Syrie : Lafarge mis en examen notamment pour « complicité de crimes contre l’humanité »

AFP/Archives / Delil souleimanL'usine Lafarge de Jalabiya, en Syrie, en février 2018

Le cimentier Lafarge, accusé d’avoir financé des groupes jihadistes dont l’organisation État islamique pour maintenir son activité en Syrie, est ce jeudi 28 juin chez les juges d’instruction pour une audition cruciale qui pourrait déboucher sur sa mise en examen, a-t-on appris de source proche du dossier.

Après deux ans d’une enquête hors norme, les magistrats envisagent de lourdes mises en examen du cimentier lui-même pour « complicité de crimes contre l’humanité », « financement d’une entreprise terroriste » et « mise en danger délibérée de la vie » de salariés, selon plusieurs sources proches du dossier. L’audition se déroule en présence des avocats et d’un représentant légal.

Après avoir déjà mis en examen huit cadres et dirigeants dont Bruno Lafont, PDG de Lafarge de 2007 à 2015, pour financement d’une entreprise terroriste et/ou mise en danger de la vie d’autrui, les juges entendent Lafarge SA, la holding actionnaire à 98% de la filiale syrienne Lafarge Cement Syria mise en cause.

Initialement programmée le 5 juin, cette audition avait été reportée in extremis à la demande de Lafarge SA, la holding ne pouvant y envoyer son ancien PDG Saad Sebbar, nommé en 2017, qui avait démissionné peu après avoir reçu la convocation.

Le groupe français, qui a fusionné en 2015 avec le suisse Holcim, est soupçonné d’avoir versé au total près de 13 millions d’euros entre 2011 et 2015 pour maintenir son usine de Jalabiya, dans le nord de la Syrie, alors que le pays s’enfonçait dans la guerre.

Ces sommes, qui ont bénéficié en partie à des groupes armés dont l’organisation jihadiste Etat islamique (EI), correspondaient notamment au versement d’une « taxe » pour la libre circulation des salariés et des marchandises et à des achats de matières premières – dont du pétrole – à des fournisseurs proches de l’EI, d’après l’enquête.

« Lafarge a sacrifié ses salariés et pactisé avec des entités terroristes en toute connaissance de cause: elle doit répondre judiciairement de cette complicité de crimes contre l’humanité », a déclaré à l’AFP Marie Dosé, avocate de l’ONG Sherpa, partie civile, l’une des premières à avoir déposé plainte contre le cimentier en septembre 2016.

L’ONG avait écrit aux juges le 11 mai pour leur demander de monter d’un cran dans les responsabilités en retenant le chef d’accusation de « complicité de crimes contre l’humanité ». Une telle décision, « inéluctable » selon Sherpa, constituerait une première mondiale pour une entreprise.

Avec AFP

 

7 commentaires sur Syrie : Lafarge mis en examen notamment pour « complicité de crimes contre l’humanité »

  1. @Alain Kerhervé
    Désolé mais je persiste et signe sur mon qualificatif sur JL Debré qui, en compagnie de Chirac et les siens, a contribué largement à la liquidation du gaullisme.
    NDA y a encore contribué l’an dernier. Décidément le gaullisme est vraiment résiduel et donc plus on est faible plus il faut être ferme sur les principes.

  2. Il est curieux de voir que LAFARGE va se voir condamné pour complicité de crime contre l’humanité quand Daesch et ses terroristes ne sont pas plus inquiété que ça, quand Hollande qui a toujours été nul en géopolitique soutenait les « rebelles » et enfonçait Assad…. ce qui a permis à Daesch d’étendre son emprise et ses méfaits… Hollande aussi est alors complice et il n’est pas le seul . sera t il condamné ?

  3. Les grands groupes industriels ne peuvent agir en territoire étranger sans un minimum de « connivence » confidentielle avec les services de l’Etat : Présidence de la République,Ministère des affaires étrangères, Services spéciaux et/ou autres Ministères. Le problème c’est que les grands groupes perdurent (enfin la plupart du temps) mais que les politiques s’évanouissent dans la nature au gré de leur fortune électorale : La justice n’en a alors que plus de mal à attraper « les voyous » :

  4. Exact
    Le siège social est parti en suisse
    Un de plus!

  5. Je ne partage pas votre commentaire sur JL. Debré.

  6. Il faut savoir que Lafarge n’est plus un groupe français en raison de sa fusion avec le suisse Holcim au terme d’une union prétendue entre égaux comme le prétend ce crétin et traitre de ministre Bruno Le Maire auquel le pseudo-gaulliste Jean-Louis Debré a cédé sa circonscription électorale dans l’Eure.

  7. Et Erdogan c’est pour quand?

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*