« Le Covid est en train d’étouffer les grands enjeux de la présidentielle »

Emmanuel Macron - À cause de la peur provoquée par la crise sanitaire, des sujets fondamentaux risquent d'être minorés ou occultés, s'inquiète l'auteur. GONZALO FUENTES / REUTERS

Le Covid-19 occupe une place démesurée dans l’espace politico-médiatique. À l’approche de la présidentielle, l’essayiste s’inquiète de l’effacement des questions qui déterminent l’avenir de la France. Fin observateur de la vie politique française et contributeur régulier du FigaroVox, Maxime Tandonnet a notamment publié « André Tardieu. L’incompris » (Perrin, 2019).

Les vagues de Covid-19 qui s’enchaînent depuis près de deux ans ont un effet secondaire dramatique : celui d’écraser les débats sur tous les autres sujets. Après la présidentielle et les législatives de 2017 tronquées par le «scandale Fillon», l’épidémie est en train d’étouffer dans l’œuf la campagne de 2022.

« Qui parle encore de l’explosion de la dette publique -116,3% du PIB à la fin de 2021 (90% en 2012) – que nos enfants et petits-enfants devront rembourser ? Où est passé le chômage ? » Maxime Tandonnet

Qui parle encore de l’explosion de la dette publique : 116,3% du PIB à la fin de 2021 (90% en 2012) – cette dette publique que nos enfants et petits-enfants devront rembourser ? Où est passé le chômage alors que le nombre de personnes inscrites à pôle emploi et tenues de rechercher un emploi (catégories A, B, C) s’établit à 5 577 800 dont 3 307 400 personnes sont sans aucune activité (catégorie A) ? Ces chiffres considérables, jadis considérés comme insupportables, sont passés dans la routine. Oubliée tout autant, la hausse vertigineuse du déficit commercial qui signe le déclin industriel de la France : le record absolu de 9 milliards a été atteint en novembre et le déficit cumulé au cours de l’année écoulée s’élève à 77,6 milliards d’euros.

Et la pauvreté qui touche 13,1 % de la population (environ 9 millions de personnes) au sens de « privation matérielle et sociale » tandis que le nombre des bénéficiaires du RSA approche des deux millions ?

Même les discours sur la sécurité ont du mal à mobiliser une opinion anesthésiée. Et pourtant, les coups et blessures volontaires ont atteint 70 000 en 2019 contre 50 000 en 2013, s’accompagnant d’une hausse des agressions sexuelles encore plus dramatique : 54 800 en 2020 contre 26 800 en 2012.

L’augmentation des flux migratoires sur la France a battu tous les records en 2019 avec 274 700 premiers titres de séjour et 177 222 demandeurs d’asile enregistrés. Malgré la relative accalmie statistique en 2020 liée au Covid-19, le phénomène ne donne guère de signe de répit. Mais qui cela intéresse-t-il en ce moment ?

Pire que tout : derrière le paravent hypocrite d’un bac à 95% de réussite, les symptômes d’un vertigineux effondrement du niveau scolaire du pays s’accumulent : 10,6 fautes pour une dictée en 1987 mais 17, 9 fautes en 2015 à la même dictée, selon les estimations de l’éducation nationale). D’après le classement Timss de 2019, les élèves français se classent derniers de l’Union européenne en mathématique et avant-derniers dans l’OCDE (devant le Chili). Les Français ne sont que 23e en lecture et compréhension de texte (PISA). Le pourcentage des élèves de faible niveau en histoire géographie est passé de 15 à 21% entre 2006 et 2012, et celui des élèves de niveau élevé de 10 à 6%. Mais qui ne se moque, aujourd’hui, de cette terrifiante faillite à la source de toutes les autres ?

« Le jour où la France sortira enfin de sa torpeur ou de son peureux asservissement, une fois la grande panique dissipée, la présidentielle et les législatives de 2022 seront sans doute terminées depuis longtemps. » Maxime Tandonnet

Et qui se soucie enfin de la fracture démocratique française ? La parole publique est discréditée comme jamais elle ne l’a été depuis 1945. 39% des Français éprouvent de la méfiance envers la politique, 23% du dégoût et 77% au total en ont une image négative selon l’enquête annuelle du CEVIPOF sur la confiance. Ce rejet de la chose publique se traduit par des taux d’abstention gigantesques : 65% aux élections régionales et départementales de juin 2021.

Sur tous ces sujets fondamentaux, le bilan et l’explication nécessaires n’auront pas lieu. Et le jour où la France sortira enfin de sa torpeur ou de son peureux asservissement, une fois la grande panique dissipée, la présidentielle et les élections législatives de 2022 – largement conditionnées et neutralisées par la peur qui profite aux dirigeants en place – seront sans doute terminées depuis longtemps.

Alors, il sera trop tard – sauf pour les larmes.

