Le capitalisme cognitif*

PREAMBULE

DES MAINTENANT SI ON N’ADMET PAS SI ON NE DEFEND PAS UNE FOIS POUR TOUTES  QUE TOUTE AVANCEE TECHNIQUE DOIT SERVIR L’HUMANITE, ET QUE SANS TARDER IL FAUT ELABORER UNE ETHIQUE DE L’EMPLOI DE L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE ET DES ROBOTS ON AURA AU DESSUS DE NOS TETES DANS UN AVENIR PROCHE UN REDOUTABLE DANGER PIRE QUE LE PERIL NUCLEAIRE POUR NOS ENFANTS.

LETTRE AU DR FOLAMOUR

                                                           Cher confrère

            Dans un article sur les « écologistes apocalyptiques » paru dans le figaro du 7/09/2018 Le Dr L.  Alexandre lance un plaidoyer vibrant en faveur d’une économie de la connaissance, un capitalisme cognitif, mais cet article néglige les légitimes inquiétudes des peuples. Il ne faut pas discréditer Nicolas Hulot ni, comparaison n’est pas raison, faire des différences entre écologistes, qui ont la même différence qu’entre bonnet blanc et blanc bonnet. Car tous les écologistes dignes de ce nom luttent dans un combat social, pour l’homme et son environnement. Il n’y a pas et il n’y aura pas de progrès tant qu’on n’aura pas inclus ce combat dans toutes les tentatives sincères ou non de faire le bonheur de l‘humanité. La science et la technique doivent y contribuer. le bien-être de l’homme physique mental et social doit être le premier souci quand on gouverne, car il n’y a de richesses que d’hommes. On ne peut pas qualifier de peur névrotique de l’avenir, la disparition du travail, déjà des pertes d’emplois en nombre, le déclin industriel, la pollution mortifère, les famines apocalyptiques, la peur des OGM, la pénurie de matières premières etc… il faut expliquer aux gens ce qu’ils ne connaissent pas. En outre ils ne voient la plupart du temps, que c’est seulement le profit qui est en cause, pas le leur mais celui de gens qui amassent de l’argent au détriment d’autres gens tenus pour négligeables. Et la Catastrophe de Bhopal ? Et la spéculation boursière sur les matières premières ? Et le déclin industriel en France ?  Et le chômage, ne sont-ils pas les conséquences diverses de la recherche d’un profit. Un profit qui ne va pas dans leur poche. L’auteur se trompe de combat. Porter la connaissance aux nues ? Oui, mais l’économie de la connaissance, concerne des nations des Etats, des groupes, des multinationales qui se noient déjà dans les abysses de la spéculation. Le progrès humain vient souvent avec l’apparition de techniques nouvelles et d’une industrie, mais aujourd’hui c’est l’arrivée d’un capitalisme financier spéculatif mondialisé et de ses prédateurs qui menacent d’agripper dans leurs serres ce qui peut faire le bien collectif. 

            L’Intelligence artificielle, c’est magnifique les nouvelles technologies de l’Information et de la Communication, c’est merveilleux la société de la connaissance c’est superbe. Rien n’y est à critiquable. Nous allons vers un capitalisme cognitif ? Il chante et gare à ceux qui l’auront manqué, ils resteront sur le carreau. C’est moins vrai. Ou qui déchante, c’est davantage vrai. Il n’est pas besoin d’être collapsologue pessimiste pour le penser. L’économie de la connaissance des « big data » pourquoi pas ? Mais oublier les formes actuelles (plutôt la forme actuelle) du capitalisme qui sévit pour longtemps (sauf catastrophe) c’est se tromper lourdement de monde. Un capitalisme spéculatif, non cognitif domine le monde. Il dévore tout ce qui passe. Quant au capitalisme cognitif, il n’existe pas ! Que signifie d’ailleurs ce concept ? Des registres de Big datas qui vont rester dans les rayons de la connaissance ou personne ne les cherchera, seulement des curieux qui fouillent, ou des praticiens qui en ont besoin, et ce ne sera pas gratuit. En vrai on ne peut parler que d’un capital de connaissances, comme d’une vaste bibliothèque, mais ceux qui l’ont entre les mains, sont déjà des très riches et veulent devenir encore plus riches. C’est la recherche vertigineuse d’un profit encore plus vertigineux. Et on ne peut pas croire à des enfants de Chœur atteints d’altruisme. Le capitalisme aujourd’hui est aux mains de nuisibles, de spéculateurs, de grandes fortunes, de fonds de pension, de multinationales, de banquiers, des GAFAM et qui leur font gagner des tonnes d’argent, et de pouvoir, jamais rassasiés par leur soif de cupidité. La société de la connaissance est depuis longtemps aux prises avec l’argent. Tous ces rapaces aujourd’hui déjà occupent les bonnes places. Plus tard ce sera encore pire.

