« Face à la montée de Valérie Pécresse, le pouvoir tente de fracturer l’électorat de droite »

« Le 9 décembre au soir, les téléspectateurs français ont assisté au pire de la politique spectacle. » CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

En ne cessant de s’invectiver lors du débat, Bruno le Maire et Éric Zemmour, ont montré une piètre image de la politique, déplore Maxime Tandonnet. Selon lui, LREM cherche à réactiver la candidature Zemmour en perte de vitesse afin d’enrayer la percée de Valérie Pécresse dans les sondages. Fin observateur de la vie politique française et contributeur régulier du FigaroVox, Maxime Tandonnet a notamment publié « André Tardieu. L’incompris » (Perrin, 2019).

Le débat télévisé entre Bruno le Maire et Éric Zemmour du 9 décembre fut l’exemple même de ce que les Français ne veulent plus voir en politique. Comment des hauts responsables peuvent-ils prétendre lutter contre la violence urbaine ou la délinquance, quand eux-mêmes donnent, devant des millions de personnes, l’exemple d’un tel niveau de haine et d’agressivité ? Or, le 9 décembre au soir, les téléspectateurs français ont bien assisté au pire de la politique spectacle.

Les deux interlocuteurs ne cessaient de se couper la parole, de s’invectiver, de vociférer en même temps dans un brouhaha incompréhensible. Les échanges étaient ponctuées d’insultes (« cancre », « âne », « employé de Bruxelles », « dictateur »). La bataille de chiffres faisait rage tout comme celle des sigles absconds (Arenh ?) qui se mélangeaient aux attaques personnelles dans une indescriptible cacophonie. L’un s’écoutait parler, grandiloquent, professoral, confit dans l’autosatisfaction béate et affichant son mépris envers les arguments de l’autre qui l’accusait, tout aussi agressif, de réciter des fiches préparées par ses conseillers et le traitait de politicien opportuniste.

« N’en déplaise au ministre des Finances, le pays est confronté à de gigantesques problèmes qui n’ont cessé de s’aggraver depuis dix ans » Maxime Tandonnet

A mi-chemin, ce prétendu débat tournait au procès de Moscou. Les deux animateurs venaient en renfort zélé de Bruno Lemaire pour couper la parole à Éric Zemmour et tenter de le déstabiliser. La déontologie des animateurs d’un débat politique ne suppose-t-elle pas un minimum de neutralité ? Zemmour était pour la Nième fois mis face à ses déclarations ou provocations passées qui lui ont été mille fois reprochées et désormais bien connues. Et comme il tentait de s’en expliquer, ses adversaires, désormais à trois contre un, fondaient sur lui pour l’empêcher de développer ses arguments. Accusé de pétainisme, le journaliste-candidat s’en défendait. Mais que venaient donc faire Pétain et Laval, jugés et condamnés pour leur trahison et leurs crimes depuis trois quarts de siècle, dans une campagne électorale en 2022 ?

Car n’en déplaise au ministre des finances, le pays est confronté à de gigantesques problèmes qui n’ont cessé de s’aggraver depuis dix ans : une dette publique astronomique de 120% du PIB, un déficit commercial de 80 milliards, des prélèvements obligatoires qui selon l’OCDE battent tous les record (45,43% en 2020), juste derrière le Danemark, un chômage monstrueux de 3,5 à 6 millions de personnes selon pôle emploi, 10 millions de personnes en situation de pauvreté selon l’INSEE, 2 millions de bénéficiaires du RSA, l’effondrement scolaire et intellectuel dont témoignent les études internationales (PISA), la désindustrialisation, l’insécurité, la crise migratoire, etc. A quoi servent les polémiques stériles sinon à fuir ce bilan ?

« Face à la montée de Valérie Pécresse, à ce jour la seule candidate susceptible d’éviter aux Français un second quinquennat d’Emmanuel Macron et LREM, le pouvoir panique et tente par tous les moyens de fracturer l’électorat de droite » Maxime Tandonnet

De fait, si l’objectif était de conforter la place d’Éric Zemmour dans cette campagne électorale en trublion antisystème la réussite est indéniable. Les spectateurs avaient devant les yeux la caricature du mythique affrontement, supposé structurer la vie politique française, entre d’une part la morgue du « système » (politique, médiatique et technocratique) et d’autre part la France « réfractaire », dite populiste ou maudite. Mais surtout, ce soi-disant débat suintait l’hypocrisie. Si Éric Zemmour est infréquentable, pourquoi le mettre en valeur en l’invitant à débattre avec l’un des principaux ministres ? Et s’il est fréquentable, pourquoi lui infliger à l’occasion de ce débat un traitement aussi manifestement inéquitable ?

