Et si nous choisissions un projet gaullien de société ?

Le gaullisme, avenir de la Nation française.

« Il y a peu de moments dans l’existence d’un peuple où il puisse autrement qu’en rêve, se dire : quelle est la société dans laquelle je veux vivre ? », affirmait le Premier ministre Jacques Chaban-Delmas dans son fameux discours de politique générale du 16 septembre 1969.

« Quelle est la société dans laquelle je veux vivre ? ». Drôle de question, dont la réponse devrait être évidente. Et pourtant, à l’heure de la crise économique et identitaire latente, de l’atomisation de notre société et de l’individualisme triomphant, à l’heure des rivalités ravivées entre classes sociales sur fond de vives inquiétudes quant à la possibilité de voir notre nation se déliter face aux communautarismes et à l’islamisme rampant, la question de Jacques Chaban-Delmas semble plus que jamais d’actualité, en phase avec notre temps troublé.

Imaginons un carrefour nous obligeant à choisir un chemin parmi plusieurs, menant chacun à un endroit différent, potentiellement dangereux. C’est le cas de notre époque : nous vivons un temps de transformation technologique et sociétale amenant la société française à douter, tiraillée entre plusieurs chemins très différents. Où allons-nous ? Quel modèle de société choisir ? L’attentat de Trèbes a tristement fait ressurgir le spectre de l’islam radical qui continue de gangrener des pans entiers de notre société. La digitalisation et la robotisation se préparent à révolutionner nos modes de production. La surconsommation alimente les craintes sur l’avenir de l’environnement. Les évolutions biotechnologiques constituent des sujets de crispation d’autant plus forts qu’ils font intervenir les notions d’éthique et de dignité humaine. Quant au modèle de l’État-nation français, il se trouve contesté dans son principe même et ses moyens, à l’heure de la construction européenne.

Un contexte, où tout n’est certes pas noir – loin s’en faut ! -, qui nous force toutefois à réfléchir au type de société que nous souhaitons et à décider dans quelle direction orienter le paquebot France – que d’aucuns compareraient sans doute trop facilement au Titanic… On reproche aux politiciens de naviguer à courte vue, davantage préoccupés par leur (ré)élection que par la volonté de proposer et d’appliquer un réel projet de société ayant l’adhésion du plus grand nombre. Pourtant, sur la scène politique actuelle semblent se dessiner trois grands projets sociétaux, tous critiquables, mais ayant chacun le mérite de la cohérence.

Trois projets de société insatisfaisants pour notre avenir. 

Le premier est celui que souhaite, du moins dans ses discours, instaurer le Président de la République, Emmanuel Macron. C’est celui que nombre de commentateurs se plaisent à baptiser « Start-up Nation ». Un joli sobriquet, qui résume néanmoins assez bien la vision d’une France « made in En Marche » : une France totalement ouverte à la mondialisation, multiculturelle, urbaine, fondée sur la promotion illimitée de ce qui est nommé le progrès, fondue dans une Europe des régions et privilégiant le modèle de la Start-up innovante à celui de l’industrie – laissée aux pays émergents.

Le second est celui des Insoumis et de leur chef tribun, Jean-Luc Mélenchon. C’est le projet qu’une partie de l’électorat voit comme la résurgence d’un communisme « bon style ». La société que nous propose Monsieur Mélenchon ressemble en effet fortement à du Chavez dans le texte – et dans les actes si elle venait à se concrétiser un jour… – : c’est un modèle de redistribution massive, fondé sur le rejet du riche et du « patron », bâti autour d’un État fonctionnarisé hostile à l’Europe de Bruxelles mais protégeant des services publics forts, se voulant au service du peuple et de la nature, dans un cadre institutionnel inspiré de la démocratie directe de Rousseau.

Le troisième véritable projet de société porté politiquement par l’un des grands partis est celui, tant pointé du doigt et vilipendé, du Front National et de Marine Le Pen : « repli sur soi » condamné comme tel par une partie des commentateurs, « sauvetage national » selon ses partisans, le modèle que nous propose – et que n’a pas su défendre très adroitement lors d’un débat pas si lointain…- la Présidente du Front National est celui d’une France qui retrouverait toute sa souveraineté vis-à-vis d’une Europe jugée bureaucratique et corrompue, une France conçue comme une communauté que l’immigration et l’islam menaceraient, une France rurale et protectionniste, combattant la mondialisation au lieu d’essayer de s’y insérer.