            Mais que de désastres consécutifs pour les populations, ce sont elles qui resteront sur le carreau et on comprend selon l’usage qui en sera fait que certains freinent des quatre fers. Le capitalisme financier aujourd’hui est dissocié de l’économie réelle. Si ces nouvelles technologies n’apportent pas des solutions contemporaines aux problèmes sociaux qu’elles auront causés, tout votre appel est vain.   La société de la connaissance ne servira qu’à engraisser les poches les plus grasses.

            La mondialisation du capitalisme s’est accélérée depuis le dernier quart du XXe et il règne aujourd’hui et pour longtemps un pouvoir absolu de l’argent, de l’égoïsme et de la cupidité. Aujourd’hui le but est un profit par spéculation, qui écarte tout ce qui peut le gêner et repose sur l’importance extraordinairement développée du rôle du marché. Ce capitalisme-là n’a rien à voir avec un capitalisme cognitif souhaité par vous, Dr Alexandre. Il a été provoqué par une dérégulation, et un ultralibéralisme débridé. Héritage de Mme Thatcher qui a réussi à convaincre Mr Reagan. Quelques grands prédateurs, et les banquiers ont suivi. Braves banquiers qui ont oublié simplement que les banques servent à financer l’économie, et doivent la marquer à la culotte. Braves prédateurs qui ont choisi de vivre dans un monde où on ne s’occupe plus que de rentabilité, et de soi-même mais pas de la vie des autres ni de la société. Ils ont oublié d’être gentils. Est-ce de leur faute s’ils ont tant d’argent à placer ? Ce capitalisme-là est un mangeur d’hommes. L’appétit jamais rassasié. Parfois il chute lourdement à cause des bulles, qui crèvent comme des ballons gonflés. Mais les bulles ne sont que la conséquence d’un capitalisme débridé déraisonnable. Puisque les politiques publiques, sont gênantes détruisons-les ! Mais quand ce capitalisme boit, malheureusement c’est le monde entier qui trinque.

            Est-ce ainsi que les hommes vivent et leurs banquiers au loin les suivent ?

           L’homme, le citoyen n’est plus libre il est prisonnier de cette hydre de Lerne dont les têtes repoussent, capitalisme improductif qui entraine des désastres économiques, du chômage, des inégalités graves, provoque des fermetures, des restructurations, des délocalisations, des plans sociaux,  des désespoirs, des morts.  L’homme qui se croit émancipé n’a plus de travail ne peut plus faire vivre sa famille, devient dépendant des autres, de ce qu’on lui donnera, de ce qu’on lui permettra de faire, des aides sociales qu’on voudra bien lui délivrer. Ce qui ne changera rien, et même aggravera sa situation.  Il n’y peut rien. Les autres l’ont voulu pour lui. Et quels autres ? Finance internationale ? Actionnaires insensés pour financer les entreprises ou les reprendre en difficulté,  mais exigeants : ce sera « tant pour cent » le « risque oblige. Tout ça peut monter fort. Mais où sont les banquiers d’antan ? Et les politiques, qui jonglent avec l’argent du peuple ? Aucune régulation financière n’a été possible sauf des mesurettes (Bale 2 et Bale 3). Aucune des résolutions, prises dans les instances internationales, n’ont été appliquées, et le monde est devenu un chaos dont on ne trouve plus la grille de lecture. Les lâchetés, les ambitions, n’ont pas permis d’en rester ou de revenir à une société libre mais régulée. 

            On ne peut pas arrêter la connaissance, les sciences avancent toujours et les sciences cognitives, et l’IA avancent mais ils connaîtront des limites, celles qui sont dans l’existence de toute chose et de toute science. La Mort ! Dès aujourd’hui ans ce cas précis, il est bon de donner des limites à ne pas franchir dans l’intérêt commun des hommes. Les machines sous intelligence artificielle, ne devront jamais se passer d’un contrôle humain, comme le robot qui échapperait à son créateur. Déshumaniser la planète avec des boites qui parlent et avec qui on discuterait ? Qui feraient des gestes pour vous sans que vous les surveilliez ? Pas question ! Dan Brown a fort bien décrit dans son roman « Origine », comment vivent et meurent ces mécanismes qui parlent, qui donnent des ordres des conseils etc…. Un talon suffit à les écraser.  Il faudra des limites. Les intelligences naturelles doivent se réunir pour décider d’une régulation, une éthique,  formuler le traitement et la prévention des périls. Il faut de la sagesse, ne pas laisser la planète et ses habitants esclaves des machines, guidés par des individus dénués de scrupules, de sens moral, ou des Etats voyous.  On ne doit pas faire un dogme ou une religion des NTIC et des technologies, qui peuvent nous échapper. Science sans conscience n’est que ruine de l’âme. Aussi, le capitalisme cognitif (concept aussi brillant soit-il) la société de l’intelligence ne seront pas le remède, dans ce foutu 21ème siècle qui marche sur la tête, sauf en introduisant dans l’éthique tout l’avenir humain et sa protection. Ce que vous dites, écrivez parait assez effrayant. Parler de manipulations génétiques, d’augmentation cérébrale, vers quelles dérives allons-nous ? Et si la science doit avancer il faut des hommes pour freiner ses excès. Certes pas Google, ni Apple, ni Facebook, ni Microsoft, ils en tireront trop de bénéfices. Ni les banquiers, ni les grands fonds de pension, ni les actionnaires, mais des écologistes qui défendent la « bonne vie ».

