Gaullisme en 2022 : Une révolution en héritage

  La politique sociale de Charles de Gaulle 

Alain Kerhervé,
préface de Michel Anfrol – Regain de lecture

 



  • Alain HARTOG, Historien, Directeur de la collection Ve République

Olivier Germain Thomas avait, un jour, posé la seule question qui vaille : « de Gaulle a-t-il seulement retardé la déchéance de la France ou a-t-il prouvé que la rencontre de circonstances et d’un homme pouvait à tout moment lui redonner son visage ? ».

Alain Kerhervé, dans ce livre consacré à la politique sociale de Charles de Gaulle, répond à cette interrogation, par l’affirmation que tout reste possible, pour l’avenir, à condition d’avoir compris que l’œuvre du Général de Gaulle, sur le plan social mais pas seulement, a été un mouvement de fond, toujours d’actualité, bouleversant tous les conservatismes et répondant, très largement, aux attentes des Français. Nous avons aujourd’hui cet héritage entre nos mains, qu’il est donc possible de faire revivre et fructifier, à la seule condition d’en avoir la volonté.

La première raison qui explique l’importance et la permanence de cette œuvre inachevée, c’est que la préoccupation sociale et humaniste a toujours été le centre de gravité de la pensée et de l’action du Général de Gaulle. Alain Kerhervé le démontre, avec pédagogie, de façon chronologique et factuelle. On retrouve, dans son livre, le jeune officier, d’avant-guerre, marqué par la doctrine sociale de l’Église, aux antipodes des palinodies maurrassiennes ; le chef de la France Libre déclarant en novembre 1941, à Oxford, que face à un monde mécanisé, uniforme et conformiste, il fallait prendre le parti de la libération, seule voie permettant « d’assurer, en définitive, le triomphe de l’esprit sur la matière » ; l’homme qui, non seulement, valide mais commence à mettre en application le programme du Conseil National de la Résistance avant son départ précipité, face à la réapparition du « régime exclusif des partis », le 20 janvier 1946. C’est aussi l’histoire du R.P.F et de l’Action Ouvrière affrontant durement le Parti Communiste qui entend asseoir sa mainmise sur le monde ouvrier et syndical. Viendra ensuite, en 1958, après « le retour aux affaires », l’affirmation d’une doctrine sociale dont la mise en œuvre est rendue possible par le redressement économique de la France : Protection familiale, émancipation des femmes (qui peuvent enfin ouvrir un compte en banque ou travailler sans le consentement de leur mari !) renforcement des droits des travailleurs, grâce à la Participation dont l’objectif essentiel, l’intégration de tous les personnels dans la vie économique et sociale de l’entreprise, sera finalement bloqué par l’alliance inattendue du patronat et de la plupart des syndicats… L’échec du référendum de 1969 engagera ensuite la France dans un tout autre chemin, même si le sillon tracé par les dix premières années de la cinquième République ne pourra être totalement effacé…

La seconde raison qui explique l’importance de la politique sociale léguée par le Général de Gaulle, c’est qu’il a toujours été l’homme du mouvement et non celui du repli derrière toutes les lignes Maginot que ses adversaires se sont, en permanence, ingéniés à construire… À l’image de la société, sa politique sociale était dynamique, bousculant, souvent, bien des idées reçues. N’évoquera-t-il pas, en juin 1968, la « marée d’incompréhensions, de griefs et quelquefois de fureurs » qu’il avait dû subir, chaque fois qu’il avait agi en « révolutionnaire » ! Ainsi, la proposition de loi Neuwirth sur la légalisation de la pilule avait, initialement, suscité ses réticences (il ne faut pas « sacrifier la France à la bagatelle » !) mais il comprend que cette mesure est dans la continuité du droit de vote qu’il avait accordé aux femmes, après la Libération, et il soutient alors, avec vigueur, le député… Autre exemple, son combat pour la Participation s’explique aussi par son refus constant des doctrines figées dont la lutte des classes est la meilleure illustration. N’avait-il pas prédit, suscitant l’incrédulité générale, que l’U.R.S.S n’aurait qu’un temps face à la Russie éternelle !

Il faut, enfin, souligner que l’ouvrage d’Alain Kerhervé est enrichi de nombreuses annexes mettant en perspective un travail documentaire approfondi sur cet aspect méconnu de l’œuvre du général de Gaulle.

