Lettre ouverte à Emmanuel Macron

Une cérémonie tout en dignité

Mercredi dernier, 28 mars, dans la cour de l’hôtel des Invalides, sous un ciel dont la couleur, hélas, était assortie aux sentiments de tous, vous avez eu l’attitude, Monsieur le président de la République, vous avez trouvé les gestes, vous avez prononcé les mots qui convenaient à la circonstance tragique qui unissait autour de vous, derrière vous, dans la même tristesse, dans la même douleur, dans le même deuil, dans le même hommage à un soldat mort en héros, un peuple tout entier. Ce matin-là, il n’y a pas eu la plus légère dissonance, il n’y a pas eu la moindre fausse note dans le rare concert de l’unité nationale, de l’unité française.

La cérémonie avait à peine pris fin que le génie, si français lui aussi, de la querelle, de la division, de la politique politicienne, reprenait son envol au-dessus des cendres encore tièdes du colonel Arnaud Beltrame, de l’homme qui, allant plus loin que ne l’exigeait son devoir, pour sauver une autre vie avait sacrifié la sienne et donné un exemple que l’on eût cru venu d’autres temps, emprunté à Plutarque ou tiré du De viris illustribus.

Nous ne joindrons pas notre voix au chœur des charognards. Comment qualifier autrement ceux qui s’indignent publiquement et se réjouissent secrètement de drames dont ils n’hésitent pas à chercher une exploitation partisane, démagogique et pour tout dire électoraliste ? Comment peut-on croire ou feindre de croire que vous-même et votre gouvernement ne font pas de leur mieux pour contenir et maîtriser le déferlement de la terreur islamiste ? En douter est injurieux et calomniateur. C’est vous faire un mauvais procès d’intention, que rien n’autorise à justifier.

Et pourtant…Vous étiez dans votre rôle, l’autre jour, et vous l’avez remarquablement interprété, comme vous avez déjà eu l’occasion de le faire, devant vos prédécesseurs, devant la famille du mort, devant les caméras de la télévision, sous les yeux de quelques milliers de spectateurs et quelques millions de téléspectateurs. Vous avez, comme on pouvait s’y attendre, stigmatisé l’assassin, vous avez affiché, face au flot montant de la barbarie, votre fermeté et votre détermination. Vous avez, si j’ose dire, fait ce que dans d’autres domaines on appelle le minimum syndical. Mais rien de ce que vous avez dit, Monsieur le président, et rien, surtout, dans les jours qui ont suivi, ne garantit que vous avez pris l’exacte mesure du problème que la haine pose à la France et des solutions d’exception que nous imposera tôt ou tard une situation d’exception. Tout au contraire nous donne à redouter que d’ici à quelques jours, à quelques semaines, au mieux à quelques mois, dans les mêmes lieux, dans le même costume, avec la même sincérité, vous soyez amené à tenir le même discours à la suite d’un attentat du même type et de la même origine que celui qu’a perpétré à Trèbes un tueur au front bas dont nous voudrions déjà avoir oublié le nom pour ne retenir et honorer que ceux de ses victimes. Ne trouvez-vous pas assez lourd, Monsieur le président, le tribut que nous avons déjà payé à un fanatisme venu d’un autre âge et d’autres rivages ? Ne croyez-vous pas encore qu’il est temps de passer des paroles, si belles qu’elles soient, aux actes, si douloureux qu’ils puissent être ? Combien de morts faudra-t-il encore enterrer avant de prendre les décisions qu’imposent l’idéologie et l’épidémie de la terreur ?

Il y avait, au moment où vous prononciez l’oraison funèbre du colonel Beltrame, il y a sur notre sol, au moment où ces lignes sont écrites, un nombre considérable d’assassins en puissance qui ne respectent ni les lois de la République ni celles de la guerre mais les prescriptions inhumaines qu’ils prétendent leur être dictées par un prédicateur bédouin il y a quinze cents ans et qui nous ramèneraient quinze cents ans en arrière. C’est entre dix mille et quinze mille combattants, entre dix mille et quinze mille agents « dormants » dument fichés, à en croire les données collectées par les services de renseignement qui ne peuvent que le constater et les noms communiqués aux services de police qui ne peuvent les suivre, que se situent les effectifs de cette armée du crime jugés susceptibles de passer à l’action à tout moment.

Est-il possible de désamorcer et de neutraliser ces bombes que l’on hésite à appeler humaines ? Non, si l’on respecte les principes et les codes du temps de paix, qui interdisent évidemment toute incarcération préventive. Est-il souhaitable de le faire ? Oui, si l’on considère que nous sommes en guerre et que nous avons affaire à des belligérants. Oui, si l’on veut que ne s’allonge pas encore la liste macabre des innocents massacrés par ces bourreaux sans uniforme, sans loi mais avec foi.

