Le référendum d’initiative populaire, solution miracle ?

Par Maxime Tandonnet

Le référendum d’initiative populaire (le RIP) est l’une de des dernières revendications des gilets jaunes. Il est préconisé par les Insoumis comme par les Lepénistes et des voix s’élèvent en sa faveur dans les partis anciennement dits de « gouvernement » et du côté des intellectuels. Il ne serait pas étonnant de le voir sortir de quelque chapeau officiel comme un contre-feu…

Le problème, c’est que chacun à une idée différente derrière la tête. Pour les uns, il permettra d’arrêter l’immigration et pour les autres, au contraire, de faciliter l’accueil inconditionnel des « réfugiés »; pour les uns, il se traduira par une augmentation considérable du SMIC et des rémunérations y compris des fonctionnaires, pour les autres, une baisse massive des impôts; pour les uns une sortie du nucléaire, pour les autres, la gratuité de l’électricité… Que sais-je ? Et puis viendra la question de la mise en œuvre des décisions adoptées. On peut faire toute confiance à la classe dirigeante pour trouver mille prétextes qui les rendent inapplicables (engagements internationaux, contrainte juridique, absence de crédits, oubli dans un tiroir, etc.)

De fait, l’opinion publique n’est pas monolithique, elle est fragmentée, volatile, extrêmement soumise à toutes les influences, en particulier médiatiques. Le RIP ne sera-t-il pas une illusion supplémentaire, un gadget destiné à calmer la population mais qui ne fera qu’ajouter du chaos au chaos sans déboucher sur une once d’amélioration du bien collectif ? L’esprit est différent de celui du référendum gaullien qui consiste à interroger périodiquement la Nation sur les sujets fondamentaux pour son destin. Les Français votent de moins en moins.  La banalisation du suffrage universel , à travers le RIP, n’aura-t-elle pas pour effet de tuer (encore plus) le suffrage universel ?

Avant de songer à sauver la politique et la démocratie par le RIP, n’y aurait-il pas des choses plus simples et évidentes à attendre des gouvernants ? En finir avec les promesses irréalistes et démagogiques pour être élus ? Qu’ils cessent de mépriser et d’insulter la nation qu’ils sont censés représenter et qui les rémunère ? Mettre un terme à l’ivresse narcissique qui détruit le sens de l’intérêt général ? Restaurer la confiance par des politiques de long terme, sans esbroufe, visant à la baisse des taxes et des impôts, la maîtrise de l’immigration et des frontières, la sécurité des biens et des personnes, la lutte contre le terrorisme islamiste ? Il serait tellement plus simple, déjà, de réhabiliter le principe de responsabilité, B-A-BA de toute démocratie. Que doit faire un dirigeant qui s’est trompé ou qui a failli par des paroles ou des actes déclenchant une catastrophe: assumer et tirer toutes les conséquences de son échec.

Et puis le peuple a aussi sa part de responsabilité. Avant de prévoir on se sait quelle extension indéfinie et banalisation du recours au suffrage universel à travers le RIP, peut-être que les Français pourraient d’abord se rendre aux urnes quand l’occasion leur en est donnée. Plus de 50% se sont abstenus aux dernières législatives. Peut-être que s’ils avaient été voter, non pas en masse, mais normalement,  à 70 ou 80%, comme un peuple responsable face à son destin, le pire aurait pu être évité, le pire d’une majorité lèche-botte… Le RIP, oui, mais avec quelle participation dans un pays qui vote de moins en moins ?  Bon, le RIP, comme en Suisse, pourquoi pas, mais méfions-nous de ces chiffons rouges lancés en pâture à l’opinion pour lui faire oublier les désastres, ignominies, les mystifications et les lâchetés du quotidien…

Maxime TANDONNET

 

11 commentaires sur Le référendum d’initiative populaire, solution miracle ?

  1. Voilà des propos qui nous rapprochent Mr Maxime TANDONNET… »Et puis le peuple a aussi sa part de responsabilité. Avant de prévoir on se sait quelle extension indéfinie et banalisation du recours au suffrage universel à travers le RIP, peut-être que les Français pourraient d’abord se rendre aux urnes quand l’occasion leur en est donnée ».
    Mais il s’agit non pas d’un RIP ,encore moins d’un RIC, mais une fois de plus d’une consultation nationale imaginée par le « chérubin du Palais » grand maître de son vocabulaire trop intelligent pour coller à un RIP ou à un RIC. Les cahiers de doléances vont donc s’empiler à tous les niveaux et l’exercice de thérapie politicarde prendra fin sans avancée notoire vers les urnes sous une forme ou sous une autre et pour répondre à une « envie » précise des gilets jaunes. Il est donc à craindre que l’affluence aux Européennes ,premier scrutin annoncé en 2019,ne concerne que le nombre de candidats !!!

  2. Ne pas oublier le quinquennat.

  3. CASTELIN Michel // 19 décembre 2018 à 12 h 41 min //

    Constitution V° République.
    ‘ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain’
    On peut (il faut) vider les eaux poluées*, mais il est conseillé de garder le sujet du toilettage.
    Non ?

    -Tout reprendre à partir de Mai 2005.
    En Mai 2005, la pratique du référendum à été violée par les pollueurs* internationalistes et européistes de la politique.
    Ne s’agit-il pas plutôt et simplement d’expliquer et réhabiliter cette pratique en respectant les résultats ? Et donc les appliquer (remise en cause de l’UE -trop tard?- … voire la quitter- urgent!).
    Donc tout reprendre pédagogiquement à partir du référendum de Mai 2005.