            La différence entre N. Hulot et Fr. de Rugy, n’est pas grande, l’un comme l’autre avec leurs nuances perçoivent et se battent contre une réalité qui vous échappe. L’IA est une magnifique innovation qui ne prévient pas d’hallucinantes catastrophes, au plan humain, mais en outre le capitalisme d’aujourd’hui est un modèle qui vit sur le dos des autres, sans tenir compte de rien, ni de personne (Etats, hommes, matières premières, agriculture, élevage etc.). Hulot est un ennemi de la déraisonnable finance actuelle, et de Rugy en sincère écologiste est hostile à cette finance spéculative aussi. Avant de tresser des lauriers à l’un ou injurier l’autre il faut rester critique dans une juste réserve car si ces gens-là n’existaient pas avec tous leurs défauts, ce ne sont pas les mordus les fanatiques du capitalisme cognitif qui les remplaceraient. Il est bon en démocratie d’avoir des contre-pouvoirs. Au fait la France n’a pas le retard que vous dites, mais cela ne change rien à ce que je pense. Cordialement mon cher confrère. Signé : Un médecin parmi tant d’autres.

Dr J. Petroussenko


*le Dr Laurent Alexandre, chirurgien, entrepreneur, écrivain, s’occupe des questions d’Intelligence artificielle et de leurs perspectives. Mais comment la pensée d’un médecin brillant parvient-elle à ce point où il parait aveugle aux questions sociales, à l’avenir des hommes, et au sens du progrès humain ? Récemment il a donné un article dans le Figaro où il appelle (avec l’intolérance des prophètes) un monde inégalitaire, que nous tarderions à attraper, mais dont beaucoup à l’opposé pensent qu’il faut le contrôler à tout prix. Intelligence artificielle et robots. Or la science ne s’arrête jamais. Or il n’y a pas d’éthique pour réguler ces « innovations » ni de morale pour les contrôler. L’élaboration d’une éthique n’est donc pas urgente mais c’est tout de suite et maintenant qu’il la faut. C’est vital pour l’humanité avant d’aller plus loin. Trop c’est trop. Stop à la religion de la science !


 

4 commentaires sur Le capitalisme cognitif*

  1. petroussenko jack // 10 octobre 2018 à 18 h 41 min //

    Baert . Il n’est de richesses que d’hommes. Il faut que les hommes soient derrière les machines à les faire avancer, et non pas devant elles à avancer sous la contrainte, comme dans un camp de prisonniers. les algorithmes sont comme lez autres machines. Rien n’est beau que le vrai, mais la nature est vraie.l’IA doit TOUJOURS SERVIR A L’HOMME PAS L’INVERSE. si vous pensez que laisser faire est une solution, tant pis ! mais à mon sens il faut garder les pieds sur la terre et ne vivre que des réalités. les rêves de domination PAR les machines ne sont que des fantasmes, ce sont des hommes qui domineront AVEC leurs machines si on laisse faire. Ils ne s’en priveront pas. Il faut inventer une éthique rapidement. Cordialement J. P.

  2. petroussenko jack // 10 octobre 2018 à 18 h 26 min //

    Arnaud, Ce qu’il faut, nous, c’est dénoncer les motifs, ceux des ennemis malhonnêtes qui se cachent derrière les savants honnêtes, et se battre contre les Dr Folamour de service pour imposer une éthique de l’usage des machines. il n ‘est pas question de laisser ces machines décider pour nous, avec des algorithmes écrits par d’autres, autrement dit se laisser gouverner par d’autres. c’est cela le problème. laissez les fantasmer. redescendez sur la terre et dénoncez le danger. pas de déprime. Tant qu’il existe une humanité. l’intelligence artificielle doit nous servir, et nous servira, non pas se servir de nous. chacun doit le comprendre et lutter à sa manière contre ce qui ne sera que des tentatives bien humaines de domination des hommes par d’autres hommes qui seront aux commandes, De même que l’immortalité promise par le Dr Folamour n’est qu’une prolongation de l’espérance de vie, autrement dit l’homme augmenté. Ces hommes prédateurs auront en prime du pouvoir, un enrichissement colossal, une domination(les GAFAM) mais l’IA ne dépassera jamais l’intelligence humaine, comme le transhumanisme jamais l’homme. Mais elle peut nous servir à améliorer notre intelligence humaine. hier un prof d’économie en faculté m’a dit : la médecine sera automatique. non ! archinon ! La machine à IA n’aura jamais ces folies propres à l’homme, la compréhension, la compassion l’empathie et d’autres. salut à vous. J. Petroussenko

