16 février 1959 : De Gaulle fait un tabac à Pau !

L’accueil réservé au président de la République pour sa venue à Pau, début 1959, lors d’un voyage aux accents sudistes, a été relaté dans de nombreuses pages spéciales.

Nous avons fait le compte. Pas moins de sept pages et deux Unes entièrement dédiées furent consacrées à la venue en Béarn, les 16 et 17 février 1959, du général de Gaulle. Une visite triomphale pour celui qui venait d’être élu, deux mois plus tôt, président de la République.

Adulé par tout un peuple, quelques semaines après l’instauration de la Ve République, le chef de l’État avait honoré un programme particulièrement chargé, allant entre autres du bassin de Lacq, pour y découvrir (sur maquette) le fonctionnement d’une usine, à la coopérative billéroise de maïs, en passant par l’Hôtel de ville de Pau et le Parlement de Navarre. Autant d’étapes largement couvertes par nos confrères, à grand renfort de pages photos sur lesquelles il est impossible de ne pas voir la haute stature de l’auteur de l’appel du 18 juin 1940.

Pour l’occasion, notre journal, évidemment très mobilisé, avait aussi largement usé d’adjectifs dithyrambiques. De « l’accueil triomphal » dès l’arrivée de De Gaulle à Pau au « final en apothéose », il est clair que le président a fait un véritable tabac auprès des Béarnais. Ils n’étaient, par exemple, pas moins de 20 000 sur la place Royale afin d’apercevoir, au balcon de la mairie, un hôte de marque « particulièrement touché par l’accueil [qui lui fut] réservé ».

N’hésitant pas à exiger, souvent, l’arrêt du cortège présidentiel afin de serrer des mains, il s’était, à vrai dire, assez peu préoccupé des questions de sécurité. Voilà pourquoi « son service d’ordre est », parfois, « apparu un peu débordé », peut-on lire dans notre journal.

La croix de Lorraine à la Une !

« Conquis […] par le président de Gaulle », le Béarn avait su mettre les petits plats dans les grands afin de se hisser à la hauteur de l’événement. À cet égard, le premier déjeuner qui fut servi en préfecture pour un nombre très restreint de 14 convives était un modèle du genre. Au menu : consommé béarnais, piperade, caneton, délices de Lagor et fruits de France.

De cette séquence haute en couleur, on retiendra aussi la Une collector proposée par « La République des Pyrénées ». On y voit le grand Charles, debout, le torse bombé, sortir du château de Pau à bord de sa fameuse DS décapotable, sous les acclamations d’une foule compacte. Et sur la gauche, en haut de cette même page, c’est bien la croix de Lorraine qui s’affiche fièrement ! Autre temps…

Avant de repartir, de Gaulle, visiblement remué par tant de témoignages d’affection, ne pouvait omettre de livrer à son large auditoire une sorte de « discours à la nation », entièrement retranscrit dans nos colonnes. La lecture de celui-ci en dit long sur l’état d’esprit du moment d’un homme qui a « emporté du Béarn une immense confiance ».

« Nous sommes un peuple uni et rassemblé […]. Un grand pays qui ne doit rien à personne ! » avait notamment souligné le président dont les talents d’orateur n’étaient plus à démontrer depuis déjà longtemps. Tenus moins de quinze ans après la fin du dernier conflit mondial, ces propos eurent une portée facile à imaginer. Dans le même temps, de Gaulle n’oubliait pas d’évoquer, aussi, le brûlant dossier nord-africain. Ce qui, immanquablement, fit naître au sein de l’assistance béarnaise des cris du cœur en faveur d’une « Algérie française ».