    -Scrutin majoritaure ou proportionnel?
    De la même façon, n’est-il pas bien aventureux de triturer voire supprimer le scrutin majoritaire ?
    Lorsque les Patriotes-Souverainistes auront scellé leur alliance (sur les questions essentielles …) tout deviendra plus claire et motivant pour les électeurs. Le but est de leur faire reprendre le chemin des urnes. Depuis trente ans l’abstention est exponentielle parce qu’on leur ment ou les manipule. Ils ne savent pas précisément pourquoi. Mais ils n’en peuvent plus**. L’abstention est l’atout de la sphère politico-intello-médiatique (dictature mondialiste et européiste) : éparpiller les voix et diviser pour régner.
    La proportionnelle disperse les voix et divise davantage encore. Fausse route.

    Alors … RIC ou RIP … ?
    Encore des machins de politiciens qui vont surcharger un peu plus et finalement détruire (c’est * ce qu’ils veulent) la Constitution de la V° République.
    Tout reprendre depuis Mai 2005.
    Réhabilitation du référendum originel.
    Scrutins majoritaires et non proportionnels.
    CASTELIN Michel

    (*) les mondialistes , les européistes, les internationalistes (la gôôche), les capitalistes, la droite bête et lâche, les antigaullistes viscéraux… en somme tout ce que notre Pays compte d’antipatriotes idéologiques, collaborationnistes, idiots utiles, ou personnes simplement influençables. Ils veulent exploiter l’heureuse et providentielle déstabilisation de macron pour détruire l’un (sinon le seul) des grands textes constitutionnels depuis 1789.
    (**)  »libre circulation des personnes, des capitaux, des marchandises et des services » et … Neutralisation des Etats ; privatisations; financiarisation; délocalisations; désindustrialisation; submersion migratoire » et…
    Décentralisation dogmatique, régionalisme supranational, grandes métropoles suzeraines et communes vassalisées; droit du sol, double nationalité, vote des étrangers, communautarisme rampant, etc. etc. …

  4. michel chailloleau // 17 décembre 2018 à 12 h 21 min //

    Cette demande des gilets jaunes est parfaitement acceptable. Elle rejoint les référendums effectués par le Général de Gaulle. Pourquoi un gouvernement peut il s’opposer à cette demande des citoyens (Et tous ne sont pas Lepénistes comme indiqué…) Un peu de courage à nos dirigeants pour écouter le peuple et comprendre et effectuer ce que la majorité des Français réclame.

  5. L e fameux « traité de Lisbonne »…a peut-être contribuer à dégoûter ceux qui se sont déplacés le 29 mai 2005!

  6. dans leurs demandes , les gilets jaunes oublient que nous sommes pieds et mains liés par l’UE , presque tout se décide a Bruxelles par des personnages non élus!
    nos députés de servent plus à grand chose!
    donc il faut sortir de l’UE et aussi de l’Euro; sinon rien n’est possible

  7. Il n’y a rien à ajouter ou à retirer de cette réflexion qui analyse parfaitement le jouet extraordinairement dangereux que serait le Referendum d’initiative citoyenne.
    Je crois pourtant que des esprits pervers ne soient tentés de soutenir l’idée en pensant qu’elle ne se réalisera jamais….

    Etienne Tarride

  8. Prière de se tenir à jour…la revendication porte sur un RIC !!!!

  9. Jacques Payen // 15 décembre 2018 à 18 h 58 min //

    Excellente idée que ce R.I.C.
    Sous réserve de modalités intelligentes bien sûr et pragmatiques, mais dont on ne voit pas pourquoi la Suisse ou certains pays nordiques auraient l’exclusivité.

    Il est plus que temps de prendre conscience, en effet, du grave danger que constituent 2 facteurs qui se combinent :1/ le rejet massif, par discrédit, de la parole politique et de la caste politique 2/ l’abstention non moins massive, y compris désormais au 2ème tour de la présidentielle.

    On voit le manque d’assise solide, pour ne pas dire l’extrême fragilité d’un Président élu avec moins de 30% du corps électoral !

    Le danger potentiel étant celui d’une confrontation insurrectionnelle très violente, comme celle que l’on a frôlée ces dernières semaines. Confrontation qui peut évidemment déboucher sur un basculement dans un régime autoritaire, ce qui ne serait d’ailleurs pas pour déplaire à certains milieux économiques et financiers.
    Ceci dans le contexte très lourd de menaces d’une Union Européenne dont Juncker a énoncé avec violence et cynisme la règle : il ne peut pas y avoir d’expression démocratique…contre les Traités européens !!!

    Alors, si le Référendum d’initiative citoyenne peut permettre de reconcilier peuple et politique, ce n’est pas à un gaulliste de faire la fine bouche !

  10. RIP OU RIC…LE DIALOGUE DE SOURDS VA SE POURSUIVRE ET LES PERSPECTIVES DE GOUVERNANCE AMELIOREE ET PERFORMANTE DE LA FRANCE S’ENVOLENT à NOUVEAU !

  11. Le RIP, une fausse bonne solution. La priorité est le retour de la souveraineté nationale dont le peuple est le détenteur. Elle passe par la sortie de l’euro et de l’UE, et toute la politique qu’elle implique et que Jacques Sapir expose souvent. Ensuite l’on peut envisager des réformes institutionnelles comme une meilleure représentativité de l’Assemblée nationale.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*