Que cherche M. le président ?

Par Maxime Tandonnet

Mon propos de ce jour est dans le cadre de mon activité d’universitaire (culture générale en master 1 à l’UPEC) et les suites d’une réflexion sur la présidence de la République engagée avec l’ouvrage ci-joint. Il est d’une parfaite correction et d’un irréprochable respect envers le chef de l’État élu des Français.

Que cherche M. le président ? Hier, est survenu un événement sans précédent je crois. Une vidéo le montrant en pleine réunion des ministres, au salon vert de l’Élysée, parlant à ses ministres, a été largement diffusée. Elle émanait de son service de communication, semble-t-il, donc ce n’était pas un enregistrement volé. C’est là que la président Macron a déclaré : que les minima sociaux « coûtent un pognon fou ».

Cet incident m’a intrigué. Le salon vert, dans le système actuel, est le lieu sacro-saint du pouvoir, une salle de réunion adossée au salon doré, le bureau du président, le lieu où le chef de l’État et son gouvernement se réunissent pour arrêter les décisions de politique nationale et internationale.

Quand je travaillais avec Sarko, à l’Élysée, les photographes prenaient quelques clichés, puis se retiraient du salon vert avant le début de la réunion. Qui dit pouvoir, dit secret. Si les délibérations gouvernementales précédant une décision s’effectuent dans la transparence absolue, elles perdent leur sacralité et leur autorité.  Le public n’en retiendra que les arguments défavorables et les divisions que leur adoption a suscité.

La divulgation volontaire de travaux du salon vert a un caractère symbolique fort, elle marque une révolution dans la conception du pouvoir politique. La question n’est plus de gouverner, d’agir sur le monde réel et le quotidien des Français. Elle est de sublimer un personnage, de vendre au public un spectacle, une mise en scène. « Un pognon fou ». La phrase provoque un émoi, favorable à droite, défavorable à gauche.

Mais la pauvreté, le chômage, l’exclusion, s’aggravent tous les jours et ces propos n’y changeront rien. La parole polémique est là pour couvrir le néant, l’impuissance, le renoncement. Une partie de l’opinion de droite est contente et approuve. Ceux-là disent que le président « accomplit les réformes qui n’ont jamais été faites auparavant ». Mais ils sont absolument incapables de citer une seule réforme importante susceptible d’avoir eu le moindre impact réel, concret, efficace, sur la vie économique et sociale de la nation et des résultats. La dernière réforme authentique et courageuse dans ce pays, fut la retraite à 62 ans, en 2010. Depuis, il n’y a jamais eu de réforme autre que de renoncement nuisible ou d’esbroufe.

Nous voyons la stratégie du pouvoir élyséen actuel : rompre les amarres à gauche, d’où il vient, pour gagner les cœurs à droite. La transmutation est en cours, l’impopularité à gauche bat tous les records. Elle est définitive : on brûle les vaisseaux et d’ailleurs, on ne revient jamais en arrière en termes d’image.

À droite, la popularité est fragile : elle repose sur une sensation, des petites phrases, une impression. Elle n’a rien à voir avec une politique, au sens noble du terme, action pour le bien commun de la cité, tournée vers des résultats.  La fuite en avant va se poursuivre voire s’accélérer. Un jour, à la faveur de tel ou tel incident, l’illusion va se lever, la bulle se crever et l’effondrement d’un système sera vertigineux. Logiquement, en 2020, cette cassure pourrait se traduire par la dissolution de l’Assemblée nationale, dont la majorité est largement composée de socialistes retapés, d’un coup de pinceau hâtif, en opportunistes, au sens électoral et historique du mot.

Seule une révolution des mentalités, de l’intelligence collective, de la lucidité d’un peuple peut sortir la France de l’impasse. Il faudrait que les Français ouvrent les yeux. Le système est stupide, archaïque, monstrueux de bêtise. Il repose sur la sublimation d’une idole médiatique pour masquer tout le reste : l’effondrement de l’Europe et la désintégration de la France, l’impuissance publique qui atteint un niveau historique.

Mélenchon, Hamon, Macron, le Pen, ou autres, sont exactement de la même catégorie : celle des néons destinés à aveugler la nation. Plus personne ne gouverne rien, ne dirige rien. Tout n’est que paraître, frime, gesticulation. Le salut ne peut venir que des entrailles de la nation, de la résurrection de son intelligence collective, aujourd’hui anéantie.

Sortir du despotisme narcissique et impuissant pour replacer le bien commun, l’intérêt général, la res publica, la chose publique, l’action au service de la nation, au premier plan de politique. C’est une révolution de l’intelligence collective qui est nécessaire. Elle commence par la base. Bien sûr il faut des leaders, non pour pavoiser, mais pour animer et coordonner cette révolution des mentalités. Rien n’est possible sans le retour à la lucidité de la nation. C’est là que tout se joue.

Maxime TANDONNET

 

3 commentaires sur Que cherche M. le président ?

  1. Les Français ont élu un président à contretemps de la conjoncture européenne et mondiale : la fin du cycle européen et d’une mondialisation néolibérales. Comme ils ont élu François Mitterrand en 1981 à contretemps de la conjoncture mondiale.

  2. Ricard André // 15 juin 2018 à 10 h 42 min //

    Enfin une analyse lucide

  3. « Mélenchon, Hamon, Macron, le Pen, ou autres, sont exactement de la même catégorie : celle des néons destinés à aveugler la nation. Plus personne ne gouverne rien, ne dirige rien. Tout n’est que paraître, frime, gesticulation. Le salut ne peut venir que des entrailles de la nation, de la résurrection de son intelligence collective, aujourd’hui anéantie. » 100% d’accord à un bémol près : « le chérubin du palais » et se sbires gouvernent la France en marche de travers et ils dirigent tout !!!! Tant que le bon peuple de France se fera massivement porté pâle lors des scrutins électoraux ,les minorités ultra agissantes s’en donneront à cœur joie et le moment venu des désillusions un grand nombre de nos concitoyens se permettra même de suggérer qu’il ne l’avait pourtant pas voulu !Quant à trouver actuellement des leaders , autant chercher une aiguille dans un tas de foin où faire comme Sœur Anne ….voir venir !!!!

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