Chacun de ces trois projets de société mène ou mènerait notre pays dans une mauvaise direction. Le déracinement culturel, la haine du riche ou de l’étranger, ou encore le refus de toute modernisation de nos structures socio-économiques sont des fausses solutions, car, malgré leur caractère séduisant, elles proposent une société qui serait incapable de répondre aux défis collectifs qui nous attendent. Parallèlement, le modèle de société bâti sur la charia, porté par l’islam radical, trouve de plus en plus d’adeptes dans les prisons et chez des jeunes désillusionnés, auxquels le seul avenir qui leur est offert est d’être de simples consommateurs…

Offrons un nouveau (vrai) cap à la société ! 

Le voilà, l’objectif politique primordial de notre temps : réussir à offrir un projet de société à la fois cohérent, visionnaire, ambitieux et à la hauteur des enjeux. Face aux pièges des extrémismes, face à l’impasse macroniste, face aux idéologies mortifères qui renaissent, la droite doit abandonner ses discours d’experts-comptables et revenir au projet gaullien de transformation de la société.

Dans son discours du 16 septembre 1969, Jacques Chaban-Delmas proposait la Nouvelle Société, « fondée sur la générosité et la liberté ». Après l’œuvre immense accomplie par le Général, il s’agissait de répondre aux défis industriels, sociétaux, internationaux et économiques de l’aube des années 1970, en réformant la société française : diminution du poids de l’État dans l’économie, modernisation des structures sociales, association du capital et du travail, et défense d’une France industrialisée, forte à l’international et moteur de l’Europe.

Les principes réformateurs et sociaux de cette Nouvelle Société demeurent un rêve qu’il ne tient qu’à nous de porter à nouveau en les adaptant à la situation actuelle. En tant que jeunes gaullistes sociaux, nous, militants de l’Union des Jeunes pour le Progrès (UJP), nous battons pour une société renouvelée en profondeur.

La Nouvelle Société : battons-nous pour que nos rêves deviennent réalité. 

Nous voulons une société du bien commun, affranchie de la corruption, libérée de la trahison de ses élites, débarrassée de l’islamisme et de toutes les idéologies néfastes qui tentent de l’affaiblir.

Nous voulons une société de troisième voie économique, fondée sur l’association du capital et du travail, qui dépasserait définitivement la lutte des classes et qui ferait de la France une nation prospère, une puissance industrielle suivie et écoutée en Europe, à la pointe de l’innovation.

Nous voulons une société unie, à l’abri de tous communautarismes religieux ou ethniques, où l’appartenance nationale ne se décréterait pas sur la base des origines ou de la religion, mais se confondrait avec la volonté de suivre un même destin et d’aimer une même civilisation.

Nous voulons une société donnant sa chance à tous, bâtie sur le mérite, où la contribution de chaque membre à la bonne marche de la collectivité serait récompensée à sa juste valeur.

Nous voulons une société pacifiée qui refuse les dérives sociétales, économiques ou politiques, qui garantisse à chacun les libertés publiques et un ordre sécuritaire juste.

Nous voulons une société fondée sur la justice, sur la dignité humaine, sur la liberté et la responsabilité, qui ne laisse personne sur le bord du chemin et permette à chacun de se réaliser.

Nous voulons une société qui concrétise l’espoir de retrouver notre grandeur, l’espoir de faire de nouveau briller notre civilisation, l’espoir d’offrir à nos enfants une vie meilleure que celle que nous pourrions connaitre.

L’espoir que nous puissions nous lever un jour en sachant que, désormais, nos rêves peuvent devenir réalité.

Romain Naudin,
secrétaire-général adjoint,
porte-parole de l’UJP


La nouvelle société de Jacques Chaban-Delmas

Extraits… Extraits… Extraits… Extraits… Extraits… Extraits… Extraits… 

Soucieux de maintenir et de renforcer les libertés publiques, le gouvernement a également la volonté de promouvoir la participation en réponse au malaise des sociétés contemporaines. Mais la participation ne se décrète pas, ne s’octroie pas ; elle s’élabore progressivement avec la contribution de tous les intéressés et puis elle se vit dans le respect mutuel des partenaires.