  3. Au Dr J. Petroussenko…. »Déshumaniser la planète avec des boites qui parlent et avec qui on discuterait ? Qui feraient des gestes pour vous sans que vous les surveilliez ? Pas question !  » Ces risques existent déjà avec ou sans IA est un premier constat tant les rapports humains actuels entre sinistrés intellectuels précoces devient une réelle menace d’insécurité. Du reste l’intelligence n’a d’artificiel que le nom ! En effet, mettre en oeuvre des algorithmes de plus en plus sophistiqués à la mesure de l’ultra puissance des calculateurs demande avant tout des mathématiciens , des informaticiens, des électroniciens, etc. etc. de génie, donc des êtres humains bien vivants. La planète en produit de nombreux et en produira de nouveaux jusqu’à la fin des temps. Le risque du manque de ressources humaines dans ces domaines pour certains pays ,le manque d’investissements lourds pour produire des systèmes du futur immédiat, le cloisonnement des recherches pour se maintenir au top niveau intellectuel nous fait en effet courir le risque de ne pas comprendre ce qui nous arrive.
    Mais ce qu’il convient de redouter prioritairement au delà même de la déshumanisation de nos sociétés que certains ressentent déjà faute de ne pas en comprendre les mécanismes politiques, économiques, sociaux ,culturels et éducatifs, c’est avant tout la perte pour tout un chacun du pouvoir de voir, de penser , de réfléchir et de décider avec discernement dans un environnement devenu hostile par un progrès fulgurant des savoirs, savoir faire. La machine à fabriquer des » écervelés  » est assurément une machine infernale ,bien plus redoutable que l’IA, pour toutes celles et ceux qui penseraient que l’intelligence humaine a été rangée au fond des armoires de nos grands mères et qu’il n’y a plus sur terre que des « fleurs » artificielles à cueillir les yeux fermés !

  4. Plus rien n’est au service de l’humain en ce bas monde pas plus en France qu’ailleurs. La mondialisation nous a écrasée comme elle a écrasée nos industries, nous retirant de fait la liberté, toute simple d’avoir le choix d’acheter des choses qui répondent à nos critères, essayez d’acheter par exemple des chaussures qui ne contienne pas de plastique à vos enfants, des vêtements sain sans produits chimiques, une nourriture saine issue de nos terroirs, des biens d’équipement produits dans l’hexagone… Mais tout aussi grave, dans le même temps la liberté d’expression, de penser, d’avoir une opinion différente de la doxa ambiante devient peu à peu illégale ( IVG, immigration, Europe…) et est en passe de devenir répréhensible. Maintenant le monde va être régit par des intelligences artificielles qui manipulent déjà les opinions ( GAFA ) plus puissant que n’importe quel parti politique, les grands groupes agronomiques, industriels ou pharmaceutique mondiaux, devenus plus riches que certains pays sont en passe de dicter leurs lois aux états dans le seul but de leur profit, se foutant bien du consommateur final que nous sommes, réduit depuis longtemps à l’état du mouton lobotomisé juste bon à travailler pour les enrichir, consommer pour les enrichir, et voter pour donner l’illusion et tout ça en silence s’il vous plait. Plus le temps passe et moins je me retrouve dans cet environnement, ou rien ne correspond à mes attentes et dans lequel je ne vois aucun avenir. Je me dis souvent que je vais finir par quitter cette société de merde pour aller vivre tranquillement loin de tout et de tous, sur un petit lopin de terre en totale autarcie sans internet, ni portable bien sur, sans courant ni eau qui ne m’appartienne en propre . Ne plus dépendre de personne d’autre que moi même, le rêve ! Cette société est devenu un théâtre, une bouffonnerie, ou tout est faux, creux, sans âme, sans repère, sans source, sans racine. Ce monde va s’écrouler tôt ou tard, d’une manière ou d’une autre, que ce soit par la banqueroute ou par la guerre ou l’hyper-pollution et ce sont nos enfants qui en paieront le prix. Bravo à tout les responsables ( mais non coupable bien sûr ! )

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