 

3 commentaires sur Gaullisme en 2022 : Une révolution en héritage

  1. Gilles Le Dorner // 27 septembre 2023 à 6 h 01 min //

    Écologie ou mode de vie ? 1/ On peut parfois se faire même entre proches traiter de pétainiste à évoquer le retour à la terre . Et pourtant . Il y a quelques années , certains disaient que la France est en jachère ou même que les agriculteurs , industrialisés , passent ou passeront en jachère plus de temps devant leurs ordinateurs que dans leurs élevages ou sillons (c’ est une épidémie d’ailleurs sociétale affectant aussi les soignants ) . C’est plus qu’en jachère , c’est une désertification , et sans numerus clausus , évidente en remembrements et raréfaction de vies et de fermes , jointe au vieillissement des effectifs des soignants de nos terres . Les paysages sont jolis et variés ? les paysans sont aussi nos jardiniers . La France n’ est pas que week-ends à la campagne par routes longues et bouchons ni qu’ un espace VVF ou loisirs parsemé de folklore mémoriel moyen-âgeux . Faut-il revoir l’ agriculture sociétale ou le choix de société nationale ? Tout n’ est pas responsabilité de l’ État , et nos comportements robotisés dans nos robots d’ ordinateurs , de smartphones en oeillères , de trajets d’ autoroutes ou d’ avions comme des clics pour plus vite changer d’air , d’ appétit du tout disponible de nos côtes commerciales ou mégapoles interpellent en responsabilités individuelles aussi . Faut-il revoir le remembrement et redistribuer nos terres ? Les petites villes où villages non gaulois se meurent , pas d’école , pas de petits artisans ou commerces ni pain ni café , ni cure d’ailleurs , ni soignants . Les paysages sont jolis et variés , l’ air y est bon et apaisant au fil des jours . C’ est plus que « bio » . Il faudrait bien sûr en us des choix individuels une incitation par quelque architecture de transports locaux et de nos jeunes scolarisés , les soignants et les autres suivront . Chacun son bout de jardin , de chemins et loisirs aussi , de jolis coins de vie et non pas éphémères factices , de canaux navigables et soignés ou modernisés même en choix de transports plus lents contrevenant à l’ immédiateté en poids lourds . L’ agriculture est pêche aussi , tout n’ est pas que clichés selfies de petits ports , et si les criées remembrées aussi viennent à se raréfier presque se taire , la pêche et les petits ports ou plus grands ne seraient rien que des résidences secondaires en bateaux parqués de plaisance sans les bras et têtes burinées et mains parfois souvent fissurées de nos marins pécheurs , sous réserve que puissent
    être entretenus et approvisionnés en carburant leurs bateaux . Les paysages sont jolis et variés , sillons et sillages . 2/ ce n’ est pas régression ni utopie ni gourou . L’ écologie n’ est pas tout et hors-sol , sans choix individuels même en choix politiques rien n’ est possible . C’ est une question de choix et modes de vie . Ce n’ est pas la restreinte question de l’ ensauvagement mais celle de la déshumanisation et de robots et de superflus . Plutôt que chantres d’ IA d’ Orwell ou du tout ordinateur et smartphones en oeillères depuis l’ âge presque des écoles maternelles , nous ne sommes pas des robots en nos écoles ni en soins et hôpitaux ni en commerces ou guichets quand ils existent encore ou services . Les paysages sont jolis et variés , chacun est un peu soignant et jardinier , n’ est-il pas ?

  2. (il ne faut pas « sacrifier la France à la bagatelle .;;Merci de faire passer le message au « p’tit » chef et à sa cohorte de marcheurs de travers !!!!!

  3. Bernadet Didier // 20 décembre 2021 à 12 h 29 min //

    Tout simplement « merci », mais qui lira ces propos édifiants? Il faudrait pouvoir prendre au mot tous ces pseudos « affidés » du Gaullisme en leur expliquant que l’application du programme de leur « Modèle » est disponible et applicable, ne serait-ce que pour justifier leur « engagement » mais surtout pour retrouver notre souveraineté, notre développement et …la paix sociale. Ils vont fuir au triple galop puisque leurs programmes sont aux abonnés absents et seraient, de tout façon, l’antithèse de celui-ci.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*