C’est à cette tâche immense que le gouvernement convie tous les Français. D’autres pas en avant peuvent être faits : en multipliant les expériences, en s’attachant à en tirer les enseignements, les patrons et les salariés forgeront eux-mêmes la réforme progressive de l’entreprise et la transformation des rapports humains dont dépend largement notre efficacité économique. Car une société industrielle ne peut prospérer que si les travailleurs comprennent le sens de leur tâche et sont pleinement associés à l’élaboration des décisions qui les concernent.

Ces diverses évolutions sont cependant conditionnées par le climat général des relations sociales en France : d’une part les relations entre organisations patronales et les syndicats de salariés, d’autre part les relations entre l’État et l’ensemble des organisations professionnelles syndicales et sociales. Là aussi, une orientation positive a été amorcée par les récents accords entre le patronat et les syndicats. Il faut aller plus loin et renouveler profondément le cadre, les règles et les modalités de la concertation.

La nouvelle société que nous devons construire doit être aussi, faut-il le dire, une société solidaire ; solidaire, certes, à l’égard des faibles et des malchanceux, et à cet égard figurent au premier rang de nos préoccupations les mal-logés, les personnes âgées, les handicapés et les veuves. Mais je n’aurais garde d’oublier ces travailleurs étrangers qui assument dans notre économie les travaux les plus pénibles et dont les conditions d’accueil et de vie doivent être améliorées. Notre société doit être également solidaire à l’égard des catégories sociales et des individus qui sont particulièrement touchés par l’indispensable mutation de nos structures économiques.

Ce gouvernement veut être celui de la réconciliation et de l’action. Depuis des siècles, notre vieux pays a connu toutes les gloires et toutes les misères ; triomphes et défaites se sont succédés ; les régimes ont passé et des hommes dont l’amour pour la France ne pouvait être suspecté se sont déchirés au nom même de cet amour. Bien des blessures, des rancœurs et peut-être des haines subsistent encore. Assurer à l’homme sa dignité, lutter contre toutes les injustices, tel est le sens du grand combat que nous devons mener. Il s’agit là d’un grand effort qui ne peut se concrétiser, se réaliser que dans l’union de tous.


A lire aussi sur gaullisme.fr :


Tout sur la politique sociale de Charles de Gaulle

Une révolution en héritage

 

 

 

11 commentaires sur Et si nous choisissions un projet gaullien de société ?

  1. « Assurer à l’homme sa dignité, lutter contre toutes les injustices, tel est le sens du grand combat que nous devons mener. Il s’agit là d’un grand effort qui ne peut se concrétiser, se réaliser que dans l’union de tous. » La période des vœux est semble-t-il passée et il est à craindre qu’une large majorité du peuple de France ne soit passé une fois de plus à autre chose de plus personnel : ma santé,mes impôts, mes déductions fiscales, mes allocs, mes primes, ma « boite », mon chef , mes avantages en nature, mes réductions d’achats, mes vacances, mes loisirs, mon épargne, mes actions, ma voiture ,mon train, mon bus, ma téloche, mon animal de compagnie , ma maison, mon appart, mon loyer, ma résidence secondaire, mon-EX etc. etc. etc… .Attendons donc le prochain nouvel an….qui sait on pourra à nouveau rêver à un projet Gaullien de société ?!

  2. « L’oeuvre est plus importante que la référence » dites-vous ! mais les deux sont indissociables et on ne peux parler de gaullisme sans se référer à de Gaulle. Le titre de mon site est clair. Il y a deux parties : l’une historique, sur Charles de Gaulle, l’autre politique (mais pas politicienne !) autour des idées.

  3. Nous avons une divergence sur la forme, non sur le fond.
    L’héritage est magnifique et effectivement il faudrait le renouveler, et le mettre au goût du jour. Mais en se référant en permanence au Général de Gaulle vous ne regardez que le rétroviseur. Gommez les références, mais gardez le fond, vous verrez ainsi des personnes hostiles ou ignorantes du général, faire du gaullisme sans le savoir. L’oeuvre est plus importante que la référence

  4. Mais de Gaulle est la seule référence historique, politique, voire philosophique digne de porter des jeunes à aimer leur pays et à transformer la société. L’oeuvre inachevée du Général est un héritage qu’il nous faut, toutes générations confondues, assumer et poursuivre.