6 commentaires sur « Le Covid est en train d’étouffer les grands enjeux de la présidentielle »

  1. A Floureux… »Il faudrait être d’une grande malhonnêteté intellectuelle pour nier le fait que la Covid est en train d’étouffer les grands enjeux de la présidentielle 2022.
    On décèle les silences trompeurs et les hypocrisies venus de tous horizons « …autre suggestion: lé bal des faux-culs est de nouveau ouvert !!!!!

  2. FLOUREUX RENE // 12 janvier 2022 à 17 h 00 min //

    Le cynisme en politique

    Il faudrait être d’une grande malhonnêteté intellectuelle pour nier le fait que la covid est en train d’étouffer les grands enjeux de la présidentielle 2022.
    On décèle les silences trompeurs et les hypocrisies venus de tous horizons et on prend acte des propos d’un Président Macron qui déclarait récemment : « (…) Je l’ai dit et je vous le redis, le mandat que m’ont confié les Français, je l’exercerai jusqu’au dernier quart d’heure (…) »
    « Les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder. Et donc on va continuer de le faire, jusqu’au bout. C’est ça, la stratégie »
    Le mot stratégie est prononcé sciemment et il parfaitement assumé sur le plan politique à tous les niveaux et dans tous les domaines. On découvre ensuite sur un plan tactique par étapes temporelles successives l’enlisement puis l’effondrement d’un pays par le « quoi qu’il en coûte » dont la facture colossale sera supportée par les générations futures. (Dette = + de 2834 milliards d’euros 3ième trimestre 2021). La fin justifie les moyens pour un Président en exercice et futur candidat non déclaré obsédé par le pouvoir personnel qui surfe sur une crise sanitaire qui tombe très opportunément y compris pour son gouvernement arrogant et dominateur qui sert de bouclier élyséen. Le Président joue assurément la montre. Pourquoi s’en priverait-il puisque la fin du dépôt des candidatures à l’élection présidentielle est annoncée pour le 26 février prochain. C’est l’opposition qui doit prendre garde de ne pas commettre dans ce laps de temps le faux pas tout en cherchant à marquer des points en tant que challenger et à se rapprocher ainsi du favori à en croire les sondages actuels.
    Dans cette attente, Les grands enjeux de la présidentielle sont et seront minorés ou occultés dans l’intérêt d’un Président qui évitera d’aborder le bilan de son quinquennat. Qu’en est-il effectivement de la dette, du chômage qui fut la priorité des priorités, du déficit commercial qui traduit bien le déclin industriel de la France, de la pauvreté, de l’immigration, du niveau scolaire et du déclassement de la France sur ce point, de la réforme des retraites, de la place de la France dans le monde et son indépendance, son ancrage dans l’ OTAN avec ses conséquences possibles etc… Et que faire d’un Karcher poussiéreux sorti d’une cave s’il doit servir simplement à menacer les cités sans pour autant aborder d’autres thèmes fondamentaux servant de programmes d’opposition susceptibles de faire tomber un Président en exercice et séduire tout un peuple sans tomber dans le piège de la surenchère de la gestion de la crise sanitaire pilotée par un conseil de défense tenu secret qui s’arroge tous les droits et en toute impunité ? Je rajoute au passage que l’opposition qui aspire à reprendre le pouvoir se garde bien de faire son bilan sur sa gestion passée et qu’elle doit rendre des comptes au peuple avant de lui réclamer un nouveau quitus ! Silence assourdissant… !
    Le cynisme est bien le comble de la franchise. Alors bien évidemment il ne faut pas s’étonner du discrédit de la parole publique, de la défiance, du dégoût généralisé, des taux d’abstention records des électeurs lors de consultations électorales qui peuvent faire le jeu d’un Président pourtant très vilipendé.
    Ce quinquennat français qui s’achève sous l’étiquette de « LR EN MARCHE » est synonyme de régression. La crise sanitaire dévoile depuis deux ans le véritable visage de ce mouvement qui utilise des outils identiques à ceux utilisés dans les pays totalitaires : la propagande, la peur, la panique, le mensonge, le chantage aux droits les plus fondamentaux et la punition en représailles contre la non-adhésion de Gaulois réfractaires à sa politique sanitaire qui n’est donc absolument pas un succès mais une manipulation de la pensée, le soulèvement d’une partie des Français contre d’autres Français. Diviser pour mieux régner voilà encore un exemple de la perfidie du pouvoir central qui applique une dictature soft sous les apparences d’une démocratie.
    Au final rien de bien concluant au bout de deux ans et une chienlit généralisée au plan national apte à rendre fous les gens libres et les plus seins d’esprit.
    En 1932 l’écrivain et philosophe britannique Aldous Huxley publiait son livre « Le meilleur des mondes » dont je cite un passage : « Il existera, dans la prochaine génération, une méthode pharmacologique pour que les gens chérissent leur servitude et génèrent, pour ainsi dire sans plaintes, une sorte de camp de concentration pour sociétés entières, alors que les peuples verront leur liberté confisquée, mais s’en réjouiront plutôt, car ils seront dépouillés de tout désir de révolte par la propagande et le lavage de cerveau prodigué par DES METHODES PHARMACEUTIQUES. Et cela sera la révolution finale. »
    Je conclurai par cette citation : « Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre, et finit par perdre les deux » (Benjamin Franklin imprimeur, éditeur, écrivain, naturaliste, inventeur, abolitionniste et homme politique Américain du 18ième siècle)
    Que reste-t-il de la France des Lumières ?
    Rf 12.1.22

