Australie : la leçon du Général

Christine Clerc est une journaliste politique française,

On se disait choqués quand, en 1958, Charles de Gaulle recevait en ami, à Colombey, le chancelier allemand Adenauer. On riait quand, en 1964 à Mexico, il lançait « Marchamos mano en la mano ».

On s’indignait quand, en 1966 à Phnom Penh, la France ayant reconnu la chine communiste[1] tandis que les États-Unis s’y refusaient, le Général administrait cette leçon à nos alliés : « La France le dit à cause de l’amitié exceptionnelle et deux fois séculaire qu’elle porte à l’Amérique et de l’idée que jusqu’à présent, elle s’en était faite ».

On soupirait enfin, en 1967 – « Le vieux a perdu la tête… » – lorsqu’il lançait à Montréal son « Vive le Québec libre ! »

Tout en célébrant l’amitié entre les peuples français et américain en accueillant royalement le couple Kennedy et en laissant Malraux emmener la Joconde à Washington, de Gaulle n’oublia jamais la leçon de la Seconde Guerre mondiale : Si le président Franklin Roosevelt finit par intervenir et si le débarquement de nos libérateurs eut lieu, ce fut à la suite de Pearl Harbor, et parce que la double menace allemande et japonaise touchait les États-Unis.

D’ailleurs, le président américain, hostile à de Gaulle, chercha, en 1944, à imposer à la France un gouvernement de son choix et une administration américaine. D’où l’obsession du Général : tisser un réseau d’alliances qui constituerait une sorte de « troisième force » entre les super-puissances américaine et russe.

On mesure aujourd’hui à quel point il avait vu juste : pour Biden, comme pour Roosevelt, Trump et même Kennedy, ce sera toujours « L’Amérique d’abord ».

La défection de l’Australie est un cruel signal d’alarme : il nous faut ou nous ranger sous la bannière étoilée comme la Grande-Bretagne ou trouver de puissants alliés. Mais lesquels ?

Christine Clerc


[1] Note de Gaullisme.fr - 27 janvier 1964 (page 299 du livre « Découvrir, comprendre de Gaulle » d’Alain Kerhervé et Gérard Quéré - Un tsunami politique digne de la grandeur de la France

8 commentaires sur Australie : la leçon du Général

  1. Odieux méandres des langues acérées et rapaces du « détail » à la « chasse au prénom » osant lorgner sur les présidentielles

  2. On écrit où on peut . Et j’insiste . A vomir . Ce dégoût n’ est pas une insulte ni un appel à l’ outrance , un simple droit en simple liberté et simple devoir de devoir rejeter en simple honneur de France , la France en danger

  3. Se taire / on ne parle pas la bouche pleine . Après des années à combattre ou digérer le « scoop » du « détail » de JMLP, manqué un arrêt cardiaque au ralliement non consulté de NDA au second tour de 2017 , adhéré au Rassemblement national , j’ai l’honneur d’annoncer à M. Zemmour , simplement je vous vomis

  4. Latini Jacques // 23 septembre 2021 à 9 h 21 min //

    Chère Madame nous avons des liens culturels avec la Russie depuis bien longtemps et elle perdurent avec le Normandie Niemen ! Le Général a été le premier à signer des accords scientifiques avec ce qu’était alors l’URSS, au grand dame de l’Amérique !
    Hollande et je Macron ont trahi la confiance qu’avait Poutine pour la France !
    Il faudra un autre président d’une autre stature pour rétablir ces liens et mettre de côté ceux avec les anglo-saxons !

  5. « On mesure aujourd’hui à quel point il avait vu juste : pour Biden, comme pour Roosevelt, Trump et même Kennedy, ce sera toujours « L’Amérique d’abord ». Qui empêche la France d’avoir les même ambitions pour Elle même ? Comment donc trouver des alliés partenaires pour se faire plus grosse qu’Elle n’est ? Une tâche qui ne laisse pas la place aux fanfarons, prétentieux et arrogants qui s’ingénient à vouloir donner des leçons à toute la planète au prétexte que nous aurions été autrefois des Lumières ou que nous sommes une terre bénie des Dieux !!!!!

  6. Excellente analyse et rappel historique de Christine Clerc, mais je n’oublie pas l’absence de vision stratégique des différents « livres blancs » de la défense qui n’ont rien compris aux enjeux mondiaux en privilégiant toujours la méditerranée, l’Afrique, le moyen orient et bien non !
    La France est la seule puissance présente sur les 5 continents et nos enjeux sont mondiaux puisque l’économie est mondiale et ce constat ne date pas d’hier mais de la première guerre qui était MONDIALE
    Donc je regrette que tous les « then tanks » et les comités « machin » de réflexion et de stratégie de nos ministères ne réalisent pas un plan de jeu global et mondial.
    Notre avenir aussi se joue dans le pacifique et nous devons agir à ce niveau, nous y avons des intérêts majeurs et sur place les australiens, déjà du temps des essais atomiques, étaient nos adversaires tout en se déclarant amis-amis
    • Qui a armé le RAINBOW WARRIOR ?
    • Qu’est-ce que l’on attend pour construire des patrouilleurs et agir dans cette zone ?
    • Comment on répond aux indépendantistes kanaks qui sont travaillés par les chinois ?
    Il faut augmenter significativement notre présence militaire dans cette zone et négocier avant d’autoriser par exemple les américains à utiliser nos porte-avions terrestres de cette zone, comme en 42, en NC et a BORA pour construire des pistes d’aviation qui ont permis de gagner la Bataille de Guadalcanal.

    Je souhaite que nos têtes pensantes, pensent GLOBAL et ne s’arrêtent pas de penser après GIBRALTAR
    jacques GUISET
    http://Dossiel.fr/

  7. Bernadet Didier // 22 septembre 2021 à 17 h 08 min //

    Trouver de puissants alliés? mais en relisant de Gaulle (un peu entre les lignes, parfois) et en accordant du crédit à ce qu’à dit à plusieurs reprises Poutine, à savoir que l’Europe, comme le disait de Gaulle (dixit Poutine), va de Brest à Vladivostok, la route est tracée. La Russie, cette puissance à l’Est de l’Europe, au Nord de la Chine, est le complément naturel de l’Europe de l’Ouest et ainsi, la troisième force face à un système dual (donc en déséquilibre) sera une Europe reconstruite qui fait face à l’Ouest au bloc Américain et au Nord Est, à la Chine. Les Américains comme ce fut le cas au temps de l’URSS, savent qu’ils devront « partager » avec les Chinois et agissent dans ce sens en faisant tout pour exclure l’Europe actuelle et la Russie. Une troisième force d’équilibre est absolument nécessaire au monde, l’Europe cette fois ne doit pas passer à coté de cette lourde responsabilité historique.

  8. Dêva koumarane // 22 septembre 2021 à 16 h 49 min //

    L’article de Mme Christine Clerc est fort intéressant. Permettez-moi de répondre à sa très bonne question: » …Nous trouver des puissants alliés. Mais lesquels? » Je pense qu’il faudrait se tourner vers l’Asie, vers des Pays comme le Japon, le Viet Nam, la Malaisie et surtout vers l’Inde. Le Président De Gaulle a suggéré à son Premier Ministre Monsieur Pompidou qui s’apprêtait à partir en visite officielle en Inde de demander aux dirigeants indiens s’il serait possible à la France de jouer un rôle en Inde par le biais des anciens Comptoirs Français(1674-1954).L’homme du 18 juin fut, il est vrai, un authentique patriote, un génie politique et un ami de la démocratie.

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