  5. Tout simplement parce que se réclamait d’un homme mort, dont la plupart des jeunes n’ont jamais entendu parler n’est pas le meilleur moyen de lancer un mouvement nouveau.

  6. Je me demande si tout ça ne restera pas dans le domaine de l’utopie. Aujourd’hui nous sommes autorisés à rêver mais uniquement dans le cadre européen, merci M. Monet qui a su berner de Gaulle et laisser entrer les USA en sous-marin dans la construction européenne, on voit avec quel résultat. Désolé mais déjà là ça ne me fait plus rêver, d’avoir des chefs d’état qui prennent leur ordres à Bruxelles,avec une marge d’initiative proche de zéro. Mon rêve de société serait de faire un gros reset sur l’Europe, pour commencer par reprendre notre destin en main et une fois remis sur pied dans le calme si c’est encore possible vu l’ambiance, proposer une nouvelle idée de l’Europe ou la souveraineté ne serait pas bafouée… On peut toujours rêver ! Mais je rappelle qu’il aura fallu une guerre à de Gaulle pour y parvenir…

  7. Flamant rose // 31 mars 2018 à 19 h 59 min //

    Raynaud a raison. C’est jacques Chaban Delmas lui même qui a écrit que la politique qu’il voulait mettre en place avec sa « nouvelle société » transcendait les notions de droite et de gauche en exprimant à la foi le souci de l’indépendance nationale et la volonté d’épouser le siècle.

    En cette période de conflits sociaux, il est bon de rappeler ce qu’a dit Chaban Delmas je le cite «  j’appelais les députés, et à travers eux le pays, à reconnaître la nécessité du changement sous peine de prendre un retard irrémédiable par rapport à nos voisins et d’être menacés dans notre existence en tant que nation ». Il ajoute » Après avoir si longtemps retardé les échéances, la France s’est trouvée obligé de les affronter toutes : relance démocratique, bouleversements technologiques, urbanisation, et, à présent, la compétition internationale jouant en plein ».

    Jacque Chaban Delmas a donné 2 définitions de sa nouvelle société. Je le cite à nouveau :

    La première est politique : c’est une société qui tend vers plus de justice et de liberté , proscrivant les systèmes qui, au nom de la justice, mutilent la liberté comme ceux qui, au nom de la liberté bafouent la justice.

    L’autre est sociologique : c’est une société ou chacun considère chacun comme un partenaire.

  8. Michel DEREYMOND // 31 mars 2018 à 16 h 39 min //

     » Puisque tout recommence toujours, ce que j’ai fait sera,tôt ou tard, source d’ardeurs nouvelles,après que j’aurai disparu. » Charles De Gaulle

  9. Mais pourquoi pas l’habiller de gaullisme, puisque ce qui est proposé est l’héritage du Général ?

  10. « Assurer à l’homme sa dignité, lutter contre toutes les injustices, tel est le sens du grand combat que nous devons mener. Il s’agit là d’un grand effort qui ne peut se concrétiser, se réaliser que dans l’union de tous. » La période des vœux est semble-t-il passée et il est à craindre qu’une large majorité du peuple de France ne soit passé une fois de plus à autre chose de plus personnel : ma santé,mes impôts, mes déductions fiscales, mes allocs, mes primes, ma « boite », mon chef , mes avantages en nature, mes réductions d’achats, mes vacances, mes loisirs, mon épargne, mes actions, ma voiture ,mon train, mon bus, ma téloche, mon animal de compagnie , ma maison, mon appart, mon loyer, ma résidence secondaire, mon-EX etc. etc. etc… .Attendons donc le prochain nouvel an….qui sait on pourra à nouveau rêver à un projet Gaullien de société ?!

  11. Les objectifs sont intéressants, généreux et remettent au goût du jour la notion de bien commun. Cependant pourquoi l’habiller de gaullisme, ou s’appuyer sur une structure politicienne ? Ne pensez-vous pas qu’il est temps de s’émanciper des partis, sans oublier ce qu’ils ont pu apporter, et s’organiser en citoyens ?

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*