« Pompidou, c’est fini ! »

Franz-Olivier Giesbert

De Gaulle, cité par Franz-Olivier Giesbert, les indiscrétions du Figaro Magazine

Nombreux sont les candidats ou pas encore candidats à l’élection présidentielle qui se réfèrent à Georges Pompidou. L’action de l’ancien président de la République de 1969 à 1974 inspire les prétendants de 2022. Des impétrants qui, dans le même temps, vénèrent également le général de Gaulle. Est-ce compatible ? À lire l’excellente Histoire intime de la Ve République. Le sursaut, de Franz-Olivier Giesbert (Gallimard), il est permis d’en douter. Certes, Georges Pompidou fut le premier ministre du Général de 1962 à 1968.

Certes, il a inscrit ses pas dans ceux de son illustre prédécesseur à l’Élysée. Mais ce dernier était visiblement agacé depuis un moment par son comportement. Et ce depuis 1967, comme le démontre FOG : « Contrairement à la légende, la disgrâce de Pompidou ne date pas de 1968 mais bien de 1967. » Après les élections législatives, de Gaulle souhaite relancer un de ses derniers grands projets : l’intéressement des salariés dans les entreprises. Mais son premier ministre, peu enthousiaste, enterre le dossier, nomme une commission, cherche à gagner du temps.

Il agace le chef de l’État qui lui écrit le 13 mai 1967 une lettre, « qui en dit long sur son exaspération » « Le projet qui m’a été montré hier ne va pas assez loin, à beaucoup près. Je vous demande donc de le préciser, autrement dit de ne pas paraître démentir plus ou moins le mercredi ce que j’aurai moi-même dit le mardi et que je considère comme essentiel. » Difficile en effet de faire plus sec ! À l’automne, de Gaulle songe ouvertement à remplacer Pompidou à Matignon : « Pompidou, c’est fini, c’est fini ! »

Les événements de mai 1968 n’arrangeront pas les relations entre les deux hommes. Le Président accusant son premier ministre d’avoir tout cédé lors des accords de Grenelle (« cela a été un moment d’abandon »). « Les relations entre les deux hommes se distendent puis s’aigrissent », raconte Giesbert, qui cite ce que disait le Président à son fidèle compagnon Foccart : « Il m’a été utile pour négocier, pour arranger. Mais chaque fois qu’il fallait faire quelque chose, enfin prendre une position ferme, il faisait défaut… Il cherchait à biaiser. » L’affaire Markovitch, le référendum de 1969 et les prises de position de Pompidou sur son avenir présidentiel ne feront qu’aggraver les relations entre les deux hommes.

5 commentaires sur « Pompidou, c’est fini ! »

  1. A Paul Agratey…Merci pour cet éclairage qui met en lumière celles et ceux qui savent profiter de la République….sur le dos des CONcitoyens qui laissent faire, notamment en boudant les Urnes et en persistant à marcher de travers dans la MEDIOCRATIE envahissante !!!!!

  2. Pierre DELCOURT // 10 janvier 2022 à 17 h 44 min //

    Franz Olivier Giesberg ne fait pas une analyse complète. Il ne dit pas que dés le début Pompidou va se heurter à une importante difficulté. Auprès des gaullistes historiques il n’est pas du sérail, il n’est pas compagnon, il n’est membre d’aucun clan, il est légitime car nommé par le Général mais illégitime dans leur esprit. Les gaullistes regrettent Debré qui lui était des leurs.

    Fog dit : « Contrairement à la légende, la disgrâce de Pompidou ne date pas de 1968 mais bien de 1967. » D’abord le mot «  disgrâce » ne me paraît pas être le bon mot, « désaccord » est plus approprié. De plus les premiers désaccord ne datent pas non plus de 1967 comme l’affirme FOG mais de 1965 et l’affaire Ben Barka. De Gaulle reproche à Pompidou d’avoir sali la France pour ne pas avoir voulu se salir les mains. L’affaire Ben Barka n’est que le premier accroc entre les deux hommes qui en vivront bien d’autres.

    En 1967, Pompidou est reconduit dans ses fonctions de premier ministre , il n’y a donc pas disgrâce. En revanche et c’est un autre accroc entre les deux hommes. De Gaulle s’occupe de la France, Pompidou des Français. Le Premier ministre ne dit rien mais il vit très mal le fait d’être écarté de tout ce qui concerne la politique étrangère de la France. Seul Couve de Murville sait ce qui se prépare; le Premier ministre est informé en même temps que les autres ministres.

    En1968, De Gaulle en a voulu à Pompidou. Il considérait que le Premier ministre aurait du prévoir ces mouvements. D’après lui il aurait du déceler les prémices compte tenu de ce qui se passait en Italie. Mais le Général n’avait pas raison, en effet personne ne peut se vanter d’avoir vu venir les événements, ni les ministres, ni la police, ni les syndicats, ni même les étudiants. A la suite des ces événements tous les fidèles du Général constatent « une fissure », ce que Pompidou nommera une « brisure »

    Dans l’affaire Markovich, c’est Capitant ennemi mortel de Pompidou qui a tout fait pour persuader le général de Gaulle de lâcher Pompidou. Ce qui fera le plus mal à Pompidou est de penser que de Gaulle a laissé faire. Encore un accroc, le plus grave, dans les relations entre les deux hommes. A ce moment Pompidou est un homme seul. Dés lors pour lui il n’y a qu’un seul moyen de prendre une revanche : ce sera de succéder au général de Gaulle.

  3. Paul Agratey // 9 janvier 2022 à 12 h 51 min //

    …..Sans oublier que cet ancien de Rotschild a fait rentrer la grande finance et la banque dans la politique, un vrai cheval de Troie dont le cynique Hollande (« mon ennemi c’est la finance »)et Macron le chantre des fusions-acquisitions chez Rotschild ne sont que l’aboutisement pour ne faire de l’Etat qu’un serviteur zélé du mondialisme-apatride et anti-Nation viscéralement anti-Gaulliste.

  4. Comme quoi la Politique est bien une affaire de relations entre les Hommes et de ce point de vue les marcheurs de travers qui nous agacent au plus haut point depuis près de cinq ans feraient bien de s’abstenir de nous raconter des histoires!

  5. Boivin Michel // 8 janvier 2022 à 17 h 32 min //

    Mise en perspective d’un divorce intéressante mais incomplète. Il faut remonter à 1964 pour en percevoir les débuts lorsque Georges Pompidou contacte des parlementaires gaullistes et, accusant l’âge du Président, sonde sa pré-candidature.

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