La République, en d’autres circonstances, entre 1914 et 1918, entre 1939 et 1940, a-t-elle hésité à interner, pour le temps de durée des hostilités, les ressortissants des pays étrangers en guerre contre la France ainsi que leurs complices français, au risque de commettre des erreurs, mais au nom du salut de la patrie en danger ? Serait-ce trop demander, Monsieur le président, à vous qui vous êtes dit à plusieurs reprises admirateur de Georges Clemenceau, que de vous montrer aussi énergique qu’Aristide Briand ou Edouard Daladier ? Ne pourriez-vous utiliser pleinement les prérogatives que vous assurent vos fonctions, alors que les événements apportent le plus cinglant et le plus sanglant des démentis à ceux qui prétendent que le dispositif actuel est adapté à la situation présente ?

L’ambition n’attend pas le nombre des années. Vous avez ardemment désiré d’être le premier en France, et sans doute bien longtemps avant de vous dévoiler. Vous l’êtes, au moins pour les quatre ans qui viennent. Assumez-en les conséquences. Vous n’êtes comptable ni des faiblesses ni des fautes ni du bilan de ceux qui vous ont précédé. Vous portez désormais, en revanche, le poids et la responsabilité des morts devant lesquels vous viendrez vous incliner, aux Invalides ou ailleurs, en vertu des pouvoirs que le peuple vous a conférés.

Dominique Jamet (UNC)

6 commentaires sur Lettre ouverte à Emmanuel Macron

  1. z
    « Mais rien de ce que vous avez dit, Monsieur le président, et rien, surtout, dans les jours qui ont suivi, ne garantit que vous avez pris l’exacte mesure du problème que la haine pose à la France  » Une bien belle démonstration que le « en même-temps » n’est pas le « et après » !

  2. Merci M Jamet tout est dit, et on se demande ce qu’attend ce président pour agir quand on sait sondages à l’appui sur plus de 80% des Français souhaitent l’expulsion ou la mise à l’écart des fichés S étrangers. Qu’est ce qui peut bien le retenir, la peur d’avoir l’air d’être de droite, quand Valls ne s’en embrasse plus au moins sur le plan sécuritaire , le cran devant ses amis du Maghreb ?, ou bien le courage d’un homme d’État capable de prendre des décisions autrement plus difficiles que celles d’un golden boy qu’il est sur les marchés financiers. C’est toute la différence entre son monde hors sol, et la dure réalité du terrain, le virtuel et le réel.

  3. Latini Jacques // 1 avril 2018 à 10 h 15 min //

    Monsieur, vous finissez par  » le peuple vous a confié » mais de quel peuple parlez vous ,car nous savons que cette élection a été truquée et que le pourcentage ne représente pas grand chose au regard de l’ensemble du peuple français!
    Macron est complice de ce qui se passe il ne faut pas en douter une seconde et les Français ne sont pas dupes de sa politique au travers de ses dires,ce qu’il nous faudrait c’est un Charles Pasqua pour nettoyer la France de sa racaille ! Et ne venez surtout pas dire qu’ils ne sont pas tous comme ça car c’est faux.

  4. Félicitations! je partage à 100 % votre lettre au Président de la république, néanmoins les français doivent se réveiller et tourner le dos à la dictature du libéralisme qui représente une crise beaucoup plus grave avec la perte de toute transcendance, les monstruosités de l’avortement industriel, le divorce à la carte , l’immoralité qui arrive avec l’euthanasie et le commerce des bébés, la vague verte de l’islam fondamentaliste vient nous rappeler notre grand péché d’impiété qui fait table rase du passé ! Notre avenir n’est possible que dans l’enracinement et le retour aux valeurs judéo-chrétiennes qui constituent notre existence. Rappelons nous les paroles de notre Pape bienaimé Saint Jean-Paul 2  » France fille ainée de l’Eglise, est tu restée fidèle aux promesses de ton baptême ? C’était en 1981 à Paris , une prophétie dont nous nous devons nous souvenir….

  5. Les articles cités sont ceux du Code pénal.

  6. Macron n’est que le continuateur de politiques néolibérales trentenaires sous alibi européen. Il n’est que le fondé de pouvoir des autorités européennes et du capitalisme financier dont certains français ont largement financé sa campagne électorale.
    Un beau discours d’hommage au sacrifice du colonel Beltrame ne fait pas pour autant d’un super premier ministre un Président de la République Française. En effet et outre cela pèse sur lui de façon irréversible le soupçon de trahison ou plus exactement celui d’atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation selon ‘article 411-1 à 411-11 pour avoir vendu à l’américain General Electric une entreprise de valeur stratégique et économique, industrielle Alstom notamment son secteur électronucléaire dont la fabrication des turbines Arabelle sous l’effet d’un chantage politico-judiciaire des autorités étatsuniennes auquel les dirigeants d’Alstom vils et corrompus n’ont su résister. Je vous invite à lire le livre de Jean-Michel Quatrepoint « Alsrom, un scandale d’Etat » paru chez Fayard.

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