fait discret depuis son retrait de la course à l’Élysée. Auditionné mercredi par la commission d’enquête de l’Assemblée nationale visant à «établir les raisons de la perte de souveraineté et d’indépendance énergétique de la France», l’ancien ministre du Redressement productif de François Hollande a bien évidemment été interpellé sur le dossier du nucléaire. Une filière dont l’avenir était l’un des points cardinaux de l’accord électoral scellé entre le PS et EELV en novembre 2011, à l’orée des élections présidentielle et législatives de 2012.

Celui-ci prévoyait, entre autres, la fermeture «immédiate» de la plus ancienne centrale nucléaire de France, celle de Fessenheim, et la mise à l’arrêt «progressive» de 24 réacteurs supplémentaires. Pis pour Arnaud Montebourg, le texte prévoyait également une réduction de 75 à 50% de la part du nucléaire dans la production électrique du pays. «Tout le monde s’est demandé comment avait été noué cet accord. L’accord était présenté par Martine Aubry à l’époque comme un changement de société et par Céline Duflot comme une rupture historique. Pour moi, c’est un accord de coin de table», cingle l’ancien socialiste.

«On s’est mis d’accord sur un marqueur politique, de manière à marquer les esprits. (…). Et après, vogue la galère!», raille Arnaud Montebourg. L’ancien ministre de l’Économie se rappelle qu’il y «avait eu un vote au bureau national du PS» sur l’alliance électorale : «Il y a eu 33 voix pour, 5 contre. J’ai fait partie des 5. Il y a eu quelques prises de parole, expliquant qu’il n’était pas acceptable qu’on puisse d’un trait de plume briser une industrie de cette nature. Je n’étais pas le seul, mais nous n’étions pas très nombreux.»

Hollande «empêtré dans ses compromis et ses synthèses»

L’occasion de déplorer, devant certains parlementaires, le comportement électoraliste de ses compagnons de l’époque : «Les réactions qui se sont enchaînées au sein de mon parti de l’époque ont été surtout liées aux circonscriptions et bien trop peu aux problèmes des réacteurs.» L’ancien ministre se montre encore plus sévère envers le quinquennat auquel il a participé. «C’est à partir de ce moment-là qu’a commencé le problème de l’affaiblissement de la filière nucléaire», gronde Arnaud Montebourg. Et de revenir sur les discussions qui ont agité en coulisses le gouvernement Ayrault. L’ancien prétendant à l’Élysée dénonce une action publique menant à une «impasse technique, économique, financière et industrielle», symbole d’«une destruction de valeur pure par bêtise politique.»

Suivant les traces d’autres personnalités actives ou d’anciens responsables publics auditionnés, celui qui s’est reconverti dans la production de miel «Made in France» a également haussé le ton contre le président de la République d’alors François Hollande, «empêtré dans ses compromis et ses synthèses». L’ex-chef de l’État sera d’ailleurs interrogé par la même commission le 16 mars prochain, date également choisie pour l’audition de…Nicolas Sarkozy. Le socialiste pourra alors répondre en bonne et due forme aux piques de son ancien ministre.

 

1 commentaire sur Nucléaire : Arnaud Montebourg fustige l’«accord de coin de table» signé entre le PS et EELV en 2011

  1. Bravo ,au travers de cette révélation, il a semble-t-il compris qu’il ne fallait pas prendre les électeurs pour des demeurés et met en exergue la MEDIOCRATIE Française électorale :
    «Les réactions qui se sont enchaînées au sein de mon parti de l’époque ont été surtout liées aux circonscriptions et bien trop peu aux problèmes des réacteurs.»
    A quand la voiture balai pour tous ces politicards mis aux manettes grâce à la médiocrité du corps électoral ? On ne fait pas des avions supersoniques avec des pièces détachées de bicyclette !!!!

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