  3. Gilles Le Dorner // 11 janvier 2022 à 20 h 53 min //

    C’est glaçant , l’anguille Pétain sous roche , non d’un homme seul , mais des miasmes et relents qu’elle porte

  4. Oui Monsieur maxime Tandonnet il sera peut-être trop tard sauf pour les larmes. Et voici ,à nouveau nos explications face à ces malheurs qui émergent sur fond de crise sanitaire.
    Monde d’aujourd’hui, déjà monde de demain, royaume de l’éphémère, notre société, en ce début de troisième millénaire, entre dans une ère de changements profonds et tente vaille que vaille de survivre dans l’œil d’un cyclone géo socio-économique, qui n’a pas encore délivré ses modèles comportementaux. Alors que l’on assiste à une accélération sans précédent de tous les processus, y compris politiques et socio-économiques, face à ces transformations profondes d’une société et de ses valeurs, les individus, comme les états et les gouvernements qui les représentent, éprouvent de réelles difficultés à s’adapter et, certains, sous le choc, finissent « par perdre les pédales » et ne peuvent éviter la catastrophe.
    Alors, dans l’urgence de décisions prises, toutes affaires cessantes sur le mou des pratiques politiciennes dictées par le seul souci de faire quelque chose pour apparaître comme le sauveur du monde, on fait monter en puissance le sentiment que certains seraient favorisés, que d’autres ne le seraient pas et que ceux qui se plaignent feraient bien d’aller voir ailleurs où, paraît il, c’est pire.
    A confondre conséquences et causes, une fois encore, la prévention des crises apparaît totalement inexistante et l’univers de la lutte contre de nouvelles catastrophes une utopie inaccessible pour toutes celles et tous ceux qui pestent contre le sort défavorable obtenu à la grande loterie du bien-être universel.
    Qui donc peut aujourd’hui penser que les perspectives de vie dans un pays soumis à la violence ethnique, soit à la corruption généralisée, soit aux dictatures en tous genres, soit à des pressions fiscales extravagantes, sont suffisamment bonnes pour ne plus donner envie aux populations concernées d’aller chercher ailleurs le bonheur auquel tout citoyen du monde est en droit d’accéder ?
    La prolifération des états faibles enfantés par les processus de décolonisation ou d’accès à l’indépendance, des nouveaux états en quête de devenir, des états voyous perturbateurs notoires d’un ordre mondial qui cherche à se rétablir, des états en faillite pris au piège du poids de leurs dettes, contribuent à entretenir les mécanismes de défaillance de la paix. Il ne fait aucun doute que cette situation provoque de graves troubles à la sécurité internationale.
    Les français et les françaises ne sont pas hors du monde, et celles et ceux qui prétendraient au nom d’un patriotisme racoleur leur apporter le bonheur « en vase clos » se trompent de cible à leur tour et trompent les électeurs et les électrices déboussolés et prêts à perdre à leur tour les pédales dans un monde de totale interdépendance où tout est « bouclé » avec tout. Les Etats, les citoyens, les entreprises, la finance, la santé, la recherche la culture, les transports, les télécommunications, le monde religieux aussi, tout est interdépendant de tout. Le nier serait un absurde aveuglement de plus.

  5. Ma perception est que la campagne est focalisée sur la cov19 en raison d’une crainte entretenue et d’erreurs ou omissions des dirigeants ou le mensonge mais,focalisation il y a aussi sur un sujet,un brûlot:Le prénom et la religion de Mohamed en France.Inouï que le Président de la France soit sélectionné sur ces 2 arguments à l’exception de tous les autres déterminant la France pour les 15,35 ans à venir,aucune vision.

  6. Gilles Le Dorner // 10 janvier 2022 à 16 h 50 min //

    Et même si des questions sont posées …..en articles ou polémiques ou voeux de-ci delà , je ne me tairai pas : non à un candidat de la révision de l’histoire ou de la chasse au prénom soutenu de quelques pétaino-pseudosouverainistes-pseudoroyalistes en Siel ou autres ou cautions tacites de troupes ou cohortes de nouvelles chemises brunes tapies encore comme derrière de faux agneaux aigris ou revanchards d’ors passés attirant de fièvres et jeux de rôles jusqu’en râteliers de soupes politiciennes . Non à vous , M.Eric Zemmour

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