La vérité c’est que face à la montée de Valérie Pécresse, à ce jour la seule candidate susceptible d’éviter aux Français un second quinquennat d’Emmanuel Macron et LREM, le pouvoir panique et tente par tous les moyens de fracturer l’électorat de droite en réactivant la candidature Zemmour en perte de vitesse. Mais quel peut être l’impact d’une telle manifestation de médiocrité politicienne, sinon d’aggraver le dégoût ou la méfiance de 80% des Français envers la politique, selon une enquête du Cevipof, et d’encourager l’abstentionnisme ? Il reste à espérer que la suite de la campagne électorale va s’inspirer davantage de la tenue exemplaire des débats de la primaire des Républicains – dont justement, la candidature de Valérie Pécresse est issue – que de ce pugilat médiocre et tellement ambigu.

8 commentaires sur « Face à la montée de Valérie Pécresse, le pouvoir tente de fracturer l’électorat de droite »

  1. Chacun prendra ses responsabilités. Il existe des différences entre ces deux possibles finalistes. C’est aussi le rôle de Gaullisme.fr d’ouvrir le débat.

  2. Derrière le « chérubin du palais « c’est une armée de sauriens qui vont se donner en spectacle dans la fosse à purin .

  3. Intéressant article, mais pourriez-vous en écrire un pour nous expliquer les différences entre Macron et Pecresse. Parce que, en l’état de leur profil politique respectif, tout rejet de Macron implique un rejet de Pecresse pour les mêmes raisons. Et, si ce sont les deux du second tour, nous aurons certainement le plus haut taux d’abstention de l’histoire des élections présidentielles de la Veme République

  4. On a liste des journalistes des opinions ou pas des journalistes d’Information

  5. Imaginez vous un hybride de de Gaulle en façade dite souverainiste et chantre de Pétain en gourou chroniqueur , en président de France , portant actes ou paroles en Orient mais à quelle mode Trump , double Bush ou Netanyahou ? , ?flanqué d’un atypique en soubresauts d’un Puy ou des Herbiers chantre de chansons de gestes en symbole de civilisation de la bataille de Lépante ? Un néant d’assemblage . Un danger , la France en danger . Adhérent RN

  6. Bernadet Didier // 11 décembre 2021 à 17 h 58 min //

    A lire Tandonnet la candidature de Valérie Pécresse pourrait changer quelque chose? Si les mots cancre, âne, dictateur sont des « grossièretés « (depuis quand?) que dire alors, pour aller dans le sens, du mot « atlantisme »? Car Macron ou Pécresse, rien ne changera sur ce point et ne pas le dire relève d’une ambiguité qui fleure la « démission »…

  7. Philippe SEVESTRE // 11 décembre 2021 à 16 h 57 min //

    On ne peut reprocher à un taureau lâché dans l’arène, dans un combat inégal, de se défendre, et de donner des coups de cornes comme il peut. Zemmour a des progrès à faire c’est certain et il le sait. Le pouvoir Macronien a tout aussi intérêt à faire remonter Marine Le Pen dans les sondages pour coincer Pécresse entre elle et Zemmour. Les journalistes, une fois de plus, ne sont là pour être arbitres et modérateurs mais pour créer un climat de pugilat qui empêche d’écouter les arguments de fond des protagonistes. On notera au passage la prétention d’autorité de Lemaire dans le maniement des chiffres alors qu’il était incapable en tant que ministre de l’agriculture de citer le nombre de mètres carrés d’un hectare!

  8. Pécresse n’a rien de gaulliste,une médiocre opportuniste,insignifiante Présidente de région,mauvais ministre de Sarkozy ayant contribué à détruite l’Université ,pro-LGTB,Pro-avortement,féministe en diable,son seul argument étant qu’elle était la seule femme,etc.Les adhérents LR sont indécrottables et ne représentant en rien la droite et est très proche des macroniens.

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